Julien Depelteau, le résilient: contourner les nombreuses tuiles
François Normand|Édition de la mi‑novembre 2020Julien Depelteau, PDG de Flexpipe (Photo: courtoisie)
CHAPEAU LES PDG! Depuis janvier, pratiquement toutes les tuiles sont tombées sur la tête de Julien Depelteau, le président de Flexpipe. Pourtant, ce fabricant de produits modulables destinés à la manutention d’outils et de pièces a réussi à rebondir en lançant de nouveaux produits, si bien qu’il pourrait peut-être ne pas afficher de pertes de revenus à la fin de son année financière.
« On espère récupérer le terrain perdu [une baisse de 20 % des revenus] d’ici la fin de notre exercice, en mars 2021. Ce serait tout un exploit », confie le fondateur de cette PME de Farnham, en Montérégie.
Julien Depelteau en a toutefois vu de toutes les couleurs avant de trouver son salut en fabriquant entre autres des panneaux de protection en plexiglas pour FedEx et en lançant une nouvelle marque, Tinktube. Cette dernière offre aux gens la possibilité de construire leurs propres meubles et structures avec des tubes et des connecteurs en acier – un peu sur le modèle d’IKEA.
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Guerre et blocus
En janvier, la COVID-19 a commencé à sévir en Chine. Flexpipe, qui réalisait 40 % de ses revenus au Canada et 60 % aux Eacute;tats-Unis, a alors perdu son principal fournisseur de composants, qui exploitait une usine près de Pékin.
Comme celle-ci a été fermée pendant un mois, la PME s’est rabattue sur un fournisseur sud-coréen, ce qui a entraîné des coûts et des retards supplémentaires. Quand les composants sont finalement arrivés au Canada, leur acheminement à l’usine de Farnham a encore été retardé, cette fois en raison des blocus ferroviaires autochtones.
Ce n’est pas tout. Pour vendre des pièces aux États-Unis, Flexpipe les importait de la Chine à partir de son centre de distribution situé à Atlanta. Or, en raison de la guerre commerciale entre Pékin et Washington, la PME a dû payer des tarifs de 10 % à 25 % plus élevés qu’à l’habitude.
Le coup de massue est toutefois tombé à la mi-mars, quand la pandémie a commencé à frapper durement l’Amérique du Nord. Les gouvernements ont alors fermé des pans entiers de l’économie, incluant les deux principaux secteurs clients de Flexpipe, l’automobile et l’aéronautique.
Comme de nombreuses entreprises, la PME a dû mettre des employés à pied – la moitié, au plus fort de la tempête.
Cependant, loin de baisser les bras, elle s’est mise en mode innovation tous azimuts. Ces produits n’ont pas tous été des succès, par contre. À commencer par une station de liquide désinfectant pour les mains actionnée en appuyant le pied sur une barre horizontale en exerçant une certaine pression.
L’échec a été retentissant, raconte en riant Julien Depelteau. « On avait construit une trentaine de ces machines, mais on en a vendu seulement 10, car les personnes légères avaient de la difficulté à actionner le distributeur… Et dire qu’on avait songé à en vendre sur Amazon ! »