Les cabinets d’avocats organisent des événements exclusifs aux étudiants au sein même de leurs bureaux afin de recruter leurs futurs stagiaires. (Photo: 123RF)
ÉVÉNEMENTIEL D’AFFAIRES. Il y a une vingtaine d’années, certains cabinets d’avocats organisaient des 5 à 7 sur les campus pour recruter leurs futurs stagiaires, des événements tenus au sein de la période que l’on appelle communément la « course aux stages ». Fortement populaire, cette activité sociale commanditée par l’entreprise juridique n’attirait pas seulement que des étudiants en droit… et se prolongeait bien au-delà de 19 h. Or, cette pratique a bien changé depuis.
Évolution des mœurs, cette formule n’a plus sa place aujourd’hui, signale Me Yan Besner, associé au cabinet Osler, à Montréal. En fait, l’organisation de 5 à 7 a toujours lieu. L’activité sociale qui sert à faire connaissance avec les futures recrues s’est toutefois déplacée au cœur même des entreprises juridiques, note-t-il. Du moins, c’est le cas au sein de son cabinet.
C’est ainsi que le cabinet Osler, spécialisé dans le droit des affaires, organise plusieurs événements exclusifs par année, généralement en janvier et février, afin de rencontrer les étudiants issus des universités ayant une faculté de droit. Des rendez-vous où les boissons alcoolisées sont utilisées avec beaucoup plus de modération qu’il y a 20 ans, ajoute l’avocat.
Même discours de la part de Renée-Maude Vachon, associée au cabinet Langlois Avocats, à son bureau de Québec. « Il faut tenir compte des nouvelles règles au sein de la société. Plusieurs de nos jeunes invités détiennent un permis de conduire avec restriction en matière de taux d’alcool. La dernière chose que le cabinet souhaite, c’est d’être lié à un incident malencontreux », avise l’avocate responsable des activités de recrutement.
Des activités, dit-elle, qui regroupent jusqu’à une centaine d’étudiants dans les bureaux de Québec et de Montréal du cabinet. Les étudiants des principales facultés de droit des universités Laval, Sherbrooke, Montréal, UQAM, McGill y compris Ottawa, sont invités.
Par ailleurs, les deux avocats s’entendent sur les nouvelles priorités des jeunes générations.
« Depuis une dizaine d’années, on observe chez nos recrues une forte tangente envers le bien-être physique et la santé mentale », constate Yan Besner. Par conséquent, son cabinet met davantage l’accent sur la nourriture et les consommations de type mocktail qui seront servies au cours de ses rencontres, indique-t-il.
Plus d’éducation et de socialisation
Ce n’est pas tout. Depuis quelques années, ces activités sociales de recrutement sont désormais ponctuées d’éléments éducatifs. L’activité annuelle du cabinet Langlois Avocats est ainsi assortie de présentations venant d’anciens étudiants et d’associés, en plus d’inclure de courtes conférences d’experts juridiques, explique l’avocate Renée-Maude Vachon. Idem pour les soupers, tenus dans de bons restaurants de la Vieille-Capitale et de la métropole, qui permettent de réunir les candidats sélectionnés par le cabinet, précise-t-elle.
L’avocate de Québec reconnaît que les formules traditionnelles de 5 à 7 ont diminué au sein de son cabinet au cours des dernières années. Mais le nombre d’activités sociales, incluant un volet éducatif, a, pour sa part, décuplé depuis la pandémie. « Nous avons davantage de dîners-conférences et d’autres types de formations qui allient autant le réseautage et l’apprentissage », souligne-t-elle.
En fait, renchérit Yan Besner, cette pression non écrite que pouvait ressentir un employé souhaitant de l’avancement de devoir absolument participer à des activités sociales hors des heures de bureau n’est plus au goût du jour. Cette période, dit-il, est révolue. « Avant même la pandémie, nos équipes commençaient déjà à favoriser la création de clubs de course ou la tenue de séances de spinning à l’heure du lunch pour socialiser. Une tendance qui s’est accentuée depuis trois ans », raconte Yan Besner.
Des activités auxquelles ont été ajoutées des pauses crème glacée ainsi que des dîners-conférences, qui ont lieu de une à deux fois par mois. Des événements, mentionne l’avocat Besner, qui sont présentés exclusivement en personne… pour susciter le déplacement des employés au bureau.