(Photo: Pixabay)
La ville de Gatineau caresse le plus grand projet de son histoire : un système de transport collectif sur rails qui relierait sur 26 kilomètres son secteur ouest (Aylmer et Hull) aux centres-villes de Gatineau et d’Ottawa. Un projet ambitieux dont la facture est estimée à 2,1 milliards de dollars. Maxime Pedneaud-Jobin, maire de Gatineau, viendra en parler lors de la conférence Infrastructures et grands projets publics, présentée le 23 octobre par les Événements Les Affaires.
Quels sont vos objectifs avec ce grand projet ?
Maxime Pedneaud-Jobin : D’abord, on veut réduire la congestion routière grâce à un système de transport efficace et écologique. Le réseau routier est saturé. Il y a énormément de trafic. Et ça va empirer, car notre population est en croissance. D’ici 10 ans, il n’y aura pas que les voitures qui seront dans la congestion, les autobus aussi. Les voies réservées ne suffiront plus. L’achalandage de notre réseau de transport en commun augmente constamment depuis cinq ans et c’est une bonne chose. Toutefois, il y aura bientôt trop d’autobus et pas assez d’espace sur la route. Notre réseau actuel ne pourra plus répondre à la demande en mobilité.
Quels autres objectifs poursuivez-vous ?
Maxime Pedneaud-Jobin : Près de 40 % de nos travailleurs ont un emploi à Ottawa. Il y a environ 65 000 personnes qui se déplacent à l’heure de pointe entre les deux villes. On veut donc compléter le réseau de transport en arrimant notre système sur rails au train léger et au centre-ville d’Ottawa. Un autre objectif est environnemental. Au Québec, plus de 40 % des émissions de gaz à effet de serre proviennent du transport. Avec notre projet, on pourra contribuer à les diminuer. D’ailleurs, je fais un lien direct entre les changements climatiques et la tornade de force 3 qui nous a frappés en septembre 2018. Investir massivement dans le transport en commun s’impose. C’est urgent de retirer des véhicules de la route pour favoriser la mobilité durable.
Pourquoi pas un système de type Rapibus, comme dans le secteur est de votre ville ?
Maxime Pedneaud-Jobin : Rapibus est un corridor pour les autobus, aménagé sur des rails qui ne servaient plus. On a conservé les rails, car il sera plus facile de revenir au train plus tard. Pour notre projet dans le secteur ouest, on fait le choix d’aller directement vers le train. Plus précisément, il s’agira d’un hybride entre le tramway et le train léger, un tram-train électrique. De cette façon, on évite d’aménager un système d’autobus qu’on devra défaire dans dix ans, quand il ne répondra plus à la demande. De plus, le tram-train est une vraie solution à long terme, car on peut augmenter sa fréquence ou encore la taille des wagons. Cela permettra de soutenir la croissance de l’achalandage pendant des décennies.
Et le financement ?
Maxime Pedneaud-Jobin : Le gouvernement du Québec s’est engagé à financer 60 % de la somme. Le premier ministre François Legault l’a lui-même confirmé. Il nous reste à obtenir l’accord du fédéral.
Justement, qu’en dit le fédéral ? C’est beaucoup d’argent.
Maxime Pedneaud-Jobin : Un projet de 2,1 milliards pour une ville comme Gatineau, c’est énorme. Et c’est bien cela le problème. Le programme fédéral-provincial pour le transport en commun octroie des fonds en fonction de l’achalandage. Ça nous permettrait d’avoir 200 millions, un montant intéressant, mais loin des 800 millions dont on a besoin. Le programme n’est pas adapté aux villes moyennes comme la nôtre qui ont de grands projets. Cela dit, on est en discussions avec le fédéral.
Comment comptez-vous convaincre Ottawa et avez-vous un plan B ?
Maxime Pedneaud-Jobin : Notre principal argument, c’est qu’il n’y a pas d’autre option que le système de train léger qu’on veut mettre en place. On pourrait toujours investir dans des autobus articulés. À court terme, ça facilitera un peu la vie des gens. Mais ce sera comme mettre un diachylon sur une hémorragie.