Françoise E. Lyon a multiplié les implications pour augmenter la représentation des femmes en finance.
FEMMES D’AFFAIRES. Si Françoise E. Lyon a découvert le domaine de la finance par accident, elle n’a cessé depuis de grimper les échelons au fil du temps. Aujourd’hui, elle est l’une des rares femmes au monde à la tête d’une firme de placement privé de capital de risque, DGC Capital.
Pas étonnant que Philippe de Gaspé Beaubien III lui ait confié la gestion de ce nouveau véhicule d’investissement. La présidente et associée directrice de la firme, autodidacte qui affiche une curiosité sans faille, a touché à toutes les facettes – ou presque – du domaine de la finance en une vingtaine d’années à peine. Il faut dire qu’elle a baigné dans un environnement très stimulant, avec des parents qui lui ont ouvert les portes du monde. « J’ai non seulement étudié en Angleterre et à Cuba, mais à l’âge de 21 ans, je devais avoir visité 35 pays et parlais trois langues », raconte cette diplômée de HEC.
Alors qu’elle débute en marketing dans une entreprise financière, Mme Lyon tombe amoureuse de ce domaine. « Très tôt dans ma carrière, j’ai pris la décision que je ne refuserais aucun défi me permettant d’apprendre et d’assouvir ma curiosité », explique-t-elle. Cette philosophie l’a portée à pousser toujours plus loin. « Peu de gens ont eu la chance de passer d’un créneau à l’autre, en matière de produits, mais également de type de firmes. » En effet, entre Merrill Lynch, la Banque Nationale ou Pembroke, firme boutique canadienne où elle dirigeait la division de gestion privée de patrimoine avec des actifs sous gestion de plus de 1 milliard de dollars, Françoise E. Lyon a ratissé du national à l’international.
Ainsi, quand M. de Gaspé Beaubien III lui a offert de travailler pour DGC Capital, elle était fin prête. Aujourd’hui, Mme Lyon travaille activement à recruter les familles en affaires du monde entier qui veulent investir dans des entreprises innovantes dans les secteurs des technologies de l’information, de la technologie et de la fabrication de pointe. « Nous voulons assembler un montant de 150 millions de dollars et ensuite, nous allons fermer la première tranche. » Un montant qui servira à propulser des entreprises en première phase de croissance, ajoute-t-elle. L’associée directrice aura aussi son rôle à joueur dans la sélection des entreprises qui bénéficieront de cet appui. « J’ai un coup de coeur pour ce projet, car il me permet d’avoir plus d’impact avec mes investissements, de travailler avec des intervenants étrangers et d’être à la tête de ce que nous sommes en train de bâtir », explique-t-elle.
« Je suis une survivante »
Quand on lui demande de se définir, Mme Lyon choisit le mot «survivante». D’abord, elle a réussi à s’accrocher malgré les hauts et les bas de l’industrie. «Au début de la quarantaine, j’étais passée à travers un scandale, deux réorganisations et deux acquisitions», s’exclame-t-elle. Sans compter que, plus elle a monté dans la haute finance, plus les femmes se raréfiaient. «J’ai vu beaucoup de femmes tomber au combat et quitter le domaine.»
Pour faire une différence, Mme Lyon a multiplié les implications pour augmenter la représentation des femmes en finance, mais aussi dans les autres sphères de la société. En plus de présider le conseil d’administration de l’Association des femmes en finance du Québec, qui compte aujourd’hui près de 700 membres, elle a également été la première Canadienne à présider le conseil de la Fondation du Forum international des femmes. Sans compter qu’elle a mis sur pied un cercle de femmes mécènes autour du Musée des beaux-arts de Montréal.
Aujourd’hui, elle avoue ne jamais refuser une demande d’aide ou de mentorat. « Dans le domaine de la finance, on parle parfois de 100M$ comme on parle de 1$ et ça devient un peu irréel. Mais faire du mentorat nous ramène à la réalité », estime-t-elle. Elle aimerait aussi éviter que les femmes décrochent pour les mauvaises raisons. Un défi à la mesure de sa persévérance.