Nicolas Duvernois dit qu'il ne sacrifiera jamais la raison d’être et la qualité d’un produit afin de simplement répondre aux tendances du moment et mettre sur le marché «qu’un produit de plus». (Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Étant éternellement à la recherche de nouvelles aventures, de nouvelles sensations et de nouveaux produits, le consommateur, indirectement, impose une dictature de la nouveauté aux entreprises qui font tout afin d’attirer son attention. Une lame, deux lames, trois lames sur un même rasoir, on ne sait plus quoi «inventer» afin de ne pas «passer date» aux yeux du consommateur.
D’expérience, je réalise que cette pression n’est pas toujours saine, autant pour les entreprises que pour le consommateur d’ailleurs. Proposer un produit ou un service qui a une véritable valeur par son utilité, sa promesse client ou son caractère réellement distinctif prend du temps. En affaires, qui dit temps, dit argent.
En effet, la notion de retour sur investissement est essentielle pour toute entreprise qui souhaite ne pas être qu’un «one hit wonder» et sombrer dans l’oubli aussi rapidement qu’a disparu la chanson Despacito après avoir inondé les ondes radio.
Le lancement perpétuel de produits de toutes sortes qui n’ont de nouveau que leur date de lancement empêche, d’une certaine manière, le processus d’innovation de bien des entreprises se sentant obligées d’aller vite au lieu de se concentrer d’offrir mieux. De plus, cette constante pression pèse lourd sur les finances. Plutôt que d’investir afin de lancer un produit qui se rentabilisera au fil des années, il faut aujourd’hui investir avec l’espoir d’un coup de circuit immédiat ce qui change entièrement le processus décisionnel.
Pour ma part, bien que je sois conscient de l’importance de lancer des nouveautés, je ne sacrifierai jamais la raison d’être et la qualité d’un produit afin de simplement répondre aux tendances du moment et mettre sur le marché «qu’un produit de plus».
En tant qu’entrepreneur, on a un choix important à prendre quant à la direction dans laquelle nous voulons aller. Nous avons le choix de suivre le marché à la lettre et répondre à la demande coûte que coûte, mais nous pouvons aussi imposer notre rythme tout en bâtissant une relation saine avec nos différents partenaires et clients.
Combien de fois avons-nous vu des entreprises perdre le contrôle de leur destinée en voulant plaire à tout prix? En essayant de suivre ce modèle, insoutenable, disons-le, elles ont perdu leur âme avant de finalement disparaître de la carte.
De l’autre côté, certaines entreprises choisissent d’imposer leur rythme afin de rester en contrôle non seulement de leur croissance, mais aussi de leur processus d’innovation. En faisant fi du bruit autour, elles sont, la plupart du temps, admirées pour leur patience, sagesse et savoir-faire.
L’industrie de la mode est un excellent exemple. D’un côté il y a les adeptes du «fast fashion» qui lancent de nouvelles collections plus vite que Lucky Luke tire, et de l’autre, il y a des entreprises qui lancent quelques morceaux par saison et qui, en quelques heures à peine, ont tout vendu.
Les deux modèles, quoique très différents, se défendent. Cependant, je me retrouve beaucoup plus dans l’équipe qualité que dans l’équipe quantité. À mes yeux, le réel défi est de trouver une niche entre les deux extrêmes permettant d’allier croissance, passion et savoir-faire.
En toute franchise, je préfère prendre le risque d’être «passé date» que de rentrer dans une spirale infinie de course contre la montre et d’éternel recommencement. D’ailleurs, ma lecture du marché ainsi que certaines tendances naissantes prédisent un futur prometteur aux entreprises qui miseront sur l’équilibre de l’offre plutôt que sur une offre sans fin. Et vous, êtes-vous plus dans l’équipe qualité ou l’équipe quantité?