Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

La date de la mort du bitcoin est connue

François Remy|Mis à jour le 13 juin 2024

La date de la mort du bitcoin est connue

Tout semble en effet devoir être réexpliqué à propos de Bitcoin, malgré les efforts de vulgarisation d'âmes charitables et de projets entrepreneuriaux profitables. (Photo: 123RF)

LES CLÉS DE LA CRYPTO est une rubrique qui décode patiemment l’univers de la cryptomonnaie et ses secousses boursières, industrielles et médiatiques. François Remy se donne pour mission d’identifier les entrepreneurs prometteurs, de décoder les progrès techniques et d’anticiper les impacts industriel et sociétal de cette monnaie numérique.

(Illustration: Camille Charbonneau)

LES CLÉS DE LA CRYPTO. Les données de la plus célèbre chaîne de blocs offrent les «preuves probantes» d’un prochain cataclysme. Un événement qui enverra le cours du BTC au ras des pâquerettes. Il serait d’ailleurs possible d’en prédire l’année exacte. La voici.

Non contente d’avoir prématurément acté le décès du bitcoin plus de 500 fois (on compte 476 déclarations assassines rien qu’en anglais), l’intelligentsia mondiale dispose désormais d’une prophétie mortifère datée.

Partant de la littérature scientifique selon laquelle les formations de bulles spéculatives sont inhérentes aux marchés crypto, Klaus Grobys, docteur en finance à l’université de Vaasa en Finlande, a cherché à prédire l’évolution du prix du bitcoin connu pour son explosivité. Notamment pour répondre à cette «question qui n’est pas triviale» : le BTC est-il un outil utile pour les investissements à long terme ?

Injectant dans un modèle mathématique de son cru les données quotidiennes extraites de la chaîne de blocs pendant douze ans, Klaus Grobys a été amené à explorer une hypothèse de travail sur l’espérance de vie du réseau public décentralisé. Il a ainsi intitulé son étude «est-ce que Bitcoin s’effondrera vers l’an 2140 ?», date programmée pour le minage du tout dernier BTC conformément au rythme de décroissance du protocole informatique.

Certains chercheurs avaient préalablement fait remarquer que lorsque les revenus ne couvrent plus les coûts, les mineurs de bitcoins pourraient ne plus être incités à faire des efforts pour assurer le maintien de la chaîne de blocs. Une situation où l’on peut s’attendre à assister à la chute de Bitcoin, un moment d’extrême fragilité déjà discuté par le courtier reconverti en statisticien Nassim Nicholas Taleb.

 

Une fin plus proche que prévu

Toutes nos excuses aux adeptes de maths, nous ferons ici l’économie de la méthodologie d’implémentation des logarithmes des cours du bitcoin dans le modèle dit LPPLS (pour Log Periodic Power Law Singularity) servant à prédire la survenue d’une singularité, une perturbation des conditions aux conséquences majeures pour l’actif.

Les projections de Klaus Grobys soutiennent ainsi l’arrivée d’une singularité d’ici mars 2129. Compte tenu de l’incertitude entourant la précision de l’estimation, concède l’auteur, cela reste consistant avec l’horizon 2140 pour un chamboulement dans le sillage de l’ultime bitcoin émis.

Mais le docteur en finance estime que son étude fournit «la preuve que les investisseurs qui souhaitent utiliser le bitcoin comme placement à long terme commettraient une erreur en raison de l’arrivée attendue d’une singularité dans le futur et suggérant une valeur attendue de zéro.»

De toute façon, le BTC sera entre temps déjà retombé sur le plancher des vaches selon une «autre découverte». Son modèle prédit que les cours atteindront «un minimum local d’ici la fin février 2045, coïncidant avec la singularité spontanée des actions américaines». (Car, oui, dans une autre étude, Klaus Grobys prophétise un effondrement à grande échelle ds Wall Street aux alentours de 2050).

Histoire d’enfoncer un dernier clou dans le cercueil de Bitcoin, l’auteur expose que ce scénario catastrophe dans un avenir pas si lointain conforte les analyses indiquant que la demande de la cryptomonnaie reine découle de la spéculation.

«Nos résultats semblent être contraires à l’idée selon laquelle la demande peut être motivée par les attentes concernant l’utilité future du bitcoin comme moyen d’échange», insiste Klaus Grobys.

En guise d’épilogue, ce docteur en finance de Vaasa se pose cette question rhétorique sur le fait de savoir si les marchés crypto, de la DeFi ou des NFT, présentent encore une valeur intrinsèque. Et il invite les recherches futures à explorer cette dimension plus en détail.

En attendant, le paradoxe de ce genre d’étude est qu’elle accentue par ses prédictions le coût de renoncement au Bitcoin, en stimulant certains investisseurs à se positionner sur cet actif numérique en édition (encore plus) limitée.