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Louise Champoux-Paillé

Les facteurs ESG en action

Louise Champoux-Paillé

Expert(e) invité(e)

Garder les facteurs ESG au cœur des préoccupations

Louise Champoux-Paillé|Mis à jour le 11 avril 2024

Garder les facteurs ESG au cœur des préoccupations

(Photo: Appolinary Kalashnikova pour Unsplash)

BLOGUE INVITÉ. C’est avec beaucoup d’enthousiasme et un peu de fébrilité que je vous propose ce premier texte de mon blogue sur les facteurs Environnementaux et Sociaux ainsi que ceux liés à la Gouvernance, également connus sous l’acronyme facteurs ESG.

La première fois que j’ai abordé le sujet des facteurs ESG devant mon groupe d’étudiants à l’UQAM, plusieurs ont pensé que ceux-ci désignaient le personnel responsable de la livraison du courrier interne à l’École des sciences de la gestion (ESG) de leur université… Heureusement, l’usage de ce terme est aujourd’hui plus répandu et cause moins de confusion. 

À l’affût des nouvelles tendances en gouvernance et particulièrement en regard des facteurs ESG depuis près de quinze ans, je tenterai de faire ressortir les problématiques d’introduction de ces facteurs dans la gouvernance d’une organisation et de la transformation qu’ils provoquent progressivement dans sa vision, sa culture et l’exécution de ses stratégies. En m’appuyant sur l’analyse des circulaires de la direction et des rapports de développement durable de près d’une centaine d’entreprises québécoises et canadiennes, je tenterai d’illustrer mes propos par des exemples puisés de mes recherches, mon enseignement et mes observations.

Enfin, je serai à l’écoute de vos commentaires et suggestions afin que ce blogue prenne son envol et soit à la hauteur de vos attentes.

 

Petite histoire des facteurs ESG

L’évaluation de la performance d’une organisation par les investisseurs institutionnels, les actionnaires et la société dans son ensemble a toujours soulevé les liens qui existent entre l’argent et l’éthique. Sans faire l’historique de notre façon d’évaluer la performance des organisations, mentionnons que jusqu’au début des années 1970, les entreprises ne se préoccupaient généralement que de leur seule performance économique. La satisfaction des actionnaires était en quelque sorte l’ultime priorité, qui guidait toutes les actions des dirigeants.

Avec le temps, de nombreux économistes et spécialistes des organisations ont reconnu qu’il était périlleux pour une entreprise de ne se soucier que de sa performance financière et de la maximisation des profits pour ses actionnaires.

Les accidents environnementaux de la fin du XXe siècle (l’explosion de l’usine de produits chimiques à Bhopal, la marée noire de l’Exxon Valdez, etc.), les problématiques écologiques (le réchauffement de la planète, la destruction de la couche d’ozone, la déforestation, etc.), l’inclusion des femmes, des minorités visibles et des autochtones au sein des instances des gouvernance, la recherche d’une plus grande équité dans la distribution des richesses et la saine gouvernance des ressources sous leur responsabilité ont bousculé et remis en question les critères d’évaluation de la performance des organisations.

Cette sensibilité vis-à-vis des facteurs extra-financiers a occupé progressivement plus de place à compter des années 2000. De nouvelles attentes ont émergé et des questions inédites ont été soulevées sur la raison d’être des organisations et leurs façons de faire.

Deux initiatives méritent d’être signalées. La première, soit celle du Pacte mondial (2000), convia les entreprises au respect de dix principes en matière de droits de l’homme, de normes environnementales et du travail et de lutte contre la corruption. L’autre fut le lancement en 2006, sous la conduite des Nations Unies, des six Principes pour l’Investissement Responsable (PRI) par un groupe international d’investisseurs institutionnels dont l’objectif était de fédérer les investisseurs institutionnels au sein d’une même structure destinée à promouvoir les pratiques d’investissement responsable. Mentionnons que parmi les premiers signataires des PRI figurent deux institutions de chez nous, soit la Caisse de dépôt et de placement du Québec et le système de retraite collectif de la CSN, Bâtirente.

 

Tendance ou changement profond?

Selon les résultats d’un sondage effectué en octobre 2021, plus de 75 % de nos PME québécoises et leurs dirigeants ont accru leur engagement en regard des défis environnementaux et sociaux au cours des deux dernières années:

  • 82 % des entreprises québécoises sondées affirment que leurs clients s’attendent à ce qu’ils prennent les devants face aux défis sociétaux, comme l’inégalité entre les races et les sexes ou les changements climatiques ;
  • 63 % des entreprises interrogées estiment que les grands défis mondiaux, comme l’inégalité des revenus et les changements climatiques, menacent la croissance et la valeur à long terme de leur entreprise ;
  • Les deux tiers (66 %) ont fixé des objectifs sociaux et environnementaux dans leur plan d’affaires et la rémunération des dirigeants est liée à leur réalisation ;
  • 88 % des répondants estiment que les entreprises qui redonnent à leur communauté ont un avantage concurrentiel dans le recrutement et la mobilisation d’employés.

Quatre chefs de direction canadiens sur cinq de grandes sociétés, pour la plupart cotées en bourse, sont convaincus que la raison d’être de leur entreprise aura une incidence sur le rendement financier. « Cela souligne l’occasion qu’ont les dirigeants canadiens d’examiner et d’optimiser les stratégies afin de cerner et de saisir les occasions de stimuler le rendement tout en s’attaquant aux enjeux sociétaux clés pour le bien commun », observe la firme KPMG dans son rapport.

Ces résultats semblent démontrer qu’il existe un terrain fertile pour discuter des problématiques d’une intégration des facteurs ESG dans l’ADN et le fonctionnement des organisations.

 

Rentabilité à long terme

Les chefs d’entreprise considèrent de plus en plus le développement durable comme un clé de leur mission et l’intègrent dans leurs principes et leurs stratégies afin d’assurer la pérennité des entreprises.

Toutefois, lorsque les tensions économiques sont fortes ou en temps de crise, les dirigeants peuvent avoir tendance à se concentrer sur la rentabilité à court terme, reléguant parfois au second plan les facteurs ESG.

Un défi futur consistera à s’assurer que le développement durable demeure au cœur des préoccupations des entreprises, quel que soit l’environnement économique ambiant.