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La génération Z, celle qui va tout changer!

L'économie en version corsée|Édition de la mi‑octobre 2019

La génération Z, celle qui va tout changer!

(Photo: 123RF)

CHRONIQUE. La génération Z, celle qui a aujourd’hui entre 14 et 26 ans, amorce son entrée sur le marché du travail. Mine de rien, cela va carrément bouleverser nos façons de travailler, selon une récente étude d’Academos, une firme montréalaise spécialisée dans le mentorat. C’est que les Z, contrairement à la génération de leurs parents, entendent bien travailler pour vivre, et non pas vivre pour travailler…

Quels sont les sentiments qui gagnent les Z lorsqu’ils songent au marché du travail qui les attend après leurs études ? 22 % mentionnent le «stress», 14 % l’«inquiétude» et 10 % la «confusion». Autrement dit, un jeune Québécois sur deux a des sueurs froides. Et les autres ? D’un côté, près de 25 % se disent dans le flou total à ce sujet. De l’autre, 25 % se disent «excités» à l’idée de bientôt travailler.

C’est clair, les trois quarts des jeunes Québécois s’estiment complètement désorientés par rapport à leur avenir professionnel. Comment cela se fait-il, alors que les conditions n’ont peut-être jamais été aussi favorables pour une génération à l’orée du marché du travail : un niveau d’éducation élevé, une pénurie de talents, etc. ? La réponse est pourtant évidente : ils sentent que leur personnalité ne fitte pas avec les valeurs actuelles de la plupart des entreprises, et craignent donc ne pas y trouver leur place. Explication.

Quand on demande aux 14-26 ans qui serait leur patron de rêve, ils sont 43 % à dire que ce serait celui qui leur permettrait de vraiment concilier vie professionnelle et vie personnelle. Leur principal objectif de carrière ? 48 % lancent sans hésiter «m’épanouir». Le mot qui définirait leur quotidien de rêve au travail ? 37 % répondent «bonheur».

«Ce besoin d’accomplissement et d’équilibre est caractéristique de la génération Z, explique Diane Pacom, professeure de sociologie à l’Université d’Ottawa. Les jeunes d’aujourd’hui ont entendu leurs parents se plaindre qu’ils s’ennuyaient au travail, qu’ils étaient stressés, débordés, épuisés. Ils ne veulent pas vivre la même chose. À leurs yeux, le travail est une extension de la vie, et non une parenthèse dans la vie.»

Pas étonnant, par conséquent, que l’argent soit le cadet de leurs soucis : seulement 6 % des Z y attachent de l’importance, et à peine 5 % caressent le rêve de devenir riches. Idem, l’aura du pouvoir ne les attire pas du tout : seulement 4 % d’entre eux veulent briller par leur statut social, et un ridicule 1,5 % a pour objectif de «diriger ou de gérer d’autres employés». L’exact opposé de leurs aînés.

C’est bien simple, les cinq caractéristiques prédominantes de leur prochain milieu de travail se doivent d’être, d’après eux : 1. plaisir ; 2. santé et bien-être ; 3. bonne ambiance de travail ; 4. accomplissement de soi ; 5. défis. Ce qui se résume par un mot : «stimulant». Demain matin, nos organisations vont devoir se montrer à la fois «humaines», «dynamiques» et «agréables à vivre». Tout un changement, n’est-ce pas ?

Demain est déjà là

Est-ce à dire que les employeurs actuels vont être contraints, pour survivre, de transformer leurs entreprises en «start-up flyées», où la table de ping-pong et la politique de vacances illimitées sont de mise ? Non, ça va de soi. D’ailleurs, les jeunes d’aujourd’hui rigolent doucement de ce cliché : leur bien-être au travail passe davantage par «des avantages sociaux intéressants» (congés de maladie, assurances, etc.), important pour 95 % des Z, que par «un aspect fun distinctif» (bar à bonbons, barista, etc.), important pour 59 % d’entre eux.

Alors, qu’est-ce que tout ça pourrait donner concrètement ? J’en ai eu un aperçu le jour où j’ai rencontré Nicolas Marotte, le DG d’Innocent Drinks France, à l’occasion du 2e Idéothon MTL du Club Idéo. Leader des smoothies et numéro 3 des jus de fruits en France, avec un chiffre d’affaires de 122 millions d’euros (178 millions de dollars, + 17 % en un an) en 2018, Innocent et sa centaine d’employés parisiens ne font rien comme les autres :

> La salle Chill Out. Le bureau possède une immense salle commune, meublée de grandes tables à pique-nique en bois. C’est là où tout le monde travaille, mange et se détend. Au besoin, l’un peut s’isoler dans un bureau fermé.

> Le Wall of Love. Tous les échanges avec les consommateurs sont affichés sur un babillard géant. Ce qui permet à chacun d’y dénicher des idées neuves, ou tout bonnement de se gonfler à bloc en découvrant ce flux constant d’amour.

> Le Monday Morning Meeting. Les lundis matins, les employés se réunissent dans la salle commune pour échanger des idées stimulantes. C’est ainsi qu’est né le Big Knit, cet appel aux consommateurs à tricoter une minituque pour les bouteilles installées aux rayons frais. L’hiver dernier, plus de quatre millions de minituques ont été réalisées, ce qui a permis de booster les ventes de 20 % et de reverser une partie des gains à des organismes de bienfaisance comme Les Petits Frères des pauvres.

«Nous n’avons personne à l’accueil, dit M. Marotte. Quand quelqu’un entre, le premier qui le voit s’en occupe, et commence par lui offrir un smoothie. Même chose, quand quelqu’un appelle, tous les téléphones sonnent : le premier qui décroche gère l’appel.»

Et de souligner : «Confiance, connexion et convivialité. C’est ce qui marche auprès des jeunes employés – notre moyenne d’âge est de 31 ans. C’est ce qui fait qu’on affiche un taux d’engagement de 92 %.»

Voilà donc ce à quoi vont ressembler les entreprises de demain sous la pression des Z. À commencer par la vôtre ?

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Espressonomie

Un rendez-vous hebdomadaire dans Les affaires et Lesaffaires.com, dans lequel Olivier Schmouker éclaire l’actualité économique à la lumière des grands penseurs d’hier et d’aujourd’hui, quitte à renverser quelques idées reçues.

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