Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires
  • Accueil
  • |
  • Henry Mintzberg: du leadership, et puis?
Jenny Ouellette

Humainement prospère

Jenny Ouellette

Expert(e) invité(e)

Henry Mintzberg: du leadership, et puis?

Jenny Ouellette|Édition de la mi‑mars 2022

Henry Mintzberg: du leadership, et puis?

Professeur à l’Université McGill, Henry Mintzberg est l’auteur de nombreux livres en gestion. (Photo: Owen Egan / Université McGill)

EXPERTE INVITÉE. Existe-t-il autre chose que le leadership pour impliquer les employés et rendre des entreprises efficaces? À mettre tant d’accent sur le leadership, qu’éclipsons-nous? Pour m’éclairer sur ce sujet, j’ai eu l’immense privilège de m’entretenir avec celui que l’on surnomme le «père du management moderne», Henry Mintzberg, Ph. D.

Professeur de gestion à l’Université McGill, Mintzberg est l’auteur de nombreux livres en gestion. À lui seul, il a fait avancer mondialement les réflexions sur le management. Aujourd’hui, il se penche sur l’équilibre sociétal avec RebalancingSociety.org. Durant une heure, nous avons discuté leadership, puis échangé sur ce qui semble être l’avenir de nos organisations: le communityship.

Ma première question semblait simple:le leadership est-il la première qualité d’un bon gestionnaire en 2022? «D’abord, il y a confusion entre le leadership et le management, selon Henry Mintzberg. Le management et le leadership vont de pair:ils sont les deux facettes d’une même pièce. Le leader qui ne dirige pas ne sait pas ce qui se passe. Le gestionnaire qui ne lead pas est ennuyant.»

«Il existe 52 qualités d’un gestionnaire efficace et elles sont toutes importantes. Or, c’est impossible pour une personne de toutes les posséder. Selon le contexte, l’accent sera mis sur une ou plusieurs qualités», souligne Mintzberg en montrant le passage de son livre Managing. Autre confusion: «Lorsqu’on parle de leadership, c’est vague et rarement négatif. Je viens de lire un article de Mark Learmonth et de Kevin Morrell qui expose le fait que le leadership est non seulement positif, mais toujours bien et «ce qu’il faut».

N’importe quelle personne à la tête d’une organisation est un leader par définition. C’est drôle, pourquoi y a-t-il autant de leaders, mais si peu de leadership ?, s’interroge-t-il. Mintzberg renchérit: «Je crois que c’est une erreur de laisser tomber le mot manager en le remplaçant par leader. Le problème avec les mots leader ou leadership, c’est qu’ils réfèrent à un seul individu. Voilà pourquoi je suis un amateur du communityship. J’ai créé le mot moi-même parce qu’on parlait régulièrement de communauté, mais rien n’existait pour parler de communityship. Je crois que c’est ce dont nous avons besoin», dit Mintzberg.

Alors, le leader est-il au centre de la communauté? Mintzberg est catégorique: non. «Une vraie communauté ne distingue pas différentes personnes. Tout le monde est un membre. Si on est membre, on est membre. C’est un oxymore d’affirmer que dire le leader d’une communauté.» Il y a une communauté, point.

Comment repérer ce communityship ? «On le ressent en entrant dans une organisation», répondit Mintzberg. Il y a cet esprit de communauté, les employés sont hautement engagés et ils portent un intérêt collectif à ce qu’ils font.

Soyons clairs. Le leadership demeure important, notamment pour favoriser et maintenir un esprit de communauté dans nos organisation.

Maintenant, que faire? En 2022, optons d’abord pour la communityship et le leadership ensuite!