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À LA CHASSE. La tendance aux fake news a émergé ces dernières années et contamine désormais la communication des entreprises. Les messages sont bien emballés, toujours neutres ou positifs. Cette propension à ne pas vouloir annoncer les mauvaises nouvelles, combinée à l’envie de toujours vouloir bien paraître, crée un style de leadership javellisé, inodore, incolore et sans saveur : le fake leadership.
Ainsi, affirmer que «nos employés sont notre principal actif» ou que «la collaboration et le travail d’équipe font partie de nos valeurs d’entreprise fondamentales» ne sert pas une culture de communication transparente si ce n’est pas le cas. Mieux vaut un discours franc. Si la culture repose principalement sur les résultats financiers et la compétition interne, autant avoir le courage et l’honnêteté de l’assumer tout en trouvant les mots adéquats pour faire passer le message. C’est de plus la garantie d’attirer les talents qui correspondent à cet environnement.
Un dirigeant d’entreprise me confiait en pleine crise : «Soudain, on n’était plus dans les slogans et les pages web des services de RH pour dire combien les employés et leur bonheur sont importants au sein des équipes de telle ou telle société. On était dans l’action. Pas juste les mots…» C’est toujours en période de tumulte que l’on voit ressortir les meilleurs leaders, ceux qui savent mobiliser leurs troupes, resserrer les rangs derrière eux et affronter la tempête avec courage, force et empathie. Ceux qui ont un leadership humaniste.
Ce que nous vivons en ce moment permettra à ces leaders talentueux et courageux de se positionner et de prendre leur place. Sachez que, déjà, en ce moment, les meilleures entreprises, à l’affût de ces perles, entament des conversations avec ces individus pour les attirer et les recruter à court ou à moyen terme.
Le ton et l’authenticité
Comme leader, comment s’assurer de mobiliser les équipes tout en faisant face à la tempête et en prenant des décisions douloureuses ? En période tumultueuse, ce n’est pas tant le message lui-même, mais le ton et l’authenticité avec laquelle il est reçu qui feront la différence. Racontez une histoire, votre histoire, et pas «des histoires». C’est là toute la différence. On peut annoncer des mises à pied temporaires ou des fermetures de sites avec tristesse si c’est vraiment ressenti. On peut tout dire quand on le fait avec le coeur et sincérité. Tout est dans l’humanité dont le leader fait preuve.
Je relisais la communication d’un PDG annonçant des suppressions de postes à ses employés. Il relatait comment il comprenait et ressentait lui-même la détresse de perdre son emploi. Il partageait que lui aussi avait un jour perdu le sien et comment il s’était senti abandonné et inutile. Il parlait avec tout son coeur en annonçant des mises à pied temporaires. Comment il s’était senti et comment ceux qui étaient restés s’étaient aussi sentis. Le syndrome du survivant… La décision de se séparer de certains employés le rongeait, mais il faisait preuve de compassion et d’empathie tout en donnant de la perspective et sa vision du futur.
Vos employés comprennent que parfois il faut agir pour sauver l’entreprise, mais ne les prenez pas pour des idiots, et surtout, assurez-vous d’agir avec humanité, équité et justice.
Les jeunes générations tout particulièrement veulent des leaders courageux qui prennent leurs décisions en assumant leurs responsabilités pour le bien commun et la santé ou la survie de l’entreprise. Elles sont intolérantes à un discours déconnecté d’actions cohérentes et en harmonie avec le message de fond. «Dites-nous les vraies affaires sans maquillage ni apparat et prenez-nous pour des adultes responsables.» Voilà leurs attentes. Alors, en situation de crise, lorsque vient le temps de prendre des décisions difficiles, ce n’est pas le moment de les décevoir, car, une fois la crise passée, elles s’en souviendront. De quoi faire réfléchir lors de vos prochaines interventions. Warren Buffett, l’oracle capitaliste par excellence, le dit : «Je mesure mon succès par le nombre de personnes qui m’aiment.»
Je terminerai en vous suggérant ceci pour vos équipes : «Ne les faites pas juste apprécier ce que vous dites ou faites, faites-les ressentir ce que vous exprimez.» Ce ne sont pas les paroles qui restent, mais l’émotion que vous leur avez fait vivre qui compte.