Dans la filière du lithium, la deuxième entreprise à surveiller au Québec est Nemaska Lithium. (Photo: 123RF)
INDUSTRIE MINIÈRE. Après des années mouvementées (chute des prix, restructurations, acquisitions), la filière du lithium au Québec a amorcé un nouveau départ en 2023. La relance, en mars, de la production de concentrés de lithium au complexe Lithium Amérique du Nord (LAN), à La Corne, en Abitibi-Témiscamingue, marque le coup d’envoi de cette relance.
Le complexe est la propriété de la minière Sayona, une filiale de l’australienne Sayona Mining, qui en a fait l’acquisition en 2021, avec la minière américaine Piedmont Lithium, qui détient 25 % du capital.
Sayona et Piedmont Lithium ont mis la main sur LAN au terme d’un processus judiciaire, car cette mine était sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies depuis mai 2019.
LAN était contrôlé auparavant par le manufacturier chinois de batteries CATL et Investissement Québec. Elle a déjà produit 180 000 tonnes de concentrés de lithium (un produit de première transformation) entre août 2017 et février 2019.
Vitesse de croisière à La Corne en 2024
Sayona, qui a d’autres actifs au Québec, prévoit que la production annuelle de concentré de lithium au complexe de La Corne atteindra de 85 000 à 115 000 tonnes dans la deuxième partie de 2023. Pour l’ensemble de 2024, la production annuelle grimpera à quelque 226 000 tonnes. « Nous voulons devenir un leader pour nous joindre à la chaîne de valeur de la production de batteries », explique le chef de la direction de Sayona au Québec, Guy Belleau.
Pour la deuxième transformation, Sayona voudrait produire à La Corne des carbonates de lithium à compter de 2026. Il s’agit d’un composant clé dans la fabrication de batteries lithium-ion pour les voitures électriques.
Sayona utilisera le minerai de la mine à La Corne ainsi que celui qui sera extrait à compter de 2025 à son projet Authier, situé non loin de LAN. « On fera uniquement de l’extraction à Authier, et il n’y aura pas de production de concentrés. Le minerai sera traité à nos installations à La Corne », explique Guy Belleau, en précisant que le site sera comme une carrière, sans parc à résidus miniers.
À la baie James, Sayona fonde beaucoup d’espoir dans la propriété du projet Moblan, qu’elle détient depuis 2021 en partenariat avec la Soquem (respectivement 60 % et 40 %), une filiale d’Investissement Québec.
Le 17 avril, Sayona Mining a indiqué que la ressource minérale à Moblan a augmenté, pour atteindre 49,8 millions de tonnes, soit deux fois plus que la ressource connue de la mine à La Corne (25 millions de tonnes).
Sayona aimerait y exploiter un jour une mine afin de produire du concentré de lithium. Cet intrant servirait par la suite à produire des carbonates ou des hydroxydes de lithium — qui entre aussi dans la fabrication des batteries. « On en ferait fort probablement une deuxième pour transformer ce concentré », affirme Guy Belleau. En revanche, l’entreprise ne sait pas encore où elle pourrait éventuellement la construire.
Nemaska Lithium reprend du poil de la bête
Dans la filière du lithium, la deuxième entreprise à surveiller au Québec est Nemaska Lithium.
Cette entreprise a été restructurée à plusieurs reprises, et les propriétaires sont désormais le manufacturier américain de composants de batteries Livent Corporation (50 %) et Investissement Québec (50 %).
Nemaska Lithium veut devenir un fournisseur d’hydroxyde de lithium, notamment pour le marché des batteries pour véhicules électriques. La direction ne nous a pas accordé d’entrevue, mais elle a répondu à des questions par courriels.
Nemaska Lithium possède la mine Whabouchi, à la baie James. « La fin des travaux à la mine Whabouchi est prévue au quatrième trimestre de l’année 2025, alors que le début de la production est prévu en 2026 », indique un porte-parole.
Nemaska Lithium possède aussi un terrain dans le parc industriel et portuaire de Bécancour. Elle y construira une usine d’hydroxyde de lithium, qui devrait être mise en service en 2026. « À terme, la production annuelle de Nemaska Lithium sera évaluée à 34 000 tonnes d’hydroxyde de lithium », souligne le porte-parole, en prenant soin de préciser qu’une étude de planification détaillée permettra à terme de « fournir des chiffres plus précis ».
Selon le ministère québécois des Ressources naturelles et des Forêts, trois autres sociétés ont des projets de mines de lithium au Québec. Il s’agit de l’australienne Allkem (le projet Baie-James Lithium) ainsi que des québécoises Corporation lithium éléments critiques (le projet Rose, à la baie James) et Vision Lithium (le projet Sirmac-Dike no 5, au nord-ouest de Chibougamau).