Guy Cormier: apprendre le service en emballant des commandes
Catherine Charron|Publié le 12 juillet 2023Dès l'âge de «10 ou 12 ans», Guy Cormier, le PDG de Desjardins, arpentait les rues de Varennes, journaux sous le bras. (Photo: Eric Myre)
LA PREMIÈRE JOB DU BOSS. Si le président-directeur général du Mouvement Desjardins, Guy Cormier, est le leader attentif aux besoins de sa communauté qu’on connait dans l’espace public, c’est en partie à cause de son tout premier gestionnaire du Provigo de son coin.
Tôt dans sa vie, celui qui dirige depuis 2016 une organisation de 58 000 employés a mis les pieds sur le marché du travail en arpentant les rues de Varennes, une pile de journaux sous le bras.
Les circonstances qui l’ont mené à d’abord distribuer le journal local, puis le quotidien La Presse dès l’âge de «10 ou 12 ans» sont maintenant floues. Le besoin d’émancipation qu’il ressentait à l’époque, lui, est encore bien gravé dans sa mémoire.
«Je voulais être autonome rapidement dans la vie. Pas juste financièrement, mais pour faire des choses, être actif, prendre des décisions», se rappelle-t-il.
Puis, à 16 ans, Guy Cormier a obtenu son «premier emploi d’été» en devenant emballeur au Provigo du coin, une expérience qui, encore aujourd’hui, teinte son leadership.
C’est sous l’aile de Gaétan, son gestionnaire de l’époque, qu’il a notamment a appris ce que c’est que d’être rigoureux au travail. C’est aussi lui qui lui aurait enseigné les rudiments du service à la clientèle et à s’appliquer, afin de « bien faire les choses la première fois», se souvient-il.
Sa philosophie? «Work hard, play hard, résume le patron. Il était gentil et reconnaissant, mais il m’a aussi amené la discipline et l’éthique du travail.»
Gestionnaire de proximité
Guy Cormier est encore marqué par la relation que ce gestionnaire entretenait avec les membres de son équipe, qui n’est pas sans rappeler son propre style de leadership.
Ce «modèle de gestion de proximité» était loin de l’archétype du dirigeant barricadé dans son bureau qui s’adresse à ses subalternes que lors de la réunion d’équipe hebdomadaire.
«Il était toujours sur le plancher, avec les gens. Il parlait à ses employés, leur demandait s’ils avaient besoin d’aide, les félicitait. Il était toujours derrière nous. […] J’en ai bénéficié», croit-il.
En effet, l’appui de son gestionnaire a en partie façonné le jeune homme qu’il était alors, en le motivant à devenir un meilleur employé. C’est d’ailleurs ce qu’il souhaite aux adolescents qui s’apprêtent à mettre les pieds sur le marché du travail, cette ouverture à se laisser inspirer par les rencontres qu’ils feront.
«Écoutez», a-t-il même répété à trois reprises lors de notre échange.
«Parfois, quand on est jeune, on pense qu’on a les solutions, et qu’on a raison, observe-t-il. Prenez le temps d’écouter les gens autour de vous qui vous donnent des conseils, qui vous aident, et qui vous apportent d’autres angles et d’autres perspectives. Ça va vous aider à accélérer votre progression, à peut-être faire moins d’erreurs, et surtout à apprendre de celles des autres.»