Tim Cook et Sir Jony Ive. (Photo: Alain McKenna)
Plusieurs observateurs de longue date sont sortis essoufflés de l’allocution d’ouverture de la Worldwide Developers Conference que le PDG d’Apple, Tim Cook, a pilotée avec énergie et dynamisme, ce matin à San Jose. L’événement-phare pour l’ensemble des produits de l’entreprise californienne était truffé de nombreuses petites nouveautés, de révisions ou de retouches visant à donner plus d’autonomie à chacune des plateformes logicielles et des services de la marque.
L’iPhone a donné naissance il y a 10 ans à l’économie des applications. Apple pèse sur l’accélérateur pour élargir le modèle à ses autres produits électroniques.
On a ainsi eu un aperçu d’une boutique d’applications exclusive à l’Apple Watch, qui sera moins dépendante de l’iPhone pour fonctionner. On a aussi vu l’iPad hériter de sa propre interface logicielle, appelée iPad OS, qui se distingue de celle du iPhone en étant plus près d’une interface d’ordinateur personnel, à bien des égards.
L’éclatement des plateformes
Apple a aussi dévoilé des outils de programmation accélérant la création d’applications mobiles qui peuvent aussi être déployées sur les Mac. Dans la foulée, on nous a aussi présenté un nouvel environnement de programmation simplifiée qui fera sans doute l’affaire des nouveaux venus dans l’écosystème d’Apple.
Tout ça semble faire l’affaire d’une majorité de ces créateurs d’applications à qui s’adresse cette conférence. Après tout, ça se comprend : on crée davantage de points d’entrée dans le portefeuille des propriétaires de produits Apple, qui sont plus nombreux à avoir le dernier appareil et la dernière version de ses logiciels que du côté d’Android, où la fragmentation est un casse-tête qui en rebute plusieurs.
Reste à voir avec quel sérieux et à quel rythme Apple compte fusionner macOS à ses plateformes mobiles. Craig Frederighi, grand gourou du logiciel pour Apple, n’a pas oublié de dire que 100 millions de personnes utilisent un Mac sur une base régulière. Voilà un autre groupe d’acheteurs potentiels pour les applications et les services vendus dans les divers App Store d’Apple, un modèle d’affaires lucratif pour les développeurs, mais aussi pour Apple, qui empoche jusqu’à 30% des montants transigés.
iTunes : de 2003 à 2019
Seize ans plus tard, iTunes, qui a longtemps été le fourre-tout par excellence du contenu multimédia pour Apple, disparaît. En fait, on le démonte, intégrant les outils de gestion des appareils mobiles au système des Mac, puis créant trois applications distinctes : Apple Music, Balados et Apple TV.
On ne sait pas vraiment comment ça va se traduire du côté de Windows, mais sans doute que la «marque» Apple Music y remplacera aussi iTunes.
Évidemment, Apple Music continuera d’accueillir les fichiers musicaux des consommateurs, mais elle fera la promotion plus directe des services musicaux en continu de Cupertino. La direction de Spotify ne sera pas contente, elle qui se plaint déjà de devoir donner une partie de ses revenus d’abonnement à Apple quand ses clients s’inscrivent via les produits griffés de la pomme…
Même chose pour Apple TV, qui regroupera le contenu vidéo des utilisateurs séparément, tout en intégrant les «chaînes» de la version pour Apple TV et pour certaines télés connectées d’autres marques, en plus de s’avérer une vitrine de plus pour Apple TV+, le forfait par abonnement attendu à l’automne.
Apple vire-capot avec son Mac Pro
On savait déjà que la génération actuelle du Mac Pro était un échec commercial, mais il a fallu plus d’un an pour voir son remplaçant dévoilé, chose faite ce matin. Moyennant au bas mot 5999$US, les informaticiens nécessitant une bête de somme ultramusclés pourront mettre la main sur le Mac de leurs rêves, avec nombreuses baies d’expansion (PCIe), et une mécanique pouvant être rehaussée de façon stratosphérique.
Un exemple : on peut équiper un Mac Pro d’un maximum de 1,5 téraoctet de mémoire vive, et d’une paire de cartes graphiques capables d’une capacité de traitement de l’information de 56 téraflops.
Cupertino a profité de l’occasion pour présenter un moniteur tout aussi puissant, appelé Pro Display XDR de résolution 6K, vendu 4999$US et conçu pour se marier à la perfection avec le Mac Pro.
Plus raisonnablement, Apple a aussi profité de la mise à niveau des logiciels de ses Mac (MacOS Catalina) et de ses iPad (iPad OS, tout simplement) pour débloquer un mode d’affichage d’appoint faisant de la tablette un second moniteur pour le Mac. Pas bête, vu l’existence de plusieurs applications et services tiers tentant de faire la même chose, avec succès, depuis quelques années…
Ces nouveautés matérielles ne visent pas directement un très grand public. Rares sont les gens qui vont se payer un Mac à 6000$ pour le plaisir. Mais pour des développeurs qui rêvent de jeux vidéo multiplateformes, d’édition vidéo en 4K accélérée, ou de créer des trames sonores spectaculaires, c’est le genre de produits qui garantit que tout se fera sans tracas.
Et ça tombait bien, plusieurs de ces acheteurs potentiels sont actuellement à San Jose, pour apprendre à mieux développer des applications compatibles avec les produits d’Apple. Des applications qui risquent fort de se décliner en plusieurs versions d’ici l’automne, au moment où Apple complétera son catalogue de produits en parlant du iPhone et de l’Apple Watch, entre autres, puis offrira au grand public tous les nouveaux services et logiciels présentés aujourd’hui en avant-première.
La stratégie de Tim Cook ne pourrait être plus limpide, et semble tomber à pic. Face à un marché de la consommation qui s’essouffle, et à une mondialisation qui s’effrite, proposer des services par abonnement à une clientèle déjà acquise est un pari gagné d’avance.
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