La considération des facteurs ESG fait partie intégrante d’une saine gestion des risques d’une stratégie d’investissement, ce qui permet de bonifier les perspectives de rendement à long terme. (Photo: 123RF)
EXPERT INVITÉ. Devenir un investisseur responsable est beaucoup plus facile à dire qu’à faire. Émissions carbone, impact environnemental, biodiversité, diversité et inclusion, gouvernance… Par où commencer afin de rendre notre portefeuille d’investissement plus durable et plus responsable?
En tant qu’investisseur, il est impératif de se questionner sur les aspects environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) des sociétés dans lesquelles nous investissons. Ignorer ces aspects reviendrait à ne pas tenir compte d’éléments importants pouvant affecter les performances futures des entreprises.
La considération des facteurs ESG fait partie intégrante d’une saine gestion des risques d’une stratégie d’investissement, ce qui permet de bonifier les perspectives de rendement à long terme. Mais outre l’impact sur les rendements, comment s’assurer que notre portefeuille reflète bien nos valeurs?
Première étape: comprendre ses placements
Selon que nos actifs soient détenus en fonds mutuels, en gestion distincte, en fonds négociés en bourse ou tout autre type de véhicule de placement, il n’est pas toujours évident de savoir réellement dans quoi nous sommes investis.
Quelles sont les entreprises détenues dans mon portefeuille? Quelles sont les industries auxquelles je suis exposé? Dans quelle mesure suis-je exposé aux risques de transition énergétique?
Afin de bien planifier son parcours vers l’investissement responsable, il est primordial de connaître et d’établir son point de départ. Si l’environnement et la pollution sont nos priorités, il est important de savoir si nous détenons des compagnies pétrolières ou des pipelines dans notre portefeuille, même s’il s’agit d’une exposition indirecte à travers un fonds commun de placement.
Bien comprendre son portefeuille et exiger de la transparence de la part de notre gestionnaire de placement est la clé d’une transition réussie vers une stratégie de placement responsable.
Deuxième étape: identifier ses priorités
L’investissement responsable est un sujet très large qui englobe de nombreux thèmes et concepts reliés aux activités d’une entreprise, à ses pratiques internes et à ses externalités.
Parmi les facteurs reliés à l’environnement, nous pouvons penser aux émissions de gaz à effet de serre, à la production de déchets toxiques, à la consommation d’eau, à l’efficience énergétique, entre autres.
Du côté social, les pratiques en matière de relation de travail d’une entreprise, l’engagement dans les communautés et les politiques corporatives relatives à la diversité, l’équité et l’inclusion sont autant de paramètres importants permettant de mieux comprendre la culture d’une compagnie.
Finalement, les critères de gouvernance incluent, entre autres, la composition et la diversité des membres du conseil d’administration, la séparation des rôles et des pouvoirs, les politiques de rémunération des PDG et de la haute direction d’une entreprise, pour ne nommer que quelques éléments.
Aucune entreprise n’est parfaite. Ainsi, il s’avère important d’établir ses priorités et de cibler les enjeux qui nous sont les plus chers en tant qu’investisseur. Cela permet alors d’être mieux outillé afin d’identifier les sociétés qui sont alignées, ou pas, avec nos valeurs environnementales et sociales.
Troisième étape: établir des critères de matérialité
Chaque entreprise est différente. Selon qu’elle opère dans le secteur industriel, dans les services de télécommunications ou dans le commerce de détail, les enjeux ESG ne sont pas les mêmes.
Par exemple, établir la consommation d’eau d’une entreprise d’assurance, bien qu’intéressant, n’a pas le même impact que pour une compagnie comme Pepsi dont il s’agit d’une des matières premières.
Dans ce contexte, une approche à favoriser est l’identification des facteurs ESG matériels qui ont un impact direct et significatif sur les activités d’une entreprise, ou sur ses externalités.
Des outils tels que les matrices de matérialité SASB, par exemple, peuvent s’avérer fort instructifs pour un investisseur qui cherche à établir les éléments les plus pertinents à considérer dans une industrie.
Par la suite, il est beaucoup plus facile de se concentrer sur les aspects les plus significatifs de notre stratégie d’investissement responsable. Cela permet ainsi de mieux s’aligner avec nos propres priorités et avec les critères de matérialité propres à chaque type d’entreprise.
Quatrième étape: suivre l’évolution et mesurer les résultats
Finalement, l’étape la plus importante d’une stratégie d’investissement responsable efficace est la mise en place de mécanismes de mesure et d’évaluation appropriés pour suivre son portefeuille.
Quelles sont les émissions de CO2 totales de mon portefeuille? Comment se compare l’intensité énergétique de mes placements par rapport aux indices de référence usuels? Quelles compagnies n’ont toujours pas de plan de transition vers une économie sobre en carbone?
Avec l’évolution des normes et des réglementations en matière de divulgations ESG, les investisseurs ont accès à de plus en plus d’information sur les données environnementales et sociales des sociétés publiques.
Ainsi, une fois ses priorités et facteurs de matérialité bien identifiés, l’établissement d’un processus de suivi clair et efficace permet de bien évaluer l’atteinte de ses objectifs d’investissement responsable.
Établir une stratégie d’investissement responsable claire et structurée permet à la fois de bien gérer les risques de son portefeuille de placement, d’augmenter les perspectives de rendement à long terme et d’assurer l’atteinte de ses objectifs environnementaux et sociaux.
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