(Photo: Trà My pour Unsplash)
BILLET. Ce moment tant attendu est enfin arrivé : l’annonce de la fin des restrictions sanitaires et surtout sociales. Pendant ces deux ans de solitude (qui ont semblé en durer cent !), les Québécois ont été nombreux à ajouter un nouveau compagnon à poils dans leur bulle ou tout simplement à profiter davantage de sa compagnie.
Mes collègues de la rédaction ne font pas exception. En véritables amoureux des bêtes, ils nous régalent régulièrement de photos de minous se prélassant au soleil ou de pitous endormis dans des positions cocasses. Il était donc tout naturel que nous choisissions le chat de la journaliste qui a écrit la manchette et celui du directeur artistique pour illustrer notre une. Depuis le télétravail, ces petites bêtes font partie de notre vie de bureau virtuelle, faisant régulièrement irruption dans nos réunions soit par un aboiement, soit par une soudaine envie de s’allonger sur le clavier. Avec retour au bureau, sautera-t-on le pas du virtuel au réel ? Dans certaines entreprises, la question se pose déjà.
Les animaux au bureau ne sont qu’une des nombreuses tendances avec lesquelles les gestionnaires devront composer dans les prochaines années. Moins de journées travaillées, horaire atypique, travail de l’étranger : tenez-le-vous pour dit, les demandes de flexibilité de la part de vos employés vont se multiplier.
Un rapport du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec révélait, au début février, que 59 % des professionnels de 16 à 35 ans accepteraient une baisse de salaire pour un emploi qui offrirait des semaines de quatre jours, deux mois de vacances payées après cinq ans d’ancienneté ou une banque de vacances illimitées, à condition que le travail soit fait.
Le réflexe est bien sûr de refuser toutes ces demandes à contre-courant du traditionnel 9 à 5. On imagine déjà les arguments : « Accommoder ne serait-ce qu’une personne, c’est ouvrir la boîte de Pandore ! » ou « Les absences constantes auront une trop grande incidence sur le bon fonctionnement de l’entreprise. » Ce serait une erreur.
Rappelez-vous qu’au début de la pandémie, le télétravail à temps plein aussi semblait impossible. À ce moment-là, vous n’aviez pas non plus toutes les réponses et vous vous en êtes sorti, trouvant des solutions inédites au besoin. Et puis, rien n’empêchera votre concurrent, lui, d’être plus accommodant. Dans la guerre des talents actuelle, rien ne devrait être écarté pour vous démarquer.
Certes, il faudra s’assurer que la flexibilité accordée aux uns s’arrête là où la capacité à pouvoir bien travailler des autres commence. Mais la réalité est que la politique de travail « à taille unique » est révolue, laissant place à celle du « sur-mesure ».
La situation de chaque employé étant différente, il est normal qu’ils n’accordent pas la même importance aux mêmes avantages. Il faut donc écouter individuellement leurs attentes pour mieux les satisfaire.
Nous entrons ainsi dans une nouvelle ère, celle de la « Grande Renégociation » ! Avouez que c’est quand même pas mal mieux que celle de la « Grande Démission ». Oui, le cas par cas est plus complexe à gérer, mais moins que les départs constants suivis de recrutements sans fin qui pèsent sur les épaules de gestionnaires déjà épuisés. À la place, vous pouvez fidéliser vos employés en leur offrant la possibilité de mieux concilier les différentes sphères de leur vie. Résultat : des employés plus épanouis, et donc plus investis. C’est gagnant-gagnant.
En deux ans, le monde a changé. Vos employés et votre entreprise aussi. Il est temps d’explorer de nouvelles avenues et de défricher ensemble cet inconnu qui nous attend. Aurez-vous le courage d’être en tête de file pour mener le changement ? C’est excitant. C’est terrifiant. Mais prêts, pas prêts, c’est maintenant que ça se passe.
Marine Thomas
Rédactrice en chef, Les Affaires
marine.thomas@groupecontex.ca
@marinethomas