Le ralentissement ne se fait pas encore sentir auprès des consommateurs, notamment à l'épicerie, où les prix sont encore très élevés. (Photo: 123RF)
EXPERT INVITÉ. Enfin! Après avoir longtemps résisté à la forte hausse des taux d’intérêt l’an dernier, les tensions inflationnistes sont maintenant beaucoup moins aiguës et continuent de s’atténuer. Si l’inflation reste encore élevée et bien au-dessus de la fourchette cible de 1 à 3% fixée par la Banque du Canada, force est de constater que les prix grimpent maintenant à un rythme beaucoup moins rapide.
Après avoir culminé à 8,1% l’été dernier, l’inflation annuelle s’est depuis repliée pour atteindre 6,3% en décembre dernier. Encore mieux: l’Indice des prix à la consommation était en hausse de seulement 1% au cours des trois derniers mois!
Bien sûr, ça ne paraît pas encore dans le portefeuille des consommateurs qui doivent encore subir des prix élevés lors de leurs achats, notamment lorsqu’ils vont faire leur épicerie. Mais on voit assurément la lumière poindre au bout du tunnel. D’autant qu’on pourra enfin profiter également d’un répit dans la hausse effrénée des taux d’intérêt.
Après avoir connu une augmentation du taux directeur pour une huitième fois de suite en moins d’un an — alors que la Banque du Canada a décrété en janvier une hausse d’un quart de point de pourcentage pour porter ce taux à 4,5% —, on peut en effet s’attendre maintenant à ce que les taux d’intérêt amorcent leur descente dès la fin de 2023. Des taux qui devraient ainsi chuter à 2,5% à la mi-2024, lorsque la banque centrale n’aura plus besoin de s’attaquer au problème de l’inflation.
Des conditions gagnantes
La Banque du Canada, par l’entremise de sa politique monétaire, a ainsi gagné son pari. Les fortes hausses successives du taux d’intérêt ont finalement eu l’effet escompté sur l’inflation, alors que la consommation des biens a commencé à ralentir au cours des derniers trimestres de 2022. L’excédent de la demande, qu’on a connu ces deux dernières années, est du même coup en train de se résorber.
Mais la banque centrale a aussi pu compter sur un coup de pouce venu de l’extérieur. La forte hausse de l’inflation, rappelons-le, est en grande partie attribuable à la pandémie et à ses répercussions sur les chaînes d’approvisionnement en matières premières dans le monde entier, qui a engendré ainsi d’importants retards de livraison et des pénuries de produits. Puis, la guerre en Ukraine est venue fragiliser encore plus ces problèmes d’approvisionnement pour de nombreux manufacturiers et ainsi alimenter l’inflation.
Or, même si la pandémie sévit encore, mais dans une moindre mesure, et que la guerre en Ukraine s’éternise malheureusement, les prix des matières premières et du pétrole ont baissé jusqu’à des niveaux affichés avant la guerre, atténuant ainsi les pressions inflationnistes.
Il y a néanmoins un prix à payer pour ces fortes hausses de taux et cette guerre à l’inflation amorcées par la Banque du Canada en mars 2022. L’économie canadienne, qui aura connu une surprenante croissance de 3,6% l’an dernier, ne répètera pas son exploit en 2023. Mais ce ralentissement se fera relativement en douceur alors que le PIB devrait connaître une faible croissance de 0,5% cette année.