Mathieu St-Pierre, PDG de la Société de développement économique du Saint-Laurent (Photo: courtoisie)
SECTEUR MARITIME. La pandémie a affecté négativement le nombre de navires et le tonnage transporté sur le fleuve Saint-Laurent, la majeure partie relevant de l’import-export. Face à des défis importants, le secteur veut maintenant miser sur les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle (IA) pour gagner en efficacité.
Entre 2010 et 2021, le nombre de mouvements de navires sur le Saint-Laurent est passé de 7896 à 7996, une augmentation d’environ 1 %, observe Mathieu St-Pierre, PDG de la Société de développement économique du Saint-Laurent (SODES). « Mais si on regarde seulement la période entre 2019 et 2021, on a connu une baisse de 9 %, puisque le nombre de mouvements était de 8776 en 2019. Autant en importation qu’en exportation, on était donc en croissance avant la crise, mais la pandémie a mis un frein considérable sur l’économie », illustre-t-il.
Sur le plan des quantités transportées, le portrait est similaire. Entre 2010 et 2019, le tonnage manutentionné dans les ports du Québec a augmenté d’un total de 28 % entre 2010 et 2019, passant de 110 millions de tonnes à 152 millions de tonnes. De 2019 à 2021, en revanche, c’est plutôt une baisse notable qui a été observée ; à la fin de cette période, le tonnage transporté était passé à 147 millions de tonnes, correspondant à une baisse de 4 %.
« L’économie maritime est grandement tributaire de l’économie mondiale », reconnaît Mathieu St-Pierre, ajoutant qu’une bonne partie des marchandises et du vrac transportés sur le fleuve relève de l’importation ou de l’exportation. « Seulement en minerai de fer, on exporte 70 millions de tonnes par année environ, explique-t-il. C’est presque la moitié des 147 millions de tonnes transportées en 2021. »
Miser sur la technologie
En 2021, 6,5 millions de tonnes de produits ont été exportées par conteneur au port de Montréal, selon l’État du transport maritime au Québec 2022, un document préparé pour la SODES, le Fonds de solidarité FTQ et l’organisme Innovation maritime.
En matière de valeur monétaire, le Québec contribue à près de 18 % des exportations maritimes du Canada et expédie au reste du monde l’équivalent de 18,2 milliards de dollars (G$) de marchandises (données de 2018). La majeure partie de ces exportations sont destinées à l’Asie (7,26 G$), mais une bonne partie est destinée à l’Europe (6,17 G$) et aux États-Unis (2,86 G$).
Pour s’assurer de jouer son rôle dans la chaîne logistique, l’industrie maritime désire maintenant accélérer sa modernisation technologique. « On doit intégrer les nouvelles technologies, affirme Mathieu St-Pierre. Avec diverses instances gouvernementales et partenaires de l’industrie, on travaille pour rendre le Saint-Laurent numérique pour augmenter notre efficacité et atténuer les goulots d’étranglement. »
Le PDG estime que le numérique et l’IA renferment un fort potentiel, par exemple, dans le développement d’outils d’aide à la décision.
Optimiser l’import-export
Scale AI, une grappe d’innovation en IA qui finance des projets liés notamment aux chaînes d’approvisionnement, veut aider les entreprises du secteur à passer à la vitesse supérieure. « On a travaillé sur divers projets liés à l’import-export dans l’industrie maritime », raconte son directeur général, Julien Billot. « C’est sûr, les ports sont importants pour nous, dit-il. On discute avec le fédéral, avec Transports Canada, parce qu’on veut développer du logiciel. Dans notre second mandat, qui débute au printemps 2023, on anticipe de travailler beaucoup tout ce qui touche aux ports et à la logistique associée. »
Parmi les projets financés par Scale AI, Julien Billot en mentionne un en particulier qui a été développé à partir de 2020 avec deux partenaires : Ray-Mont Logistics, qui exploite des terminaux de transbordement logistique, notamment au port de Montréal ; et Simwell, qui se spécialise dans l’optimisation et l’analyse de données.
L’objectif du projet ? Déterminer comment optimiser les opérations — le fonctionnement des grues, le chargement et déchargement des trains et des camions, etc. — de sorte à augmenter l’efficacité de ce chaînon du transport multimodal.
Le projet, qui a coûté 3,2 millions de dollars (M$), incluant un investissement de 1,6 M$ de Scale AI, permettra ainsi de mieux planifier le mouvement des conteneurs, la maximisation de l’espace et la planification des horaires des grues. En somme, cela devrait signifier une meilleure gestion des incertitudes. Les partenaires du projet estiment que cela devrait ainsi accroître l’efficacité des exportations canadiennes, et du coup, l’attrait des produits d’ici.
« C’est un projet extrêmement intéressant qui intègre l’IA, estime Julien Billot. Il permettra de gagner du temps, de sauver des ressources et, ultimement, d’empêcher l’encombrement à l’entrée et à la sortie des bateaux. »