La FIQ demande à ses membres de refuser les heures supplémentaires
La Presse Canadienne|Publié le 30 août 2024La FIQ manifeste devant l'Hôpital Jean-Talon à Montréal, le 8 novembre 2023. (Photo: La Presse Canadienne)
Les dernières propositions gouvernementales à la FIQ ne sont que de la «poudre aux yeux», estime l’organisation syndicale. En conséquence, elle demande à ses membres de refuser de faire des heures supplémentaires à compter du 19 septembre.
La fédération syndicale, qui représente 80 000 infirmières, infirmières auxiliaires, inhalothérapeutes et perfusionnistes cliniques, répond ainsi à la nouvelle proposition du Conseil du trésor présentée jeudi.
Le recours à ce moyen de pression aurait des conséquences importantes sur le réseau de la santé, vu le rôle stratégique des infirmières.
La FIQ y avait eu recours en avril 2019, mais dans le cadre d’une vague de protestation contre le TSO, le «Temps supplémentaire obligatoire». Et les employeurs s’étaient alors adressés au Tribunal administratif du travail.
Le Tribunal avait jugé que ce moyen de pression concerté «risque de porter préjudice à un service auquel le public a droit». Il avait ordonné à la FIQ d’informer ses membres qu’elles devront «accepter sans condition toutes demandes de temps supplémentaire obligatoire (TSO) lors de situations urgentes et exceptionnelles, comme en temps normal».
Mais il avait tranché la poire en deux, en s’adressant aussi aux employeurs. Il avait pris acte du fait que les établissements de santé du Québec «ont pris tous les moyens et mesures nécessaires pour éviter de recourir au temps supplémentaire obligatoire» en cette journée d’avril 2019, lorsque la FIQ voulait ainsi protester contre le recours trop généralisé au TSO.
La mobilité en jeu
La mobilité exigée des infirmières est toujours au cœur du litige entre Québec et la Fédération interprofessionnelle de la santé.
Les dirigeants des établissements de santé veulent pouvoir déplacer les infirmières d’unité de soins, voire d’établissement, afin de répondre aux besoins là où ils se présentent.
Les infirmières y voient là une façon de renier leur expertise, de les traiter comme des pions interchangeables.
Selon la FIQ, dans sa proposition de jeudi, Québec exige encore davantage de flexibilité de la part de ses membres. Or, c’est pour cette raison que les membres avaient rejeté l’entente de principe qui était intervenue avec Québec, et ce, dans une proportion de 61%.
La présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a rejeté cette interprétation de sa nouvelle proposition.
«Il est faux de dire que le gouvernement veut augmenter les déplacements. Il est irresponsable de faire peur à la population, alors que notre objectif est de mieux la soigner avec une meilleure organisation du travail dans les hôpitaux. Et ce, toujours avec la formation adéquate et sur une base volontaire. On doit continuer de négocier pour en arriver à une entente. Notre priorité, c’est le patient», a commenté la ministre, vendredi.
Mais pour la FIQ, cette proposition présentée jeudi n’est que de la «poudre aux yeux» et du «remâchage». C’est pourquoi elle demande à ses membres de refuser de faire des heures supplémentaires à compter du 19 septembre prochain.
D’ailleurs, l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec — qui est un ordre professionnel, et non un syndicat — s’est inquiété des répercussions que peut avoir une trop grande mobilité exigée des infirmières.
Sur sa page Facebook, le président de l’Ordre, Luc Mathieu, a commenté: «il faut partir de la prémisse que les infirmières et infirmiers ne sont pas interchangeables». Il a expliqué qu’un tel déplacement pouvait être faisable dans certaines circonstances, comme celle d’une infirmière en CHSLD qui serait déplacée dans une unité de soins de longue durée, mais pas dans celle d’une infirmière en CHSLD qui serait déplacée aux soins intensifs.