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Kamala Harris pourra-t-elle se présenter en 2024?

François Normand|Publié le 02 février 2022

Kamala Harris pourra-t-elle se présenter en 2024?

Kamala Harris (Photo: Getty Images)

ANALYSE POLITIQUE. Malgré sa remontée dans les sondages depuis novembre, la vice-présidente Kamala Harris demeure impopulaire auprès d’une majorité d’Américains. À un point tel que des stratèges démocrates se demandent si elle peut être la candidate démocrate pour l’élection présidentielle de 2024.

Bien entendu, Joe Biden pourrait techniquement se représenter et créer une surprise de taille. Mais ce scénario demeure très improbable, car le principal intéressé s’est du reste lui-même présenté comme un président de transition. 

Ainsi, le 29 janvier, seulement 42,0% des Américains disaient approuver le travail de Kamala Harris, selon une agrégation de plusieurs sondages réalisés par le site FiveThirtyEight, une référence dans l’industrie. Comparativement à un creux de 28,9% enregistré le 7 novembre, c’est une nette amélioration.

En revanche, si on analyse la tendance à long terme, son taux d’approbation est en déclin constant depuis le mois d’avril.

Pour mettre les choses en perspective, le taux d’approbation actuel de la vice-présidente est sensiblement le même que celui de Joe Biden (à 41,7%, en date du 1er février), selon FiveThirtyEight.

 

Mandats difficiles et bureau dysfonctionnel

Comment expliquer les difficultés de Kamala Harris?

Elle pâtit d’abord de l’impopularité du président – qui s’est accentuée depuis le retrait désordonné des troupes américaines d’Afghanistan, en août.

Kamala Harris a également hérité de mandats de Joe Biden «allant d’insoluble à pratiquement insoluble», selon une récente analyse de la BBC, la chaîne d’information britannique. Le président lui a notamment demandé de s’attaquer aux causes profondes de la migration des sans-papiers vers les États-Unis depuis les pays d’Amérique centrale.

Grosse commande s’il en est une!

Enfin, l’image de Kamala Harris a aussi souffert de démissions très médiatisées d’une partie de son personnel, l’été dernier. Un reportage publié en juin par le site américain Politico faisait état d’un climat dysfonctionnel dans son bureau, voire toxique.

Les élections de mi-mandat en novembre seront cruciales pour elle. Car si les républicains reprennent le contrôle du Sénat et de la Chambre des représentants, cela affaiblira à la fois Joe Biden et la vice-présidente.

Autre source d’inquiétude pour les démocrates: des sondages montrent qu’elle se ferait battre par l’ex-président Trump, si celui-ci se lançait dans la course à la Maison-Blanche en novembre 2024 – il laisse planer le doute sur sa possible candidature.

Par exemple, si une élection avait eu lieu à la fin de 2021, Donald Trump aurait récolté 50% des voix contre 41% pour Kamala Harris (avec 9% d’indécis), selon un sondage Harvard/Harris réalisé entre le 30 novembre et le 2 décembre, auprès de 1989 répondants.

Bien entendu, l’élection présidentielle est encore loin. Mais en même temps, la précampagne officieuse débutera après les élections de mi-mandat, voire en 2023, pour les courses à l’investiture démocrate et républicaine.

 

Les démocrates doivent gagner le centre

Le défi des démocrates sera de choisir un champion capable de battre Donald Trump (si ce dernier décide finalement de se présenter) ou tout autre candidat républicain.

Le défi est de taille.

Cette personne devra à la fois recentrer la base démocrate (la frange de la gauche identitaire ou « woke » irrite certains démocrates, car elle les éloigne du centre) et rallier des républicains modérés, qui s’inquiètent quant à eux de la montée de la droite conservatrice identitaire et nationaliste dans leur parti.

Bref, le futur candidat devra être en mesure de faire le plein des voix entre le centre gauche et le centre droit en passant par le centre.

Kamala Harris peut-elle être cette personne?