9,9 G$US sont entrés dans les titres américains à faible capitalisation depuis quatre semaines,. (BofA Securities)
Les investisseurs américains ne sont pas seuls à avoir de bonnes raisons d’exprimer leur gratitude en cette Action de grâce.
Les marchés célèbrent plusieurs bonnes nouvelles ces jours-ci: deux premiers vaccins efficaces que les Américains seront les premiers à recevoir avant Noël, une quasi-concession de la part de Donald Trump qui prépare la présidence de Joe Biden, la nomination bien reçue de Janet Yellen au poste de secrétaire au Trésor, ainsi que de solides données économiques.
Les vaccins ont pris le relais des plans de relance pour nourrir les paris de reprise qui soulèvent les Bourses mondiales. Goldman Sachs prévoit que la majorité de la population des pays développés sera vaccinée à la fin de juin.
Comme l’a si bien exprimé le directeur scientifique de l’Opération Warp Speed, Moncef Slaoui, les vaccins «donnent le courage de traverser le tunnel» (en référence à la recrudescence du coronavirus cet hiver) parce qu’on voit la lumière au bout de ce tunnel.
Soulagés de voir les pires risques s’estomper, les investisseurs ont acheté le plus d’actions mondiales au cours des trois dernières semaines, soit un record de 89 milliards de dollars américains, rapporte BofA Securities. Cette banque prévient toutefois que cette ruée vers les actions à court terme frise l’euphorie.
Les gains de novembre s’annoncent historiques pour l’indice mondial MSCI (+13,5%) et pour plusieurs indices américains incluant l’indice Russell 2000 des titres à petite capitalisation, qui a grimpé de 20,6% à ce jour en novembre.
Le S&P 500 se dirige vers un gain de 11,3%, en novembre, le Nasdaq de 11,8% et le Dow Jones de 12,8%.
Le S&P/TSX se joint à la parade grâce à la remontée des titres plus sensibles à l’économie qui constituent 68% de l’indice si on inclut les banques et le secteur industriel. L’indice de Bay Street a gagné 2,2% cette semaine, portant l’appréciation de novembre à 11,7%.
Le rebond de 55% de l’indice depuis le creux de mars est spectaculaire, mais au pire de sa chute du printemps l’indice avait plongé de 47%.
Le S&P/TSX est redevenu rentable depuis le début de l’année, affichant un léger gain de 1,9%. Il frôle aussi le record de 17790 enregistré en cours de séance, le 20 février.
Les résultats annuels des grandes banques canadiennes attendus du 1e au 4 décembre, et surtout les orientations qu’elles fourniront pour l’an prochain, pourraient aider l’indice à franchir une nouvelle marque à son tour.
De bonnes assises
Il va de soi que le S&P/TSX performe bien lorsque les titres cycliques, les cours des matières premières et les titres à faible capitalisation s’apprécient dans un scénario de retour à la normale l’an prochain.
Les conditions sont réunies pour que les PME canadiennes reprennent du galon (Source: Canaccord Genuity)
Certains observateurs disent qu’il faut se projeter jusqu’en 2022 pour justifier les paris actuels, mais la remontée de l’indice torontois semble avoir de bonnes assises si l’on se fie aux plus récents résultats trimestriels.
À ce jour, les deux-tiers des entreprises de l’indice ont surpassé les prévisions au troisième trimestre, soit la plus forte proportion depuis que Banque Scotia tient le compte en 2001.
Les bénéfices surpassent le consensus de 8,5%. La marge bénéficiaire de 9,7% n’est pas très loin de la moyenne de 10% des dix dernières années, mais elle reste inférieure au pic de 12% connu lors des meilleurs jours pour le cours du pétrole.
Les entreprises ont fait un «bon travail» pour réduire leurs coûts pendant la pandémie, fait valoir Hugo Sainte-Marie, de Banque Scotia. «Si les revenus rebondissent comme on le prévoit en 2021 et en 2022 et que les coûts restent stables, la rentabilité pourrait se rétablir beaucoup plus vite que prévu», dit-il, en précisant que les profits sont encore de 17% inférieurs à ce qu’ils étaient en 2019.
L’amélioration des bénéfices est généralisée, note aussi le directeur du groupe de stratégie quantitative. Neuf secteurs du S&P/TSX ont surpassé les prévisions (seule l’énergie fait exception) tandis que six secteurs ont accru leurs bénéfices. En tête, le secteur des matériaux a doublé ses profits grâce aux producteurs d’or, bien que le cuivre ait grimpé de 23% depuis un an à un sommet de sept ans.
Les plus petites sociétés mènent la charge en Bourse, car en principe elle offrent un levier potentiel plus puissant à la reprise de l’an prochain. Le fonds négocié en Bourse iShares S&P/TSX Small Cap (XCS, 16,13$) a atteint nouveau sommet cette semaine. Les titres de l’énergie, des matériaux et du secteur industriel représentent 52% de ce FNB.
D’autres gains en 2021
Martin Roberge, de Canaccord Genuity, croit que l’élan des titres à faible capitalisation est probablement à mi-parcours parce que les prévisions de bénéfices commencent à peine à augmenter.
En plus, cette fois, la reprise mondiale stimule en premier les achats de biens plutôt que de services, ce qui favorise la composition de l’indice des titres à faible capitalisation de Toronto.
La consommation de services rebondira plus tard en 2021, mais ne devrait pas faire dérailler la remontée des PME puisque le secteur de la consommation est assez mineur à la Bourse de Toronto, croit Martin Roberge.
Le stratège quantitatif s’attend à ce que la poussée des titres à faible capitalisation prenne une pause au printemps de 2021, avant de connaître un autre élan à la fin de 2021 une fois que l’économie mondiale croîtra sans l’aide de plans d’aide.
Vingt stratèges sondés par l’agence Reuters prévoient que le S&P/TSX grimpera à 18400 d’ici la fin de 2021, soit un gain potentiel d’encore 5,7%. C’est plus que la cible de 18000 qu’ils avaient en août.