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BLOGUE INVITÉ. En mars 2020, plus de la moitié de la main-d’œuvre mondiale a rangé son bureau et adopté le télétravail. Tandis que les employés chevronnés se sont fiés à leur expérience pour passer au travail à distance, les plus jeunes se sont parfois retrouvés démunis face à cette transition, confrontés à la nouvelle incertitude entourant leur avenir personnel et professionnel.
Davantage affectés par l’épidémie de solitude sous-jacente à la pandémie de COVID-19, les introvertis et les extravertis de la génération Z qui œuvrent loin de leurs collègues doivent maintenant affronter un défi de taille : comment peuvent-ils se démarquer et atteindre leurs objectifs dans un monde du travail virtuel ? Et il n’est pas de tout repos.
En effet, plus de la moitié des salariés américains sont victimes d’épuisement professionnel, alors que 61% des jeunes travailleurs expriment un sentiment de «grande solitude».
Pour mieux comprendre ces défis, nous avons interrogé plus de 20 diplômés universitaires âgés de 21 à 27 ans qui sont employés dans des entreprises technologiques les plus renommées d’Amérique du Nord. Nous avons ainsi pu identifier ce qui compte le plus aux yeux de la génération Z. Voici quelques stratégies pour les aider à réussir, et ce, même en télétravail.
1. Partez à la recherche d’occasions de mentorat et d’apprentissage
Sentir que ses objectifs personnels sont valorisés peut faire toute la différence lorsqu’on travaille loin de ses collègues, en particulier pour les nouveaux employés qui tentent de se faire une place dans leur organisation.
Ça a été le cas d’une représentante du développement des ventes extravertie chez Yelp! qui a quitté l’entreprise quelques mois après le début de la pandémie en raison d’un manque d’avancement professionnel et de possibilités d’apprentissage. Lorsqu’elle était au bureau, la jeune femme avait tout le loisir d’exprimer ses intérêts et de rechercher des opportunités de carrière.
Cependant, lorsque Yelp! est passé au travail à distance, elle s’est sentie moins disposée à se porter volontaire pour de nouveaux projets. Elle indique avoir trouvé la communication avec les autres équipes plus ardue, et a constaté une baisse de possibilités de développement en dehors de son rôle. Elle a fini par quitter l’entreprise à cause du détachement qu’elle éprouvait vis-à-vis de ses collègues.
Cette impression d’un manque de reconnaissance et d’un frein à l’évolution de son parcours professionnel est courante chez ceux qui ne mettent jamais les pieds au bureau. D’ailleurs, près de la moitié (48 %) des employés ressentent un besoin accru de communiquer leur valeur à leurs supérieurs et 36 % affirment qu’il leur est plus difficile d’avoir un impact en milieu de télétravail.
La possibilité d’obtenir du mentorat constitue un autre facteur clé qui peut contribuer à la progression de la carrière et au sentiment d’appartenance des jeunes, comme nous l’a souligné un ingénieur logiciel de Google. Chez ce géant du web, il peut être intimidant et décourageant de naviguer dans l’organisation à distance sans un peu d’aide, car la quantité d’information à assimiler est aussi importante que le débit d’un canon d’incendie, illustre-t-il. Les mentors sont donc un excellent moyen de s’assurer un soutien constant, de se familiariser avec l’entreprise et d’y réussir.
Les dirigeants qui portent attention aux intérêts personnels de leurs employés et qui prennent des nouvelles de ces derniers génèrent un plus grand engagement au travail de leurs troupes. C’est le cas d’une analyste du développement commercial chez SSENSE avec qui nous avons discuté. En lui permettant de faire des présentations lors des réunions d’équipe, en l’encourageant à se prononcer, en appuyant ses idées et en prenant le temps de la coacher, son gestionnaire lui a démontré qu’il valorise sa contribution, ce qui accroît son sentiment d’appartenance à l’entreprise.
