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Gestionnaires de fonds communs, une écrasante majorité d’hommes

Morningstar|Publié le 09 mars 2022

Gestionnaires de fonds communs, une écrasante majorité d’hommes

C’est la TD qui a le plus grand nombre de femmes gestionnaires avec 12. (Photo: 123RF)

Le 8 mars est la Journée internationale des droits des femmes: le moment idéal pour parler des femmes dans la finance, et surtout de ces femmes au sein du secteur financier, parce que les femmes ont besoin d’avoir une autre attitude vis-à-vis de l’argent.

Tout d’abord, les femmes doivent planifier d’autres circonstances que les hommes. Elles ont une plus grande espérance de vie, prennent souvent soin de leurs parents comme de leurs enfants, et peuvent donc quitter provisoirement le monde du travail. Même quand nous travaillons, nous gagnons souvent moins.

Selon le gouvernement du Canada, les femmes de ce pays qui travaillent à temps plein gagnent en moyenne 87 cents pour chaque dollar gagné par des hommes. Cette étude date de 2018, mais récemment, les chiffres ne s’étaient pas beaucoup améliorés. Une étude comptable d’ADP effectuée en 2021 a découvert que les femmes continuent à gagner 23% de moins que les hommes en revenu total (salaire avant impôt et autres rémunérations). Les salaires avant impôt des femmes demeurent à 21% de moins que ceux des hommes, alors que leurs rémunérations variables additionnelles, comme les bonus, les participations aux bénéfices et les ententes sur l’équité salariale sont le secteur où les disparités éclatent, avec des femmes canadiennes qui, en 2020, ont gagné 43% de moins que les hommes.

Pour essayer de combattre cette situation, le gouvernement a mis en place la Loi sur l’équité salariale. Désormais, les employeurs de secteurs réglementés par le gouvernement fédéral qui ont 10 employés ou plus auront trois ans pour identifier et corriger les disparités de traitement au sein de leur personnel. Ces nouveaux règlements mettent les employeurs en demeure de se livrer à un examen total de leurs employés, dans le but de fournir à ces derniers un salaire égal pour un travail de valeur égale, et « de se pencher sur les compétences, les efforts et les conditions de travail exigés pour ces emplois ».

De plus, l’institut CFA a récemment publié son Code de la diversité, de l’égalité et de l’inclusion pour les États-Unis et le Canada, qui invite les firmes des services financiers à s’engager sur six principes de base qui sont facteurs d’égalité dans l’industrie des placements. Dans ce document, l’institut CFA note que le besoin d’énoncer des principes dans ce domaine a été accéléré par le meurtre de George Floyd et le nouvel accent mis sur les droits des peuples indigènes au Canada.

Toutes deux sont de bonnes mesures dont on avait le plus grand besoin, parce que le coronavirus a encore fait empirer les choses. Selon un rapport de Statistique Canada datant de 2021, les femmes ont tendance à être plus affectées par la pandémie de COVID-19 que leurs homologues mâles. Au cours de la période couverte par cette étude, les femmes représentent en moyenne 53,7 % des pertes d’emplois d’une année sur l’autre. Il est difficile de payer une personne, quel que soit son sexe, si elle est forcée de quitter complètement le monde du travail.

Un domaine où les femmes sont particulièrement absentes est celui de la gestion des fonds communs, où le ratio entre les sexes est si déséquilibré que près de 90% des gestionnaires sont des hommes.

Les femmes et les fonds communs au Canada

Mon collègue Ian Tam, qui est directeur de la recherche sur les placements à Morningstar, et moi-même avons fait des calculs sur les fonds communs canadiens. À partir des données fournies par Morningstar Direct, nous nous sommes penchés sur les gestionnaires de portefeuilles nommés de tous les fonds communs domiciliés au Canada. Nous avons trouvé un total de 1469 gestionnaires, qui ne sont pas tous établis au Canada. Il n’est pas surprenant, mais tout de même décevant, que le nombre de fonds qui comportent au moins une femme bien installée à leur tête au Canada est négligeable par rapport à celui qui n’en ont pas.

Sur l’ensemble de l’univers des gestionnaires de portefeuilles, nous avons découvert qu’il y en avait 1 284 qui étaient des hommes, et seulement 175 des femmes.

En d’autres termes, il y a une seule femme pour sept hommes qui gèrent votre argent.

Pour ce qui est des firmes de gestion d’actifs, c’est la TD qui a le plus grand nombre de femmes gestionnaires avec 12 (pour 45 hommes), alors que SLGI Asset Management, BMO Fonds d’investissement et RBC GMA en ont chacune 10, respectivement pour 59, 48 et 43. Fidelity Investments Canada a 9 gestionnaires qui sont des femmes (pour 61 hommes) et Placements CI 8 (pour 66 hommes).

D’après les données de Morningstar Direct, La Financière Canoe n’a pas de gestionnaires de fonds qui sont des femmes, et 21 hommes. Quant à Banque Nationale Investissements, Placements AGF, Beutel Goodman, Leith Wheeler, Purpose Investments et Gestion d’actifs 1832, elles n’ont chacune qu’une femme à ce poste.

Cela peut poser problème.

«Dans le domaine des placements, la diversité des membres de l’équipe permet de s’assurer que les décisions de placement sont prises dans une vaste optique. Dans une firme, l’homogénéité du groupe de gestionnaires pourrait fausser les opinions dans un certain sens et méconnaître des apports qualitatifs importants qui alimentent une décision de placement» dit M. Tam.

Les raisons de cette disparité sont multiples, certaines sociales, d’autres institutionnelles, d’autres encore innées. Ce n’est pas que les femmes n’excellent pas dans ce qu’elles font, loin de là. Et d’aucuns affirment que ce problème pourrait créer des opportunités.

«La pandémie a certainement mis en lumière des difficultés auxquelles les femmes sont confrontées sur le lieu du travail, mais elle a aussi créé des opportunités. Les sociétés prenant progressivement conscience de leurs lacunes dans les secteurs de la diversité et de légalité, une perspective plus large pour les entreprises ouvre la porte à des femmes pour assurer leur gestion. Les femmes qui occupent actuellement cette fonction devraient continuer à rechercher des occasions de mentorat, alors qu’on devrait donner à celles qui veulent se renseigner sur leurs perspectives de carrière les moyens de les explorer en réseautant», dit Danielle LeClair, directrice de la recherche sur les gestionnaires à Morningstar Canada.