On remarquera, qu'il s'agisse d'innovation sociale ou d'innovation scientifique et technologique, que c'est la collaboration qui produit les meilleurs résultats. (Photo: 123RF)
Ce n’était pas évident de choisir son orientation professionnelle à l’époque où je suis entrée dans l’âge adulte, il y a de cela… un petit bout. Mais les dilemmes avec lesquels nous jonglions à l’époque ne sont rien en comparaison de ceux qui attendent les adolescents d’aujourd’hui.
Ma fille, qui entre au Cégep l’an prochain, me rebattait les oreilles de ce fameux «80% des métiers de 2030 n’existent même pas encore». J’étais curieuse, mais dubitative. La vérité, c’est que ça pourrait être encore plus, comme le montre Olivier Schmouker dans son reportage sur les métiers de demain.
Peu importe le nombre exact, dans une toute petite dizaine d’années, en effet, nous évoluerons dans un paysage professionnel radicalement différent de celui d’aujourd’hui. Alors oui, bien sûr, une grande part des changements seront le résultat de la numérisation de nos vies et de l’économie. Mais pour anticiper tous les bouleversements du monde du travail, n’oublions pas de nous pencher sur la transformation rapide de nos manières de vivre, de penser, de consommer, et les nouveaux besoins qui en découleront.
De nouveaux besoins…. Vous me voyez venir, je vais vous parler d’entrepreneuriat. D’intrapreneuriat aussi, d’ailleurs. En somme, de cet esprit à cultiver pour nous adapter positivement au changement.
Or, les résultats de l’édition 2018 du Global Entrepreneurship Monitor (GEM), parus fin avril, n’affichent pas une tendance encourageante. Le total de l’activité entrepreneurial émergeante (TEA), soit le nombre de personnes engagées dans le processus de démarrage d’entreprise, augmente moins vite que par le passé et moins vite que dans le reste du pays. Ce qui amène cette réflexion de l’un des auteurs de l’étude, Étienne St-Jean, chercheur à l’Institut de recherche sur les PME : «puisque c’est indice le plus important pour évaluer la santé de l’écosystème entrepreneurial d’une économie, ce premier recul du TEA depuis 2013 laisse planer le spectre d’une activité entrepreneuriale moins dynamique et d’une économie moins performante et innovante dans les années à venir.»
Dans le contexte actuel de quasi plein emploi, on ne se surprendra pas que l’entrepreneuriat accuse un ralentissement. L’étude souligne d’ailleurs qu’au Québec, la très grande majorité des entrepreneurs naissants occupent un emploi salarié en plus de développer leur entreprise. Seulement 17,6% des nouveaux entrepreneurs québécois se consacrent à 100% à leur entreprise, comparativement à 29,9% en moyenne dans les autres provinces. À temps partiel, pas évident de bâtir un nouveau fleuron.
On ne se surprendra pas de ce ralentissement, mais inquiétons-nous en juste assez pour agir. Il n’y a rien comme le présent pour préparer l’avenir, parce qu’il est encore temps de choisir ce qu’on voudra en faire.
Julie Cailliau
Éditrice adjointe et rédactrice en chef, Groupe Les Affaires
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