Conseil de pro: misez sur vos qualités de personne extravertie et introvertie pour dénicher un mentor. Tout d’abord, trouvez un collègue que vous admirez et développez une relation avec cette personne. Exprimez-lui votre désir d’apprendre et de progresser et essayez d’organiser des rencontres fréquentes. Ensuite, appuyez-vous sur vos compétences introverties pour être attentif, prendre des notes et appliquer leurs expériences à votre propre travail.
2. Gestionnaires, accordez la même attention au bien-être qu’au sentiment l’appartenance
De nombreux participants aux interviews ont fait la distinction entre le sentiment d’appartenance au lieu de travail et le bien-être qu’ils éprouvent lorsqu’ils y accomplissent leurs tâches au quotidien. Ils affirment que les lacunes de l’un ou de l’autre peuvent avoir de graves conséquences sur leur niveau d’engagement professionnel.
Un directeur des opérations extraverti de Yelp! vit une situation similaire. Bien qu’il se sente valorisé par les membres de son équipe, l’énergie du bureau lui manque et il est moins confiant en ses capacités. Néanmoins, il indique que la culture informelle du télétravail au sein de Yelp!, caractérisée par des échanges constants, des pauses extraverties et des conversations ouvertes, serait un élément clé pour le maintien de son bien-être au boulot. Sachant que son gestionnaire ne s’attend pas à ce qu’il soit parfait pendant une pandémie, il est plus à l’aise que prévu en travaillant à distance.
Les outils de communication virtuelle peuvent renforcer ou compromettre le sentiment de confort des employés. Un représentant en développement commercial extraverti de Salesforce a noté l’impact positif de la philosophie «numérique d’abord» de la compagnie. Bien que les interactions spontanées en personne avec ses collègues lui manquent, l’accès à un canal de communication fluide avec son équipe a grandement bonifié sa qualité de vie au travail.
Même les employés qui ne sont pas convaincus par les outils de communication utilisés par leur organisation essaient d’en tirer avantage, reconnaissant leur importance pour parfaire le fonctionnement du télétravail. Par exemple, un ingénieur logiciel extraverti de Facebook a introduit des méthodes de communication adaptées à leurs besoins après avoir constaté certains défauts de celles déjà déployées. En interagissant principalement par le biais du clavardage et en favorisant les discussions informelles par vidéoconférence, il a trouvé un équilibre entre une collaboration numérique efficace et les préférences de ses collègues, améliorant ainsi l’engagement de l’équipe.
Un ingénieur logiciel introverti de Google mise sur des stratégies similaires pour rester en contact avec ses collègues. Son équipe privilégie les plateformes de clavardage plutôt que le courrier électronique afin de cultiver un côté informel, et a même lancé un «chat social» pour promouvoir les conversations spontanées avec ses collègues. Selon lui, les discussions amicales favorisent la culture de travail décontractée de Google, encouragent l’établissement de liens personnels, et contribuent au sentiment de confort auprès de l’équipe.
Conseil de pro : Intégrez vos préférences dans les normes de l’entreprise et au sein de votre équipe. L’expression de vos besoins est une étape importante pour vous sentir à l’aise en milieu professionnel. Demandez des pauses introverties/extroverties si nécessaire, précisez vos habitudes de communication et invitez vos collègues à jaser autour d’un café pour renouer vos relations.
Autres conseils
Les conseils 3 et 4 pour évoluer sans trop de heurts dans le monde du télétravail consistent à demander de l’aide pour concilier travail et engagements personnels, ainsi qu’à promouvoir une culture informelle en télétravail.
Découvrez des stratégies supplémentaires dans la deuxième partie de cette série consacrée à la génération Z, qui sera publiée dans la semaine du 4 octobre 2021.
Karl Moore, Danielle Sukharenko et Stéphanie Ricci. Karl est professeur agrégé dans la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill. Danielle est une diplômée de l’Université McGill, et spécialiste associée des ventes chez IHS Markit à New York. Stéphanie est étudiante en journalisme à l’Université Concordia.