La destination Saint-Hyacinthe opère un retour en force
Claudine Hébert|Édition de la mi‑février 2019Ce ne sont pas moins de 80 congrès et événements de 40 nuitées et plus que la cité maskoutaine a accueillis depuis un an.
RÉUNIONS ET CONGRÈS — Une ville qui veut redevenir une destination congrès et une région qui aimerait tout simplement le devenir. Pleins feux sur la ville de Saint-Hyacinthe et la région de Lanaudière ainsi que sur une foule d’investissements et de nouveautés pour mieux planifier vos événements d’un bout à l’autre de la province.
Équipée d’un tout nouveau complexe hôtel- centre de congrès construit au coût de 65 millions de dollars, la ville de Saint-Hyacinthe n’aura eu besoin que d’une année d’activités pour reconquérir son statut de destination affaires populaire.
Ce ne sont pas moins de 80 congrès et événements de 40 nuitées et plus que la cité maskoutaine a accueillis depuis un an. Plus d’une dizaine de ces événements ont même monopolisé l’ensemble des 63 000 pieds carrés d’espaces du nouveau complexe lors de leur passage. «Toutes ces activités ont généré plus de 15 000 nuitées en 2018. C’est bien au-delà de ce que nous avions prévu. Honnêtement, nous n’espérions pas atteindre cet objectif avant la fin de cette année», exprime d’emblée Michel Douville, directeur général du Centre de congrès et de l’Hôtel Sheraton Saint-Hyacinthe. Pour 2019, déjà 80 congrès et événements de 40 nuitées et plus figurent à l’agenda du nouveau complexe. «Avec les discussions en cours, nous sommes sûrs d’atteindre la centaine d’événements lors de la présente année», ajoute le gestionnaire.
M. Douville est catégorique. L’objectif ultime de son équipe n’est rien de moins que de faire revivre à sa collectivité les belles années qu’elle a connues en tourisme d’affaires. De 2000 à 2012, la destination accueillait aisément une centaine de congrès et d’événements par année. Saint-Hyacinthe a même déjà été l’hôte de 130 congrès et événements en 2004. Ce qui avait généré plus de 33 000 nuitées en ville.
De belles années pour lesquelles M. Douville a d’ailleurs joué un rôle d’étincelle. Les plus âgés se souviendront que c’est ce visionnaire qui avait suggéré, au début des années 1980, de transformer les terrains de tennis de l’Auberge des Seigneurs (devenue par la suite l’Hôtel des Seigneurs) en espace congrès et expositions. Cette décision avait soulevé la colère des quelque 200 membres du club. En revanche, elle avait propulsé la cité maskoutaine parmi les pôles majeurs en tourisme d’affaires au Québec. Pendant plus de 30 ans, Saint-Hyacinthe a été la destination à offrir le plus vaste complexe hôtel-centre de congrès en région, au Québec.
M. Douville a également participé à l’essor de Lévis comme destination affaires. Il a dirigé le Centre de congrès et d’expositions de Lévis, ainsi que l’Hôtel Four Point by Sheraton pendant sept ans avant de se voir confier la gestion et la promotion du complexe hôtel-centre de congrès maskoutain en 2016.
Un retour très attendu
Financé sous forme de partenariat public-privé, le nouveau complexe était fort attendu par la communauté d’affaires maskoutaine. Selon André Barnabé, directeur général de Saint-Hyacinthe Technopole, la plupart des commerçants et des restaurateurs ont essuyé des pertes de revenus d’au moins 15 % par année depuis quatre ans, soit depuis la fermeture et la démolition de l’ancien complexe de l’Hôtel des Seigneurs.
Un des acteurs commerciaux qui bénéficie déjà des retombées du nouveau complexe hôtel-centre de congrès demeure les Galeries de Saint-Hyacinthe, principal voisin de l’infrastructure. Signalons que le propriétaire investisseur, qui a contribué à la construction de l’Hôtel Sheraton, Beauward immobilier inc., est celui qui détient l’espace commercial qui abrite plus de 140 boutiques et services. « Il était donc fondamental à nos yeux qu’une passerelle puisse relier la nouvelle infrastructure du congrès à notre centre commercial », fait savoir André Brochu, directeur général des Galeries de Saint-Hyacinthe.
Depuis août, la passerelle a généré près de 8 000 visiteurs de plus par mois pour les galeries. Des investissements de plus de 1 M$ sont d’ailleurs prévus pour réaménager l’ensemble des aires alimentaires d’ici l’automne, indique M. Brochu. Cet espace passera de 385 à 560 places. « Nous prévoyons que l’achalandage atteindra de 15 000 à 20 000 personnes par mois une fois les travaux terminés », soutient le gestionnaire.
Une foule d’arguments pour séduire
Outre cette passerelle, le nouveau centre de congrès dispose de nombreux autres attributs de séduction pour ramener la clientèle d’affaires en ville. « Et pour en attirer une nouvelle », ajoute M. Douville. Parmi les forces du nouveau complexe, on note la modernité et l’espace qu’offrent les nouvelles installations. La grande salle de 25 000 pieds carrés (sans colonnes svp) peut accueillir jusqu’à 2 500 convives en banquet. Elle a aussi la particularité d’offrir de multiples configurations afin de se transformer en plus petits espaces.
