«Les entrepreneurs aujourd’hui réfléchissent à l’impact et développent des modèles d’affaires innovants, mais les politiques de nos jours valorisent les anciens modèles d’affaires linéaires» - Nina Lantinga. (Photo: Courtoisie)
L’Alliance des jeunes entrepreneur.es du G20 (G20 YEA) est un rendez-vous annuel qui se déroule à la veille du Sommet des leaders. L’édition 2023 a permis de rassembler «des centaines des meilleurs jeunes entrepreneur.es à travers le monde afin d’établir et de faire avancer l’entrepreneuriat de la jeunesse comme moteur de croissance économique, d’innovation, et de changements sociaux», selon Futurpreneur Canada. L’organisme est un des membres fondateurs de l’événement, créant un réseau mondial de plus de 500 000 jeunes entrepreneurs.
Chacun des membres de la délégation québécoise a accepté de répondre à un questionnaire fourni par Les Affaires au sujet de leur expérience lors du Sommet en Inde.
Voici la série de portraits des 10 jeunes entrepreneurs de la délégation québécoise du G20 YEA.
Nom: Nina Lantinga
Âge: 36 ans
Entreprise: Nets for Net Zero
Domaine d’activité: économie circulaire et protection des océans
Pour vous, que représente le thème de cette année «Hum» (mot hindi pour «nous») et comment l’appliquez-vous dans votre entreprise?
Chaque action qu’on pose en tant qu’individu a un impact global. Pour moi, «Hum» est de reconnaître que nous sommes tous uniques sur une planète partagée, mettant en lumière l’importance d’agir vers un but commun. Lors de mon séjour en Inde, j’ai eu l’opportunité de parler à des pêcheurs dans la ville de Cochin. Il m’expliquait qu’aujourd’hui, il y a plus de plastiques que de poissons dans leurs filets, ce qui est un enjeu majeur. Ce sont exactement les mêmes enjeux que me racontent les pêcheurs au Canada.
À chaque coin de la planète, le contexte, la culture, la langue diffèrent, mais le problème est pareil. C’est à travers ces histoires que je vois que nous sommes tous connectés par notre terre, nos océans, et nos histoires. Ensemble, c’est la seule façon d’avancer et de restaurer nos écosystèmes et faire avancer l’économie durable. C’est en développant des solutions de manière inclusive que nous pourrons réellement avoir un impact sur la santé de nos océans et préserver la biodiversité essentielle à notre survie.
Qu’avez-vous appris du savoir-faire indien en matière entrepreneuriale pendant votre séjour?
Les Indiens sont extrêmement ouverts d’esprits, innovants et proactifs afin de s’entraider vers des objectifs entrepreneuriaux. Pour eux, l’entraide semble être la clé du succès. Ils approchent chaque connexion avec une grande énergie, ce qui fait en sorte que nous avons pu développer des opportunités d’affaires très concrètes et gagnantes en quelques semaines seulement. Ils ont des savoirs très uniques, ils sont efficaces avec leurs ressources et sont très complémentaires aux expertises entrepreneuriales canadiennes.
Selon vous, quels seront les enjeux principaux spécifiques à votre génération d’entrepreneurs?
Les modèles d’affaires changent afin d’adresser les enjeux sociaux et environnementaux et de rejoindre les objectifs de développement durable des Nations Unies. Nous avons encore de nombreuses politiques et réglementations qui freinent certains de ces avancements. De plus, il y a un manque d’expertise et de savoir-faire dans les communautés d’affaires afin d’avancer les stratégies d’affaires durables.
Les solutions se développent et avancent, mais nous travaillons souvent en silo plutôt qu’en collaboration, ce qui ralentit notre capacité de performer à grande échelle. Il y a une énorme volonté d’accélérer la volonté politique à travers le G20 pour de nouveaux marchés tels que le carbone, la traçabilité et la gestion de matières résiduelles. Les entrepreneurs aujourd’hui réfléchissent à l’impact et développent des modèles d’affaires innovants, mais les politiques de nos jours valorisent les anciens modèles d’affaires linéaires.
Que pensez-vous avoir amené à la cohorte de Futurpreneur 2023?
J’ai eu l’opportunité de diriger le groupe de travail sur le climat, l’énergie et la durabilité afin de bâtir les recommandations politiques au sein de la cohorte 2023. À travers ce processus, j’ai apporté mon savoir-faire et mon expérience en matière de relations gouvernementales et recommandations politiques, mais j’ai aussi beaucoup appris des enjeux et expériences vécus de la délégation canadienne. Chacun apporte une expérience unique sur le terrain, ce qui permet de développer des recommandations réfléchies, réalistes, et d’avoir un impact plus grand.
Quel sujet discuté lors de votre participation au G20 YEA 2023 a-t-il le plus attiré votre attention et pourquoi?
Le sujet de l’entrepreneuriat inclusif était un sujet important tout au long du sommet et au cœur de plusieurs discussions. Afin de développer des solutions qui apporte de la valeur, autant au niveau social qu’économique, l’inclusivité et primordial. Mais lorsqu’on parle d’inclusivité au sein du G20, c’est clair que nous n’avons pas tous la même définition.
Souvent, nous allons faire référence à l’inclusivité des femmes, des minorités visibles, par exemple. De mon point de vue, l’inclusivité est une partie intégrante de l’innovation et comprend toutes parties prenantes lorsqu’on développe un nouveau produit ou service. En intégrant nos différentes réalités, enjeux et besoins dans le processus d’innovations et de développements de solutions, nous apportons une valeur économique et d’impact plus grande dans une communauté engagée.