La deuxième vague aura des effets plus limités sur l’économie
Mathieu D'Anjou|Édition de la mi‑novembre 2020La première vague de COVID-19 a entraîné un choc économique sans précédent dans la plupart des économies. (Photo: 123RF)
SIGNAUX FORTS. Les craintes d’une deuxième vague de COVID-19 se sont rapidement confirmées au début de l’automne. Malgré le maintien de certaines mesures de distanciation physique, les cas ont fortement augmenté partout dans l’hémisphère nord, forçant plusieurs gouvernements à confiner de nouveau une partie de leur économie. Étant donné la vulnérabilité de notre système de santé, le Québec a rapidement remis en place des restrictions sanitaires dès le début du mois d’octobre. Alors que tout indique que cette nouvelle période de semi-confinement devra durer encore un certain temps, il est encourageant de constater que les effets économiques paraissent pour le moment assez limités.
La première vague de COVID-19 a entraîné un choc économique sans précédent dans la plupart des économies, presque toutes les activités non essentielles ayant soudainement cessé. Ce choc a été particulièrement violent au Québec, où davantage de secteurs ont été fermés, dont la construction résidentielle. En l’espace de deux mois, le PIB de la province a ainsi reculé de 23 % et plus de 820 000 emplois ont été perdus. Le taux de chômage a alors bondi d’un creux historique de 4,5 % en février dernier à un sommet de 17 % en avril. La baisse subséquente de cas de COVID-19 et le déconfinement graduel de l’économie ont permis de récupérer rapidement une bonne partie de l’activité et des emplois, ramenant par exemple le taux de chômage québécois à 7,4 % en septembre. Grâce aux importantes mesures gouvernementales pour soutenir le revenu des ménages et à la faiblesse des taux d’intérêt, le marché résidentiel et la consommation de biens se sont montrés particulièrement vigoureux, et ce, partout en Amérique du Nord.
Étant donné la remontée importante des cas de COVID-19, il était normal de craindre un nouveau choc économique majeur. Partout sur la planète, il est toutefois rapidement apparu que les gouvernements voulaient éviter une répétition de l’expérience du printemps dernier en mettant en place des mesures beaucoup plus ciblées qui épargneraient au maximum l’activité économique. Au Québec et dans d’autres provinces canadiennes, ce sont surtout les industries de la restauration, de la culture, du divertissement et des loisirs qui ont été à nouveau frappées de plein fouet par les mesures de confinement.
Les chiffres d’emplois du mois d’octobre ont donné une première indication de l’ampleur du choc économique découlant de la deuxième vague de la pandémie. Au Québec, des pertes d’emplois importantes ont été enregistrées dans les secteurs touchés directement par les nouvelles restrictions, dont l’hébergement et la restauration, mais des embauches dans d’autres secteurs ont permis de limiter les dégâts. L’emploi au Québec a ainsi reculé de seulement 12 900 postes en octobre, entraînant une hausse de 0,3 % du taux de chômage. Pour l’ensemble du Canada, une croissance relativement vigoureuse de l’emploi et des heures travaillées a été recensée en octobre.
Ces chiffres sont rassurants. Certains secteurs connaissent actuellement des difficultés très sérieuses, mais la situation du reste de l’économie demeure généralement favorable. Contrairement au printemps dernier, on semble faire face essentiellement à un choc sectoriel important, mais avec peu d’effets négatifs sur le reste de l’économie. Il faut dire que personne ne parle cette fois-ci du début d’une dépression et que l’expérience a montré que l’activité pouvait rebondir rapidement dès que les restrictions sanitaires sont levées. De plus, d’importantes mesures gouvernementales et monétaires visant à soutenir la demande demeurent en place au Canada. Les nouvelles très encourageantes concernant le développement de vaccins contre la COVID-19 aideront aussi plusieurs entreprises à voir cette deuxième vague comme un mauvais moment à traverser avant une période plus favorable.