Martin Ducharme, président de l’Association des clubs de golf du Québec (Photo: courtoisie)
INDUSTRIE DU GOLF. Les clubs de golf ont connu une hausse moyenne de 19 % du nombre de rondes jouées en 2020, selon la Fédération de golf du Québec. Bien qu’accéléré par la pandémie, ce renouvellement de clientèle est le résultat d’efforts déployés par l’industrie depuis plusieurs années.
La clientèle des terrains de golf se renouvèle; les familles, les jeunes et les femmes ont joué plus que jamais en 2020. Bien qu’elle ait eu son importance dans cette tendance, la pandémie n’en est toutefois pas la cause unique. Elle a plutôt catalysé les efforts déployés par l’industrie depuis des années.
«L’an dernier, nous avons été témoins d’une explosion de la nouvelle clientèle», constate d’emblée Martin Ducharme, président de l’Association des clubs de golf du Québec (ACGQ). Selon un sondage réalisé par son organisation, 82 % des nouveaux clients des clubs avaient entre 19 et 35 ans. Les 60 ans et plus, qui constituaient auparavant la clientèle majeure, ne représentaient l’an dernier que 1,1 % des nouveaux golfeurs.
«C’est impressionnant, note le président de l’ACGQ. On ne pensait pas pouvoir toucher les 19-35 ans, mais c’est une clientèle de plein air qui vient parfois au club de golf avec des vélos de montagne en arrière de leur véhicule.»
Pourquoi cette clientèle était-elle difficile à attirer dans le passé ? Un des problèmes résidait dans la réputation «snob» de ce sport. Sauf qu’avec la pandémie, le golf était une des seules activités extérieures permises. Les clubs ont su tirer profit de la situation.
«Au début de l’été, les terrains ont été envahis par les habitués, raconte Martin Ducharme. C’est seulement plus tard que les jeunes — qui mangeaient les murs à la maison — ont vu sur les réseaux sociaux que le golf était une bonne façon de s’amuser dehors et de passer quatre heures conviviales avec des amis. Ils se sont précipités en masse.»
Plusieurs puristes, note le président, ont certes grincé des dents parce qu’ils se sentaient envahis. «Mais dans l’ensemble, ils ont fini par bien s’adapter, comme nous, à la nouvelle clientèle, dit-il. Nous y trouvons tous notre compte, parce qu’en ayant une bonne relève, on assure la survie des parcours de golf.»
Le cumul d’années d’efforts a payé
Il y a des années déjà que l’industrie du golf a réalisé que sa clientèle était vieillissante. Elle a donc mis en oeuvre différentes initiatives au fil des ans pour attirer de plus jeunes joueurs.
En 2016, Golf Québec a par exemple lancé sa campagne Sortez, golfez ! qui visait à briser les idées reçues, à promouvoir l’accessibilité du sport et à séduire les jeunes adultes. Au cours des années qui ont suivi, cette campagne a commencé tranquillement à porter ses fruits et à démocratiser le golf, affirme Martin Ducharme. Mais ce n’est qu’en 2020 que la récolte a été véritablement exceptionnelle.
«Le boom est tel que la demande est trop forte: les clubs me disent que pour la première fois depuis des années, ils ont des listes d’attente pour devenir membres. L’année dernière, avec l’engouement, les golfeurs avaient de la difficulté à avoir des départs et ils ne veulent pas que ça arrive en 2021.»
L’accessibilité du golf en milieu scolaire a également eu un effet positif sur le renouvèlement de la clientèle. Grâce aux efforts de Golf Québec depuis quelques années, plus de 600 écoles primaires et secondaires québécoises offrent aujourd’hui la pratique du golf dans le cadre de leurs cours d’éducation physique.
«Les jeunes jouaient cependant surtout à l’école, précise Martin Ducharme. Mais cette année, on a vu beaucoup de familles sur les terrains. Les efforts de l’industrie ont donc préparé ces clientèles-là au fil du temps, et quand l’occasion s’est présentée, l’an dernier, elles se sont lancées.»
Les femmes et les enfants d’abord
L’Association nationale des propriétaires de terrains de golf du Canada (ANPTG) a pour sa part lancé, en 2001, le programme J’amène un enfant au terrain de golf. Chaque année, durant une semaine, les enfants de moins de 16 ans sont invités à accompagner gratuitement un adulte pour jouer une partie. Plus de 700 clubs participent à ce programme dans tout le pays, dont près de 60 au Québec.
«Au-delà de ce qu’organise l’association, la plupart des terrains ont leurs propres programmes pour offrir des gratuités ou des tarifs spéciaux sur les abonnements ou les droits de jeu pour attirer les jeunes. On est très proactifs», assure Nadia Di Menna, présidente de la section québécoise de l’ANPTG.
Depuis plusieurs années, l’industrie tente aussi d’attirer les femmes. Le club de golf Le Versant, à Terrebonne, a par exemple formé, il y a 15 ans, une ligue amicale pour les dames. La popularité de celle-ci a tellement augmenté depuis, que le club doit aujourd’hui refuser des demandes d’adhésion. La ligue féminine du Centre de golf de Lanaudière, à L’Assomption, et la Ligue féminine du Parcours du Cerf, à Longueuil, sont d’autres initiatives similaires.
«La pérennité de l’industrie passe par les femmes, les jeunes et les joueurs intermédiaires, affirme Nadia Di Menna. La tendance au renouvèlement de la clientèle était là depuis quelques années, mais la pandémie est venue la confirmer à la grandeur du pays.»