(Photo: 123RF)
EXPERT INVITÉ. Quelles que soient les catégories d’actifs que l’on inclut dans nos portefeuilles, l’objectif premier est habituellement de maximiser le rendement selon le risque ou la volatilité que l’on est prêt à accepter, en fonction évidemment de l’horizon de placement.
Ainsi, les investisseurs institutionnels ont plus d’options, puisque leur durée de détention est souvent infinie. En d’autres mots, le rendement à court et à moyen terme est généralement moins important pour eux.
Dans cette optique, depuis la crise financière de 2008-2009, ceux-ci ont massivement intégré à leurs stratégies d’investissement une multitude de placements illiquides. Comme pour les actions, l’objectif est d’obtenir une combinaison de gains en capital et de revenus.
L’une des options qui existent pour diversifier cette portion des portefeuilles est l’investissement dans les infrastructures. Actuellement, plus de 100 milliards de dollars américains sont investis chaque année dans cette industrie. Bien que ce type d’investissement partage des similitudes avec d’autres catégories d’actifs, comme l’immobilier et le placement privé, certaines particularités font en sorte qu’ils sont habituellement capables de produire des revenus plus stables et fiables à travers une multitude d’environnements économiques.
Il existe trois catégories d’investissement dans les infrastructures:Les actifs quasi gouvernementaux:on parle ici, entre autres, des aéroports, des routes à péage et de la gestion des déchets. Les rendements sont souvent garantis par des ententes avec les autorités régionales et la période de détention est très longue.
Le transport et la production énergétique:cette catégorie inclut les pipelines, les lignes à haute tension et la production d’énergie renouvelable.
Les nouvelles technologies:les centres de données et les tours de transmission.
Évidemment, selon la région et les risques sociopolitiques, le rendement espéré peut grandement fluctuer.
Les raisons qui poussent plusieurs investisseurs à participer à cette portion de la sphère financière sont multiples. Mentionnons entre autres:
1. La préservation de la valeur à travers les cycles économiques, en raison des besoins importants en capital, du caractère essentiel des activités et, souvent, d’une position quasi monopolistique.
2. Souvent, les revenus ne sont pas liés aux cycles économiques, mais plutôt à des ententes à long terme avec des gouvernements.
3. Les contrats contiennent souvent des clauses permettant de refiler les hausses de coûts aux utilisateurs, ce qui offre une protection partielle contre l’inflation.
Le principal risque est évidemment lié à la liquidité. Les projets sont actifs sur plusieurs années, voire des décennies.
Pour les investisseurs individuels, il existe deux façons faciles d’investir dans le secteur des infrastructures. La première est d’utiliser des fonds négociés en Bourse (FNB), qui sont offerts auprès de plusieurs sociétés de gestion au Canada et aux États-Unis. Les fonds canadiens sont habituellement plus petits et répliquent les caractéristiques de leurs pendants américains.
La seconde est d’investir directement dans un spécialiste du secteur. Au Canada, le plus grand joueur est Brookfield Infrastructure et ses symboles sont BIP-UN (48,71 $) et BIPC (57,86 $) (différentes structures légales).
Cependant, la question, présentement, est de déterminer si c’est un bon moment pour inclure cette stratégie pour un investisseur individuel. Il y a deux côtés à la médaille. En premier lieu, plusieurs des projets sont liés au secteur de l’énergie, qui va très bien présentement. C’est donc une façon détournée et moins risquée d’investir dans le secteur.
D’un autre côté, étant donné que le rendement est principalement lié aux revenus constants qui sont payés, la valeur présente de ces flux monétaires est directement affectée par la présente période inflationniste. En d’autres mots, ce secteur performe mieux lorsque les taux d’intérêt sont faibles et stables.
Et il ne faut pas oublier que cette catégorie d’actifs s’est fortement appréciée au cours de la dernière décennie. Pour l’instant, il y a selon nous d’autres secteurs plus intéressants aux niveaux actuels. Il demeure toutefois que ce sera toujours un ajout intéressant lorsque l’horizon de placement sera à très long terme.