La première chaire de recherche sur la chaîne de blocs inaugurée
Alain McKenna|Publié le 07 novembre 2019BLOGUE. Depuis le temps qu’on entend parler de la chaîne de blocs, des devises numériques et des contrats intelligents, on aura peut-être enfin la chance d’en voir des applications plus concrètes grâce à une initiative lancée par la start-up montréalaise Catallaxy, fondée par Louis Roy et à laquelle collabore Arthur Prats Ladous. M. Roy est aussi associé de Raymond Chabot Grant Thornton, à Montréal. Conjointement avec l’Université Concordia, ils ont officialisé aujourd’hui la Chaire de recherche industrielle en technologies blockchain Raymond Chabot Grant Thornton Catallaxy-CRSNG, la première du genre au Canada.
«L’idée est de travailler avec les chercheurs, les start-ups et le secteur universitaire pour créer cette chaîne d’innovation qui ira de la théorie pure, à la mise en application de ces théories dans des projets concrets auxquels on pourra participer», ont résumé les deux dirigeants, lors de leur passage au balado Une Tasse de Tech, jeudi midi.
«Ça ira au-delà du secteur financier ou comptable. On va peut-être se concentrer un peu plus là-dessus au début, mais la Chaire est échelonnée sur plusieurs années et a pour mandat d’aller au-delà de ce secteur», ajoute M. Prats Ladous.
Le professeur titulaire est Jeremy Clark, une sommité en la matière au pays tant qu’à l’international. Lui et son équipe d’étudiants et de chercheurs ont mis les mains à la pâte depuis des années, et sont bien au fait des tendances dans ce créneau.
Vers un dollar canadien entièrement numérique
La chaîne de blocs est une technologie fascinante qui fait rêver depuis quelques années, puisqu’elle promet de créer des plateformes transactionnelles numériques sécurisées et décentralisées, à la manière du bitcoin et de l’Ethereum. Évidemment, toute cette effervescence a généré beaucoup d’effervescence et de spéculation, surtout autour du bitcoin, mais aussi autour des projets d’appel à l’épargne via la monnaie numérique, ce qu’on appelle des ICO en anglais («initial coin offering»).
Aujourd’hui, on estime à un peu plus de 2 millions de Canadiens le nombre de gens au pays qui détiennent une forme ou une autre de monnaie numérique. Pour le meilleur et pour le pire.
Devant cet engouement, on voit le FMI, la Chine, Facebook et, plus récemment, la Banque du Canada laisse miroiter un avenir pas si éloigné où cette technologie pourrait mener à la création de nouvelles devises numériques officielles qui pourraient remplacer le bon vieux papier-monnaie. Louis Roy, un associé chez RCGT qui est impliqué de près dans à peu près tout ce qui touche ce secteur au pays, a lancé les paris. « On aura une devise numérique canadienne d’ici 3 à 5 ans », croit-il.
L’autorisation, la semaine dernière, par la Commission des valeurs mobilières de l’Ontario, de la création d’un fonds d’investissement dans le bitcoin à Toronto est un signe que la technologie fait désormais partie de la réflexion dans l’économie et la finance plus traditionnelle.
« La technologie blockchain est l’avenir, ça ne fait aucun doute », constate M. Roy, qui cite des exemples notamment du côté de l’assurance, aussi, où la chaîne de blocs est utilisée afin de créer des « contrats intelligents », des applications autorisant, certifiant et automatisant des opérations qui autrefois nécessitaient d’appeler son assureur, d’attendre en ligne le temps qu’un agent se libère, puis de patienter avant de recevoir le chèque.
Disons que c’est le jour et la nuit. Vu sous cet angle, on ne peut qu’espérer qu’une Chaire universitaire spécialisée dans ce secteur.
La fin des grandes firmes d’audit?
Une technologie de cassure peut être perçue comme une menace pour des sociétés au modèle plus traditionnel. Pas pour RCGT. « On vend de la confiance et on certifie des registres. C’est exactement ce que promet la technologie de la chaîne de blocs, alors on a cru bon s’impliquer dès le début. Ça peut être considéré comme un investissement défensif », dit Louis Roy.
Cette philosophie pourrait aussi être élargie au secteur technologique et financier canadien, puisque de nombreuses entreprises à Toronto et à Montréal se spécialisent dans la finance, ou à plus petite échelle, dans les technologies financières. La création de la chaire pourrait placer les deux métropoles canadiennes en tête de ce créneau émergent.
« On pourra au moins profiter du réseau de RCGT pour lancer des projets prometteurs à l’international. L’écosystème de blockchain à Montréal n’est peut-être pas celui de l’IA, mais il est très vivant. Certains chercheurs peuvent créer des entreprises, mais ils pourraient aussi créer de nouvelles industries. Avec la chaire, Catallaxy va travailler à attirer ce genre de chercheurs à Montréal », affirme Arthur Prats Ladous.
« N’oublions pas une chose : l’industrie n’a même pas 10 ans. C’est une industrie qui est encore jeune », ajoute-t-il. « On a la chance de devenir rapidement des experts dans le secteur. »
Suivez-moi sur Facebook:
Suivez-moi sur Twitter: