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La filière batterie, un moteur d’exportation d’ici 2030

Maxime Guilbault|Publié le 20 octobre 2022

La filière batterie, un moteur  d’exportation d’ici 2030

La filière batterie pour automobile semble vouloir faire du parc industriel et portuaire de Bécancour une place de choix, grâce au consortium formé de l’Américaine General Motors et de la Sud-Coréenne Posco Chemical, en plus de l’établissement de l’Allemande BASF. (Photo: courtoisie)

BLOGUE INVITÉ. On entend beaucoup parler de la filière batterie, mais qu’en est-il aujourd’hui de son impact dans l’économie?

Le secteur minier a un impact important au chapitre de l’économie québécoise, soit près de 15 000 emplois, plus de 7 milliards de dollars en contribution aux exportations et plus de 1 milliard de dollars en recettes fiscales au Québec.

Cependant, ces données n’incluent pratiquement aucune activité au chapitre des minéraux de batteries, mais les projets dans les chaînes de valeur s’activent. Plus largement, le secteur des mines et métaux représente plus de 25 % des exportations du Québec, selon l’Institut de la statistique du Québec.

Aujourd’hui, l’impact de la filière batterie n’est pas suffisamment important pour se retrouver dans les secteurs d’exportation prioritaires au Québec, mais qu’en sera-t-il à l’horizon 2030?

La croissance de la demande à l’échelle mondiale pour les batteries de véhicules électriques dépasse 20 %, et pour un des minéraux clés, le lithium, cette croissance de la demande excède celle de l’offre, et un déficit est prévu à l’horizon 2030, révèlent des analyses de PwC et de Wood Mackenzie.

Le Québec, riche en ressources de lithium, de graphite, de nickel et de cobalt, dénombre plus de 24 projets en développement avancé pour ces divers minéraux et plusieurs autres en exploration.

Le Québec peut réussir à percer dans ce secteur, car on retrouve plusieurs des facteurs clés de succès à chacune des étapes de la chaîne de valeur de la filière batterie.

 

Les grandes forces du Québec

À l’étape de l’exploitation et de la concentration, une bonne caractérisation du gisement minier, une taille et un grade de qualité du minerai, l’acceptabilité sociale du projet et la démonstration du potentiel financier sont certains des facteurs clés pour réussir à la première transformation.

Ces conditions sont rassemblées dans certains des projets de minéraux de batteries au Québec, et d’autres devront être améliorées afin de les atteindre.

À l’étape du traitement et de la transformation, acquérir une technologie éprouvée, développer et compter sur du personnel expérimenté, avoir accès à une énergie à un tarif concurrentiel, obtenir l’acceptabilité sociale du projet et lever des capitaux importants à un coût compétitif sont des étapes essentielles pour réussir à la seconde transformation.

On retrouve généralement un personnel expérimenté et un tarif énergétique concurrentiel au Québec, et la technologie est généralement disponible sur le marché.

L’acceptabilité sociale varie selon les projets, les approches et les communautés, mais l’accès à des capitaux à un coût compétitif demeure un défi avec peu de fonds investis par les grandes institutions québécoises.

À l’étape du développement des utilisations commerciales, l’industrialisation des minéraux en composantes et en produits finis requiert d’apprivoiser le contexte géopolitique et d’octroyer un soutien financier substantiel à l’industrie.

Il faut développer des compétences d’industrialisation et atteindre une taille critique, être situé à proximité géographique des clients finaux, évoluer ou créer un contexte géopolitique favorable, avoir un accès à des subventions et à des incitatifs fiscaux, et développer un avantage concurrentiel durable.

Le Québec travaille activement à mettre en place le contexte pour développer ce maillon, en attirant des projets en composantes de batteries à venir s’installer au Québec, et ce, afin de répondre à la demande grandissante des producteurs de batteries.

À l’approche de la fin de vie ou pour récupérer les rejets liés à la production, le Québec est avantageusement positionné pour recycler les batteries en fin de vie et assurer la circularité des minéraux.

Le Québec mettra à profit la R&D de procédés qui auront été développés ici, les compétences techniques, l’acceptabilité sociale et la volonté des gouvernements, l’énergie propre à un coût concurrentiel et la proximité des clients pour réaliser la circularité des minéraux afin d’intégrer ce maillon de la chaîne de valeur.

Cependant, le volume provenant du recyclage sera plus limité d’ici 2030, une grande partie de ce volume provenant des rejets de production.

 

Le potentiel réaliste pour la filière

Sur les fortes assises des différents maillons de la chaîne de valeur, un potentiel indéniable existe au Québec afin d’établir une filière très forte et importante pour l’économie du Québec.

Selon les projets avancés, on peut anticiper aux étapes de la concentration, de la transformation et du recyclage (excluant les utilisations) à l’horizon 2030.

 

  • De 8 à 11 milliards d’investissements en capital
  • De 2 500 à 3 500 emplois directs
  • De 9 à 14 milliards en contribution au PIB du Québec
  • De 300 à 600 mégawatts, consommés pour appuyer la production de ces maillons.

 

Le potentiel est encore plus important lorsqu’on considère les utilisations (composantes de batteries comme les cathodes, les anodes, les séparateurs, les cellules et d’autres éléments), mais les données sont trop fragmentées et préliminaires pour les inclure ici.

La contribution aux exportations québécoises serait ici l’équivalent au PIB, et éventuellement bonifiée si le maillon des utilisations est développé.

À cet égard, selon les scénarios retenus, la filière batterie pourrait devenir l’un des quatre premiers secteurs d’exportation au Québec, voire le premier, dans un scénario optimiste!

Pour permettre à l’industrie de se développer, il nous faut atténuer les freins à l’investissement et mitiger l’environnement d’affaires, diminuer l’intensité en capital et la durée du développement des sites, optimiser la logistique entre les sites d’opérations minières, les ports et les centres urbains, et appuyer l’essor de la filière batterie, la réutilisation et le recyclage des minéraux.

On peut y arriver, mais il faut bouger collectivement et rapidement!

 

Avec la collaboration de Philippe Pourreaux, associé et leader transaction chez PwC, secteur énergie et mines, Québec et Est du Canada