S’ajoute une vingtaine de salles pour des groupes de 10 à 200 personnes, qui sont réparties sur deux étages, en plus d’une carte maîtresse : une terrasse aménagée sur le toit vert du Centre de congrès, qui peut accueillir jusqu’à 500 convives en cocktail lors de la belle saison. La terrasse fait partie d’une structure qui totalise 40 000 pieds carrés. Un endroit, signale M. Douville, devenu un miniparc où clients et résidents de Saint-Hyacinthe sont invités à venir se balader pour contempler les environs.
Sur le plan du décor et de la conception, l’hôtel de 223 chambres réparties sur 16 étages se distingue par une signature chic urbaine aux allures internationales. Si ce n’était du paysage rural environnant, où se côtoient l’autoroute 20, les champs, les fermes et les Montérégiennes, le visiteur aurait aisément l’impression d’être en réunion dans une grande métropole du Nord-Est américain.
La présence de plus de 700 espaces de stationnements intérieur et extérieur, ainsi que du restaurant Zibo, vient bonifier l’offre du Centre de congrès de Saint-Hyacinthe.
La présence de plus de 700 espaces de stationnements intérieur et extérieur, du restaurant Zibo, du spa l’Éveil des sens et d’un service de navette quotidienne gratuite vient également bonifier l’offre. Ce nouveau service permet de transporter les délégués qui séjournent dans les autres hôtels maskoutains, tels Le Dauphin et le Holiday Inn Express & Suites. La navette effectue la liaison entre le complexe et le centre-ville de Saint-Hyacinthe gorgé de restaurants et de boutiques. « La navette a même été utilisée par des clients de l’hôtel qui souhaitaient se rendre au restaurant Le Coureur des bois, à Belœil, situé à une quinzaine de minutes du complexe », mentionne M. Douville. Rappelons que ce restaurant est l’une des quatre tables du pays (la seule au Québec) dont la cave à vin s’est vu décerner le Grand Award Wine Spectator.
Des stratégies pour mousser les attributs
Le nouveau complexe hôtel-centre de congrès maskoutain a aussi comme caractéristique d’abriter le bureau d’information touristique de Saint-Hyacinthe. Un service qu’on ne trouve nulle part ailleurs dans les autres centres de congrès du Québec. « La relocalisation de notre lieu d’accueil nous a permis de nous rapprocher de notre clientèle en tourisme d’affaires, qui représente 70 % de nos visiteurs annuels », indique Nancy Lambert, directrice, Tourisme et congrès à Saint-Hyacinthe Technopole.
Ce poste d’accueil, qui sert également de point de vente pour des produits du terroir, permet ainsi aux participants et aux délégués d’être informés sur les activités offertes, les restaurants et les commerces de la région. À ce sujet, Mme Lambert signale que toutes les adresses en ville, sans exception, figurent dans le catalogue des suggestions. « En 2017, nous avons pris la décision d’abolir la cotisation obligatoire pour être membre de Saint-Hyacinthe Technopole. En échange, on demande à nos établissements qui veulent faire partie de la démarche du tourisme d’affaires de nous fournir du matériel promotionnel que l’on insère dans nos brochures et vidéos ainsi que dans nos bornes interactives situées dans le hall du Centre des congrès », explique Mme Lambert.
Notoriété de la ville
Bien que la Ville de Saint-Hyacinthe se soit dotée d’une infrastructure moderne et de calibre international, l’équipe de promotion du tourisme d’affaires demeure consciente qu’il y a encore beaucoup de travail à faire. Elle doit maintenant travailler sur sa notoriété. « Notre destination ne dispose pas du même rayonnement dont profitent Montréal et Québec. Plusieurs organisations hésitent encore à nous choisir comme destination congrès parce qu’elles ont l’impression qu’elles vont débarquer en pleine zone rurale », soutient Mme Lambert.
D’où l’intérêt de créer le Cercle des ambassadeurs pour mousser la destination. Composé d’une trentaine de personnes, notamment des dirigeants d’entreprises et d’organisations qui siègent à des comités décisionnels, ce cercle créé au printemps 2017 est déjà profitable. « En 2018, neuf événements d’envergure ont été ajoutés au calendrier des activités de Saint-Hyacinthe grâce à nos ambassadeurs », indique Mme Lambert. Le congrès annuel de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec, qui a accueilli plus de 1 000 délégués (un record) en octobre dernier, ainsi que le congrès Transat Distribution Canada, qui regroupait plus de 500 délégués en septembre dernier, en sont deux exemples.
La destination peut aussi compter sur son statut de technopole agroalimentaire pour attirer du tourisme d’affaires hors frontière. Sur les quelque 12 000 emplois de la région maskoutaine, plus de 8 000 sont liés à ce secteur. Au début des années 2000, la ville de Saint-Hyacinthe accueillait d’ailleurs au moins cinq événements internationaux par année liés directement à ce secteur économique.
Enfin, même le président de la chaîne Marriott, Arne Sorenson, participe aux efforts de rayonnement de la destination. En juillet dernier, M. Sorenson a accordé une entrevue à la chaîne Bloomberg News. Impressionné par le nouvel Hôtel Sheraton, membre de sa chaîne, il a fortement insisté pour que l’interview se déroule dans le hall d’entrée de son nouveau joyau en territoire maskoutain. M. Sorenson a d’ailleurs profité de cette tribune pour mentionner que l’établissement de Saint-Hyacinthe venait d’obtenir la mention «Opening of the year» au sein du groupe Marriott en 2018.