On compte 256 parcs industriels recensés au Québec par LGP sur son répertoire en ligne. (Photo: 123RF)
PARCS INDUSTRIELS. Aux quatre coins de la province, l’offre industrielle grandit. Si intégrer un parc industriel est un bon moyen pour les entreprises de stimuler leur croissance, elles gagneront néanmoins à pousser leur analyse au-delà de la seule question des coûts.
Agrandissement du parc technologique Carrefour 40-55, à Trois-Rivières ; expansion des marges du parc industriel de Val-d’Or ; développement de nouvelles infrastructures pour accompagner la croissance du parc industriel de Saint-Lambert-de-Lauzon : l’offre industrielle poursuit sa croissance. Et pour cause : la demande en terrains capables d’accueillir des bâtiments industriels, des entrepôts, des usines de fabrication demeure stable, comme l’indiquent les faibles taux de vacances.
« Il y a pénurie d’espace, et ce, depuis quelques années, confirme Caroline Gagnon, associée et vice-présidente de LGP Stratégies immobilières, une firme qui se spécialise notamment en croissance et en positionnement industriel. En ce début 2024, le taux moyen de disponibilité de terrains au Québec est toujours inférieur à 3 %. » Cette rareté a eu pour effet de faire exploser les coûts pour les entreprises — ceux des terrains, des loyers, de la construction industrielle, etc.
Cette pénurie s’explique aussi bien par l’incapacité à élargir davantage les périmètres urbains que par le resserrement des normes environnementales, comme l’approvisionnement en eau pour les activités industrielles. « Plusieurs élus municipaux font évoluer leur paradigme de prises de décision. On voit désormais des moratoires sur la vente de terrain pour de nouveaux usages industriels », raconte Geneviève Poulin, associée et présidente de LGP.
C’est le cas à Québec, où la Ville souhaite densifier les secteurs industriels existants. Sa stratégie : assouplir certaines règles d’urbanisme en vigueur de manière à permettre aux entreprises de se développer « par dedans », par exemple par des projets d’agrandissement de leurs installations. Les parcs industriels Armand-Viau et Cardinal sont parmi ceux qui sont visés par de telles modifications réglementaires, lesquelles impliquent des démarches de consultation publique.
À Montréal, le Technoparc situé dans l’arrondissement de Saint-Laurent est devenu, en décembre dernier, le premier territoire économique durable du pays en obtenant la certification ISO 14 001. Parmi les mesures entourant cette norme environnementale figurent des solutions aux défis de mobilité durable, la promotion de l’économie circulaire ainsi que la protection et la mise en valeur des milieux naturels, lit-on dans un communiqué de presse de la Ville de Montréal.
Penser autrement
Ces nouvelles réalités doivent désormais être prises en compte par les entreprises qui souhaitent peupler — ou qui peuplent déjà — les 256 parcs industriels recensés au Québec par LGP sur son répertoire en ligne. « Les parcs industriels d’aujourd’hui diffèrent de ceux d’il y a 60 ans. L’heure est aujourd’hui à la durabilité, à la mixité des usages, à la qualité de vie », explique Vincent Lecorne, directeur général de l’Association des professionnels en développement économique du Québec.
Pour les entreprises, il s’agit d’occasions, pas de contraintes ni de modes passagères, précise l’expert. « Les parcs et zones industriels n’évoluent pas en vase clos ; ils font partie intégrante de la société québécoise, nuance-t-il. C’est-à-dire qu’ils sont préoccupés par les mêmes enjeux qui frappent leurs locataires. » Pour devenir attractifs, ces derniers doivent donc offrir par exemple des solutions en matière de mobilité, de pénurie de main-d’œuvre, de manque de logements.
La démonstration d’une plus-value passe en outre par la création de synergies qui bénéficient aux entreprises présentes sur leurs terrains. De là d’ailleurs l’apparition, dans les dernières années, de zones d’innovation, comme celles de Sherbrooke et de Bromont, spécialisées respectivement en science quantique et en technologies numériques. « Cela permet de mutualiser des services et d’ainsi réaliser des économies d’échelle », explique Geneviève Poulin, citant l’exemple de l’entreposage de matériaux.
En fin de compte, les entreprises gagnent à se fier à d’autres indicateurs que ceux qui sont traditionnellement utilisés. Elles pourraient par exemple prendre en compte la part d’aménagements verts, comme des arbres, en proportion du pourcentage de surface artificialisée du parc, comme des stationnements asphaltés. Le taux devrait être au minimum de 10 %, en plus des espaces naturels, écrit Louis Grenier, partenaire principal de LGP, dans un texte publié sur le site de l’APDEQ.