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La métamorphose énergétique, vue par Éric Lachance d’Énergir

Karl Moore|Publié le 18 novembre 2021

La métamorphose énergétique, vue par Éric Lachance d’Énergir

«L'énergie la plus propre est celle que nous ne consommons pas», indique le PDG d'Énergir, Éric Lachance. (Photo: courtoisie)

BLOGUE INVITÉ. De plus en plus de villes à travers le monde renoncent aux combustibles fossiles et se tournent vers les énergies propres afin d’atteindre leurs objectifs climatiques. Mais comment les zones urbaines peuvent-elles jongler entre leurs besoins en électricité, et les coûts associés à l’électrification ? Selon le distributeur Énergir, la clé réside dans la diversité des ressources.

«L’énergie la plus propre est celle que nous ne consommons pas, indique son PDG, Éric Lachance. Pour parvenir à un monde écologique, il faut disposer de la bonne énergie, au bon endroit et au bon moment.»

Énergir, anciennement connu sous le nom de Gaz Métro, est un fournisseur de gaz naturel et d’électricité basé au Québec qui approvisionne la province et le Vermont. La société est impliquée dans le développement de l’énergie renouvelable, du gaz naturel liquéfié et comprimé, de l’énergie solaire, de l’éolienne et de l’hydroélectricité, et fournit près de 97 % du gaz naturel du Québec.

Éric Lachance a grandi à L’Ancienne-Lorette, une banlieue de la ville de Québec, avant de déménager à Montréal pour étudier la finance et l’économie à l’Université McGill. Il a d’abord rejoint Énergir en tant que directeur financier en 2017 avant d’être nommé PDG au début de 2020.

Il a récemment participé à la Conférence de Montréal, un événement économique annuel du Forum économique international des Amériques (IEFA), où il a abordé les défis et les opportunités du secteur de l’énergie aux niveaux international et national auprès d’autres leaders mondiaux.

«Nous avons été très proactifs en matière d’efficacité énergétique, dit-il. Au cours des 20 dernières années, nos efforts ont permis de réduire d’environ 10% l’énergie qui aurait été consommée autrement, et nous avons l’intention de [doubler ces efforts] au cours des 10 prochaines années.»

La stratégie de verdissement du distributeur concerne principalement la décarbonisation — soit le processus de réduction de la quantité d’émissions de gaz à effet de serre produites par la combustion de combustibles fossiles — et la décentralisation de la production d’énergie, indique le PDG.

«Nous recentrons nos services de sorte que nous nous concentrons moins sur les volumes, mais davantage sur la pertinence du réseau pour le système énergétique, explique-t-il. Le défi est tellement énorme. Nous allons avoir besoin d’un ensemble d’énergies que nous devrons utiliser au bon endroit, au bon moment et au bon prix si nous voulons nous assurer que tout sera inclusif et abordable.»

Éric Lachance souligne que les diverses régions ont besoin de différents types d’énergie. Par exemple, si les étés chauds du Québec permettent de produire suffisamment d’énergie solaire, les rigoureux mois d’hiver peuvent entraîner une pénurie d’ensoleillement, malgré les technologies les plus avancées.

«Au Québec, l’énergie éolienne sera une solution beaucoup plus efficace en termes d’énergie renouvelable que l’énergie solaire, non pas parce que la technologie de l’une est meilleure que celle de l’autre, mais parce qu’elle correspond davantage à l’utilisation dont nous avons besoin», nuance-t-il.

«Il faut donc absolument considérer le cycle complet de l’énergie et se munir d’un ensemble de solutions, ajoute Éric Lachance. Il y a des services pour choisir la technologie la plus appropriée en fonction du contexte, de la géographie, de la météo. C’est une question complexe.»

En juillet 2021, Énergir a annoncé un partenariat avec Hydro-Québec pour réduire les émissions de gaz à effet de serre associées au chauffage des bâtiments résidentiels, commerciaux et institutionnels grâce à une nouvelle solution biénergie combinant électricité et gaz naturel. Ce partenariat inédit entre deux importants fournisseurs d’énergie vise à recourir à de l’hydroélectricité 70% du temps, ce qui place le combustible fossile comme source d’énergie secondaire pendant les périodes d’hiver, lorsque la demande et les coûts sont plus élevés.

Ce partenariat devrait permettre de compenser 540 000 tonnes d’équivalent CO2 d’ici 2030 — une «étape évidente pour réussir la transition énergétique» dit Éric Lachance. Par rapport à l’électrification complète de ces marchés, la double énergie devrait permettre à la province d’économiser 1,5 milliard de dollars d’ici 2030, ce qui se traduira par des économies aussi bien pour les fournisseurs d’énergie que pour les consommateurs.

Des efforts comparables de diversification énergétique ont été déployés dans le monde entier. Aux États-Unis, 29 États ont instauré des stratégies exigeant qu’un certain pourcentage d’énergie provienne de sources renouvelables, et plus de 100 villes à travers le monde utilisent désormais au moins 70% d’énergie renouvelable.

En suivant le cadre établi par le groupe de travail sur les informations financières liées au climat (Task force on Climate-related Financial Disclosures), Énergir a publié son tout premier rapport sur la résilience climatique plus tôt cette année afin de communiquer ses opportunités et les défis liés au climat.

«La transparence fait partie de nos valeurs, soutient le PDG. Nous tenons à répondre au besoin de nos actionnaires de comprendre ce que nous faisons, et nous nous en servons également comme moyen de gestion de l’entreprise.»

«Le monde énergétique va se métamorphoser comme jamais auparavant dans les 20 prochaines années, continue Éric Lachance. La façon dont nous produisons l’énergie va changer, et l’impact de la technologie ne touchera pas seulement la façon dont nous fonctionnons, mais il va aussi permettre au consommateur de maîtriser la façon dont il interagit avec l’énergie.»

Alors que la demande pour tous les autres types de combustibles diminue, l’utilisation mondiale des énergies renouvelables a atteint 29 % en 2020 et devrait augmenter de plus de 8 % cette année. On peut dire que l’avenir des énergies renouvelables s’annonce lumineux.

 

Karl Moore et Stéphanie Ricci. Karl est professeur agrégé dans la Faculté de gestion Desautels de l’Université McGill. Stéphanie est étudiante en journalisme à l’Université Concordia.