(Photo: 123RF)
LES CLÉS DE LA CRYPTO est une rubrique qui décode patiemment l’univers de la cryptomonnaie et ses secousses boursières, industrielles et médiatiques. François Remy se donne pour mission d’identifier les entrepreneurs prometteurs, de décoder les progrès techniques et d’anticiper les impacts industriel et sociétal de cette monnaie numérique.
(Illustration: Camille Charbonneau)
LES CLÉS DE LA CRYPTO. Au cours des dernières décennies, le numérique a transformé la vie des consommateurs. Et si, en comparaison, de larges pans du système financier semblent figés dans le passé, les technologies cryptographiques et des chaînes de blocs ont déjà permis d’importants progrès.
L’opposition technocratique exhibée entre la finance traditionnelle (TradFi) et la finance décentralisée (DeFi) brouille notre vision de l’évolution: le secteur financier classique a déjà largement exploité les développements de la cryptographie. En particulier le chiffrement pour protéger les données sensibles et renforcer l’intégrité des communications financières.
Les protocoles de sécurisation des échanges par réseau informatique tels que le SSL ou le TLS sont globalement utilisés pour protéger les données transmises sur Internet, en empêchant par exemple les accès non autorisés et les violations de données.
Des progrès techniques balisés
Des standards existent désormais, ayant pour mission de garantir que les informations financières conservées restent confidentielles et inviolables. La norme de chiffrement Advanced Encryption Standard sécurise ainsi les données dites au repos, c’est-à-dire les données sur un support de stockage qui ne sont ni en déplacement ni en attente de modification.
Servant d’épine dorsale à la fois pour le cryptage et l’intégrité des documents numériques, l’infrastructure à clé publique (PKI) a joué un rôle essentiel dans la protection des données sensibles en transit. Ce système asymétrique dans lequel une clé publique est utilisée pour le cryptage et une clé privée pour le décryptage soutient en plus l’authenticité des documents grâce aux signatures numériques.
Vérifications facilitées, confiance renforcée
Résultant directement de l’infrastructure publique citée juste avant, les signatures numériques facilitent l’immutabilité des transactions et des enregistrements numériques en fournissant un moyen sûr de vérifier l’identité des participants aux échanges. Ce processus d’identification protège non seulement contre les modifications arbitraires et/ou unilatérales mais offre en plus un moyen de non-répudiation : le signataire ne peut plus nier son action ou l’authenticité du document signé.
Ces mécanismes participent à l’inviolabilité des transactions numériques, tout comme à la vérifiabilité des utilisateurs ou émetteurs. Certifications professionnelles, validations de scores de crédit, autant de preuves fiables accessibles sur les systèmes réduisant les risques de fraude et améliorant l’efficacité des écosystèmes numériques.
S’adapter et prévoir d’autres adaptations
Il s’avère essentiel d’en prendre conscience, afin de canaliser ces progrès pour mieux les adapter aux besoins de nos sociétés mais aussi de se préparer aux prochaines avancées. Les récentes avancées dans le domaine du partage des données d’identité, telles que l’identité autonome (Self-Sovereign Identity ou SSI), permettent de mieux contrôler nos données personnelles. Or, un meilleur contrôle autorise une meilleure gestion et une meilleure utilisation.
Dopées par les développements des chaînes de blocs, des technologies telles que les preuves à connaissance nulle (zero knowledge ou ZK), qui permettent à une partie de prouver à une autre qu’une déclaration est vraie sans révéler d’autres informations que la validité de la déclaration elle-même, renforcent la protection de notre vie privée lors du partage de données.
Récupération institutionnelle?
Des concepts tels que la tokenisation, la programmabilité (on pense à la politique monétaire désinflationniste du réseau Bitcoin), l’automatisation (on pense aux contrats intelligents d’Ethereum) représentent une profonde transformation, pour ne pas dire révolution, dans la manière dont la confiance est établie.
Ces concepts permettent «des effets de réseau massifs et débloquent de nouvelles interactions dans divers secteurs, redéfinissant ainsi la dynamique des échanges numériques et économiques», concède même la très conservatrice Banque des règlements internationaux (BRI).
Ce vibrant plaidoyer que vous venez de lire en faveur des avancées cryptographiques et des technologies de registre décentralisé provient d’ailleurs d’un article de recherche de la BRI dans lequel l’institution propose le concept de «Finternet»: un Internet de la finance où de multiples écosystèmes financiers seraient interconnectés les uns aux autres, conçus pour donner du pouvoir aux particuliers et aux entreprises en les plaçant au centre de leur vie financière.
Cela ressemblerait à s’y méprendre à une OPA du système bancaire sur l’ère populaire du Web3.
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