François Legault donne un appui tacite à Erin O’Toole
La Presse Canadienne|Publié le 09 septembre 2021M. Legault rejette le Parti libéral de Justin Trudeau, le NPD de Jagmeet Singh et le Parti vert d’Annamie Paul, parce qu’ils refusent tous les trois d’accorder plus d’autonomie au Québec. (Photo: Getty Images)
Québec — Le premier ministre François Legault a donné un appui tacite, jeudi, au chef conservateur Erin O’Toole, le seul des chefs de partis fédéraux selon lui à se montrer ouvert aux revendications du Québec. Et il a pris clairement ses distances du chef libéral Justin Trudeau.
En mêlée de presse jeudi matin, en marge d’une réunion de son caucus précédant la rentrée parlementaire et au lendemain du débat télévisé des chefs en français, M. Legault a choisi son camp, rejetant le Parti libéral de Justin Trudeau, le NPD de Jagmeet Singh et le Parti vert d’Annamie Paul, parce qu’ils refusent tous les trois d’accorder plus d’autonomie au Québec s’ils forment le prochain gouvernement à Ottawa.
«Je trouve ça dangereux» d’appuyer ces trois partis, a-t-il tranché, ajoutant que les électeurs nationalistes devaient carrément se méfier d’eux.
Seul le Parti conservateur d’Erin O’Toole trouve grâce à ses yeux, et ce, malgré la perspective de perdre les 6 milliards $ par année promis par les libéraux dans le dossier des garderies et malgré le flou du programme conservateur entourant l’avenir des paiements de transferts fédéraux aux provinces en santé.
Devant les journalistes, M. Legault s’est présenté jeudi en leader politique nationaliste et autonomiste, soucieux de faire respecter les champs de compétence des provinces et ouvertement en quête de nouveaux pouvoirs à réclamer pour le Québec, notamment en immigration.
Chose certaine, à ses yeux, au lendemain du scrutin du 20 septembre, le pouvoir de négociation du Québec sera accru si c’est le Parti conservateur qui prend le contrôle du gouvernement canadien.
«Ce sera plus facile pour le Québec de négocier de nouveaux pouvoirs avec M. O’Toole que M. Trudeau», a estimé M. Legault.
Sauf M.O’Toole, les chefs des partis fédéraux sont à mettre dans le même sac, toujours prompts à «centraliser, à s’approprier des pouvoirs qui sont clairement des compétences des provinces», selon lui.
«Ils pensent qu’ils sont meilleurs que le Québec pour gérer le réseau de la santé», a-t-il fait valoir, dénonçant notamment la perspective de voir le prochain gouvernement fédéral imposer des normes pancanadiennes à l’hébergement et aux soins prodigués aux personnes âgées.
«La nation québécoise veut plus d’autonomie, pas moins d’autonomie», a-t-il conclu.
Une fois de plus, il s’est montré offusqué du refus affiché du premier ministre sortant, Justin Trudeau, de s’engager à ne pas entreprendre de contestation judiciaire de la loi 21 sur la laïcité de l’État, un constat «inquiétant».
À l’inverse, il a dit aimer du Parti conservateur son engagement à augmenter sans condition les transferts en santé, à transférer des pouvoirs en matière d’immigration, à ne pas contester la loi 21 et à assumer 40% de la facture, estimée à 10 milliards $, du futur tunnel Québec-Lévis.
Bref, «pour la nation québécoise, c’est une bonne approche, l’approche de M. O’Toole», selon le premier ministre Legault, qui ne lui donne quand même pas un chèque en blanc, souhaitant pour le Québec l’élection le 20 septembre d’un gouvernement minoritaire à Ottawa.