Bernard Drainville a indiqué qu’il y a actuellement 1237 classes de francisation au Québec, soit l’équivalent de 51 écoles primaires. (Photo: CX Insight pour Unsplash)
L’enjeu de l’immigration s’est imposé au pays depuis le début de 2024, notamment en lien avec la crise du logement.
La semaine dernière, le premier ministre du Québec, François Legault, a envoyé une lettre à Justin Trudeau pour l’exhorter à freiner l’afflux de demandeurs d’asile, sinon le Québec atteindra son «point de rupture».
Des fonctionnaires fédéraux avaient prévenu le gouvernement Trudeau il y a deux ans que de fortes augmentations de l’immigration pourraient affecter l’abordabilité du logement et les services, selon des documents internes obtenus par La Presse Canadienne.
De même, des économistes en chef de grandes banques ont lancé récemment un avertissement au fédéral: une croissance de la population nourrie par une immigration massive est insoutenable sur le plan économique.
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Bernard Drainville: mettre fin au «bar ouvert»
«Le bar ouvert en immigration, arrêtez ça», a demandé le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, au gouvernement fédéral mercredi.
En mêlée de presse au caucus de la Coalition avenir Québec (CAQ) à Sherbrooke, il a laissé entendre que le Québec a atteint son «point de rupture» dans les prestations de services aux nouveaux arrivants en éducation.
M. Drainville a indiqué qu’il y a actuellement 1237 classes de francisation au Québec, soit l’équivalent de 51 écoles primaires.
«M. Trudeau, on a atteint la limite, on est au point de rupture, alors le bar ouvert en immigration, arrêtez ça, parce que nous, en éducation, on manque de profs et on manque de locaux.»
Il a évoqué l’exemple du Centre de services scolaire de Montréal, où un nombre de classes de francisation équivalent à trois écoles primaires ont été ouvertes, mais il reste 400 inscriptions en attente, soit l’équivalent d’une autre école.
«On travaille très fort sur des solutions, mais il faudrait que M. Trudeau nous aide un petit peu.»
Il a toutefois refusé de préciser davantage sa requête, à savoir s’il réclamait un plafonnement ou une diminution immédiate, s’il s’agissait des demandeurs du statut de réfugié, ou d’autres catégories d’immigration.
Marc Tanguay: plus d’immigrants pour pallier la pénurie de main-d’œuvre
Bien que le chef libéral Marc Tanguay reconnaisse que les immigrants mettent de la pression sur les services sociaux, il affirme du même souffle que le Québec n’aura pas le choix d’en prendre plus dans les prochaines années afin de pallier la pénurie de main-d’œuvre.
«On n’aura pas le choix pour notre économie», a-t-il admis en point de presse, mercredi, lors du caucus présessionnel de son parti à Thetford Mines.
En citant des chiffres de la Commission des partenaires du marché du travail, le chef libéral a affirmé: «Il est clair que nous, c’est 1,6 million de travailleurs additionnels dont on a besoin pour les prochaines années. Il faut travailler là-dessus.»
«On est le parti de l’économie. On s’assoit avec les acteurs économiques. Vous en avez besoin de combien? Dans quelle région? Qu’en est-il des écoles? Des soins de santé? Des services de garde? De l’habitation?», a ajouté M. Tanguay.
Il y a actuellement plus d’un demi-million d’immigrants temporaires au Québec. Le chef libéral affirme qu’il faut tout d’abord bien répondre à leurs besoins.
«Aujourd’hui, il faut travailler sur celles et ceux, les 500 000 qui sont au Québec et on doit faire en sorte de répondre aux besoins», a-t-il expliqué.
Le chef libéral martèle que les problèmes d’intégration des immigrants sont la faute du gouvernement Legault.
Paul St-Pierre Plamondon: la situation a beaucoup changé
Mercredi dernier, le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, a dit que son parti allait réévaluer ses seuils d’immigration permanente, actuellement fixés à 35 000 nouveaux arrivants par année, arguant que la situation avait beaucoup changé depuis la dernière élection.
Encore cette semaine, Québec solidaire (QS) et le Parti québécois (PQ) se sont affrontés sur la question des seuils d’immigration et de la crise du logement, en s’accusant mutuellement de polariser le débat.
Thomas Laberge et Patrice Bergeron
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