Chutes Montmorency à Beauport (Photo: Jose Marroquin pour Unsplash)
INDUSTRIE DES SPORTS D’HIVER. Les Affaires: Entre le confinement et les frontières fermées, ici comme ailleurs, le tourisme a été malmené. Quelle leçon pouvons-nous tirer de la pandémie ?
Caroline Proulx : Impossible de compenser la présence de 11 millions de touristes venant de l’extérieur de la province. Néanmoins, le gouvernement du Québec a saisi toute l’importance d’utiliser cette situation inhabituelle comme levier pour faire la promotion du Québec aux Québécois. Et l’exercice a fonctionné. Les 18 derniers mois ont été une occasion en or pour faire découvrir des régions comme la Gaspésie, la Côte-Nord, le Saguenay—Lac Saint-Jean, les Îles-de-la-Madeleine, sans oublier les attractions et les activités liées à la saison hivernale. Le fruit de nos efforts a été une révélation autant pour moi que pour les Québécois eux-mêmes et pour de nombreuses entreprises touristiques qui avaient besoin de notre coup de main.
L.A. : Justement, votre ministère a mis en place des mesures totalisant plus de 1,2 milliard de dollars pour venir en aide à l’industrie touristique depuis le début de la pandémie. Parlez-nous de ces mesures.
C.P. : Dès mon entrée en poste, j’ai pris l’initiative de visiter les 22 régions touristiques de la province et de rencontrer personnellement plus de 1 000 dirigeants d’entreprises liées à ce secteur. Ces visites aux quatre coins de la province m’ont permis de bien comprendre de quoi est composé le tissu de l’industrie. Lorsque est survenue la pandémie, mon équipe et moi, en collaboration avec l’industrie, savions quelles mesures nous devions mettre de l’avant afin de préserver notre capacité d’accueil et l’attractivité de nos destinations. Parmi ces mesures, citons entre autres un accès rapide à des liquidités, assorti d’une partie « pardonnable » allant jusqu’à 40 % ainsi qu’un programme d’investissement destiné aux hôteliers.
L.A. : Y a-t-il eu également des mesures incitatives?
C.P. : En effet, nous avons élaboré des mesures pour favoriser directement le tourisme intra-Québec. Le programme Explore Québec sur la route, qui avait d’ailleurs été lancé en décembre 2019, est l’une d’elles. S’est ajoutée au cours de la pandémie la carte Bonjour Québec, qui propose, à moitié prix, un abonnement annuel dans les 23 parcs de la SEPAQ. Il y avait aussi le Passeport Attraits, dont l’enveloppe a dû être renflouée à deux reprises tellement la formule était populaire. Jusqu’à présent, ces trois mesures ont totalisé 37,7 millions de dollars en investissement.
L.A. : Plusieurs municipalités, dont Percé, Petite-Rivière-Saint-François et Petit-Saguenay, établissent de nouvelles règles pour empêcher que leurs maisons et logements deviennent des résidences de tourisme. Comment aborde-t-on ce dossier au ministère du Tourisme ?
C.P. : L’objectif au ministère du Tourisme est d’accompagner l’industrie ainsi que les municipalités pour un développement touristique harmonieux sur leur territoire. Depuis mai 2020, notre gouvernement légifère afin de mieux encadrer l’hébergement collaboratif dans les résidences principales. Une mesure qui vise les séjours de 30 jours et moins. Les propriétaires d’un condo, par exemple, doivent obtenir une permission écrite de leur syndicat de copropriété pour louer leur logis. Ils doivent également obtenir un numéro d’enregistrement auprès de la Corporation de l’industrie touristique du Québec, sans oublier de prélever les taxes. Cela dit, les municipalités peuvent, elles aussi, mettre en place des règlements pour encadrer la location des résidences principales et secondaires qui se trouvent sur leur territoire.
L.A. : Pour terminer, quel est votre sport d’hiver favori ?
C.P. : Il y a trois ans, j’ai redécouvert les plaisirs du ski de fond. Je peux me « claquer » des boucles de 20 km, 30 km, 50 km dans une journée. D’ailleurs, j’ai averti ma sœur Christiane que nous devons mettre à notre agenda cet hiver le circuit des monts Valin [au Saguenay—Lac-Saint-Jean]. Un jour, lorsque j’aurai le temps, je me promets aussi de participer à la Traversée de la Gaspésie. En attendant, les sentiers de ski de fond, situés dans Lanaudière, ma région, figurent parmi mes destinations de prédilection. Même ceux de la montagne Noire, à Saint-Donat, que je considère, de loin, comme étant les sentiers les plus difficiles sur lesquels j’ai fait glisser mes skis.