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Groupe Bellon Prestige, à l’abri de la désuétude

Lina Heckenast|Édition de la mi‑octobre 2020

Groupe Bellon Prestige, à l’abri de la désuétude

Sans secret, la famille est la clé du succès de Groupe Bellon Prestige, qui a déjà porté le nom de Compagnie d’auvents canadienne. (Photo: courtoisie)

SPÉCIAL 300 – Rang 6. Groupe Bellon Prestige, un fabricant d’auvents et d’abris sur mesure, a célébré ses 125 ans en juin dernier. Ce n’était sans doute pas ce à quoi s’attendait Joseph K. Bellon, un immigrant tchécoslovaque, en ouvrant sa manufacture d’auvents rétractables à Montréal en 1895, pour protéger les produits des commerçants, qui les étalaient alors sur les trottoirs.

Par la suite, la PME a embelli les commerces montréalais, entre autres lors de la visite du roi Georges VI, en 1939. Elle a aussi remporté la majorité des appels d’offres concernant les abris et les auvents destinés à l’Expo 67 et aux Jeux olympiques de 1976.

Au cours des années où Georges, puis Guy Bellon – respectivement fils et petit-fils de Joseph – ont dirigé la PME, celle-ci a acquis une dizaine de ses compétiteurs locaux.

En 1995, Carole Bellon, quatrième génération de la famille, a pris la tête de l’entreprise. Elle a à son tour avalé plusieurs autres concurrents, au point de devoir augmenter la taille de son usine. Elle est ainsi passée de 12 000 à 31 000 pieds carrés en déménageant dans l’est de la ville, sur la rue Hochelaga, en 1998. «J’ai quadruplé mon loyer, et ça, ça fait peur, raconte la principale intéressée. Il fallait que les ventes entrent.» Est-ce le risque en a valu la peine ? «Aujourd’hui, on est rendu beaucoup plus grand et on manque encore d’espace», se réjouit-elle.

Carole Bellon (Photo: courtoisie)

 

Succès familial

Sans secret, la famille est la clé du succès de Groupe Bellon Prestige, une entreprise familiale qui prône les valeurs qui y sont associées. «Sans dire que les employés sont mes enfants, nous sommes une grande famille», fait remarquer sa présidente avec affection.

La relation qu’elle entretient avec son équipe est primordiale. Elle est maintenue par des activités, dont les lunchs santé mensuels. Des réunions annuelles sont tenues pour mettre les employés au fait les des tenants et aboutissants de l’entreprise.

Comme dans n’importe quelle famille, lorsqu’un événement important arrive, tout le monde met la main à la pâte. Carole Bellon se souvient d’un événement où cet adage a particulièrement été vrai : par des circonstances extraordinaires, un auvent se confectionnant normalement en une semaine a dû être livré en deux jours. «Toute l’équipe a travaillé 24 heures sur 24. On s’est relayés ; on a mangé et couché dans l’usine !»

La longévité de l’entreprise est sans doute attribuable à sa grande capacité d’adaptation. Groupe Bellon Prestige a ainsi à peu près vendu tous les produits liés de près ou de loin à la toile et aux auvents : des tentes, des pergolas, des abris d’hiver, et même des motoneiges à une certaine époque.

 

Aux 100 prochaines !

C’est le fils de Carole Bellon, Pierre H. Trudeau, qui prendra la relève à son tour d’ici quelques années. Comme sa mère, il estime que l’un des facteurs de réussite de l’entreprise est d’être à l’avant-garde de son domaine, autant dans les modèles offerts que dans les technologies utilisées pour fabriquer ses produits.

Le futur président compte continuer dans cette direction une fois qu’il sera lui-même capitaine du bateau. Prendre des risques est aussi une perspective qui l’anime. «Éventuellement, j’aimerais piloter de nouveaux projets, indique-t-il. J’aimerais voir plus loin, peut-être aller dans la production de masse.»

Faire l’acquisition d’autres entreprises, une approche gagnante pour la PME dans le passé, est aussi une stratégie que considère Pierre H. Trudeau. Surtout s’il s’agit de secteurs connexes à l’auvent. «Des meubles de patio, peut-être, ou des portes et fenêtres», lance-t-il. «Le but est d’être présent encore pour les 100, 200 prochaines années», affirme-t-il avec conviction.