La fin de Keystone XL va entraîner la perte de milliers d'emplois, a indiqué TC Énergie. (Photo: 123RF)
Joe Biden s’entretiendra vendredi avec le premier ministre canadien, Justin Trudeau, qui s’est dit «déçu» par la décision du nouveau président américain de bloquer un projet d’oléoduc entre les deux pays, a indiqué mercredi la Maison-Blanche.
Quelques heures après sa prise de fonction, M. Biden a signé plusieurs décrets présidentiels dont l’un s’oppose au projet controversé de construction de l’oléoduc Keystone XL entre le Canada et les États-Unis.
Les deux dirigeants «vont très certainement discuter des relations très importantes» entre les États-Unis et le Canada «ainsi que de sa décision sur l’oléoduc Keystone», a expliqué la porte-parole de la Maison-Blanche, Jen Psaki, soulignant que ce serait le premier échange du nouveau président avec un dirigeant étranger.
Ce projet, soutenu par Ottawa mais critiqué par les écologistes, avait été lancé en 2008, annulé une première fois par Barack Obama pour des raisons environnementales puis remis sur les rails par Donald Trump pour des raisons économiques.
La révocation du décret de son prédécesseur était une des promesses de campagne de Joe Biden, dans le cadre de son plan de lutte contre le changement climatique.
«Nous saluons l’engagement du président à lutter contre les changements climatiques, mais nous sommes déçus par sa décision à l’égard du projet Keystone XL», a réagi M. Trudeau, quelques heures après avoir félicité le nouveau président.
«Nous reconnaissons toutefois la décision du président de tenir la promesse qu’il avait faite en campagne électorale», a-t-il ajouté.
M. Trudeau avait évoqué l’avenir de Keystone lors d’un entretien téléphonique avec M. Biden peu après son élection en novembre dernier. Le dirigeant canadien avait annoncé mardi qu’il comptait appeler le nouveau président américain «dans les prochains jours» à ce sujet.
Des licenciements à prévoir
Le groupe canadien TC Énergie, qui construit Keystone, a de son côté annoncé la suspension des travaux quelques heures avant la signature du décret par M. Biden.
Le groupe basé à Calgary, dans l’Ouest canadien, s’est aussi dit «déçu» par la décision du nouveau président américain, qui va entraîner «le licenciement de milliers de travailleurs syndiqués».
M. Trudeau, sous pression de l’opposition conservatrice et de la province pétrolière de l’Alberta frappée par la chute des cours de l’or noir, a rappelé que le Canada est «le premier fournisseur d’énergie des États-Unis».
«À ce titre, nous contribuons à la sécurité énergétique et à la compétitivité économique des États-Unis et nous soutenons des milliers d’emplois des deux côtés de la frontière», a-t-il ajouté.
Le premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney, a immédiatement dénoncé une décision «profondément inquiétante».
«Ce n’est pas comme ça qu’on traite son ami et allié», a-t-il martelé lors d’un point presse, appelant à Ottawa à une réponse «forte et significative».
Le Canada possède les troisièmes réserves prouvées du monde, principalement contenues dans des sables bitumineux de l’ouest dont l’exploitation est critiquée pour son impact environnemental.
Le projet devait permettre d’acheminer dès 2023 plus de 800 000 barils de pétrole par jour entre la province canadienne d’Alberta et les raffineries américaines du Golfe du Mexique. Mais il est critiqué par les écologistes en raison de son impact sur les émissions de gaz à effet de serre.
TC Énergie avait repris l’an dernier les travaux de construction sur la portion nord de l’oléoduc, longue de 1 947 km, entre la frontière canadienne et l’État du Nebraska, ceux sur la portion sud vers le Texas étant déjà terminés.
TC Énergie estimait les coûts de ces travaux à 9,1 milliards de dollars américains dans ses plus récents résultats.