Julien Billot : « Nous sommes sûrs d’atteindre nos cibles »
Denis Lalonde|Édition de la mi‑novembre 2020Julien Billot est le PDG de Scale AI, la supergrappe d’intelligence artificielle du Canada. Il est aussi professeur associé à HEC Montréal et le leader pour Montréal de Next AI et le Creative Destruction Lab (CDL).
Q&R. Début octobre, le directeur parlementaire du budget, Yves Giroux, estimait qu’il était « peu probable » que le programme des « supergrappes d’innovation », créé par les libéraux fédéraux en 2018 et doté d’une enveloppe de 918 millions de dollars (M $) sur cinq ans, atteigne ses objectifs de croissance économique ciblant la création de 50 000 emplois et une hausse de 50 milliards de dollars du PIB canadien sur une décennie. Le PDG de la supergrappe Scale AI, Julien Billot, réagit à ces commentaires et parle des avancées de l’organisation.
Les Affaires – Comment avez-vous réagi aux propos du directeur parlementaire du budget ?
Julien Billot – Il a droit à son opinion. C’est très ambitieux de vouloir évaluer un programme après seulement quelques mois d’existence. La supergrappe Scale AI, qui vise à accélérer l’adoption et l’intégration rapide de l’intelligence artificielle (IA) aux chaînes d’approvisionnement, est pleinement opérationnelle depuis le 31 mai 2019, alors que les données évaluées par le directeur parlementaire du budget allaient jusqu’en mars dernier. À ce jour, nos projets validés ont permis de créer 2 500 emplois, alors que l’objectif est de 15 000 sur dix ans. Nous sommes sûrs d’atteindre nos cibles.
L.A. – Vous avez lancé, en décembre 2019, le programme d’accélération Scale AI, qui permet de venir en aide aux start-ups de tout le pays dans votre secteur. Or, vous venez de révéler, le 10 novembre, l’identité des premières jeunes pousses qui pourront obtenir votre aide. Pourquoi avoir attendu aussi longtemps ?
J.B. – Nous avons envoyé les détails du programme à tous les incubateurs et accélérateurs qui travaillent en IA au Canada, qui nous ont ensuite envoyé leurs demandes de financement. Il nous a fallu du temps pour en sélectionner 28 à ce jour, dont 18 proviennent du Québec.
L.A. – Comment fonctionne ce programme ?
J.B. – Chaque incubateur ou accélérateur peut nous soumettre jusqu’à 10 candidatures de start-ups par année, du moment qu’elles travaillent dans le secteur de l’IA dans les chaînes d’approvisionnement.
Le montant versé n’est pas un don, mais bien un remboursement de coûts effectué directement à l’incubateur ou à l’accélérateur. Ces derniers doivent démontrer qu’ils ont dépensé jusqu’à 50 000 $ en soutien à chaque start-up acceptée dans le programme pour avoir droit au montant maximal annuel de remboursement. Chaque organisme ne peut recevoir plus de 500 000 $ par année dans le cadre du programme doté d’une enveloppe de 20 M $ sur trois ans et qui vise à venir en aide à 300 start-ups.
L.A. – Votre première année d’existence a bien sûr été chamboulée par la pandémie de COVID-19. Comment avez-vous réagi ?
J.B. – Notre projet le plus important a été avec le Port de Montréal. Au début de la crise, plusieurs hôpitaux avaient des problèmes de chaîne d’approvisionnement. On a financé des projets qui n’ont pas tous été annoncés. On a aussi travaillé avec le Port de Montréal pour assurer la sécurisation et la priorisation du déchargement des stocks de matériel médical. De plus, certains vaccins contre la COVID-19, qui sont sur le point d’être commercialisés, doivent être maintenus à une température de -70 degrés Celsius. On commence déjà à nous approcher pour voir comment on peut financer des projets qui vont sécuriser la chaîne d’approvisionnement du froid pour les garder à bonne température.