Jasmin Guénette, vice-président aux affaires nationales de la FCEI (Photo: Courtoisie)
Annoncée dans le budget fédéral, l’entente entre Ottawa et Visa ainsi que Mastercard pour réduire les frais liés aux transactions par carte de crédit a été bien accueillie par le milieu des affaires.
Le Conseil du patronat du Québec et la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) sont parmi les organisations qui ont salué cet accord.
«C’est une bonne nouvelle, même si les mesures concrètes n’ont pas encore été détaillées», affirme le président et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec, Karl Blackburn, en entrevue téléphonique.
Décarbonation de l’économie
Ce dernier s’est aussi réjoui des mesures pour favoriser la transition vers une économie verte qui prévoit des crédits d’impôts pour les entreprises qui pourraient atteindre plus de 80 milliards de dollars (G$) sur dix ans.
«C’est un plan costaud pour la transition verte, précise Karl Blackburn. C’est une réponse plus importante que ce à quoi on aurait pu s’attendre. Cela permet de faire face aux imposantes initiatives annoncées par le gouvernement américain dans ce créneau.»
La présidente-directrice générale des Manufacturiers et Exportateurs du Québec, Véronique Proulx, a également souligné la réponse d’Ottawa face à l’Inflation Reduction Act de la Maison-Blanche qui a mis sur pied des mesures à hauteur de 378G$ US, notamment dans le domaine de la transition énergétique.
«Il y a une réciprocité face aux Américains, donc c’est positif, déclare-t-elle. Les mesures ciblées pour la production de technologiques vertes et les crédits d’impôts pour l’énergie renouvelable sont bien.»
La FCEI s’est cependant dite déçue concernant la taxe carbone qui passera comme prévu de 50$ à 65$ le premier avril, une hausse de 23%.
«On reste sur notre faim au niveau de la taxe carbone, soutient Jasmin Guénette, vice-président aux affaires nationales de la FCEI. Pour les entreprises qui sont soumises à la taxe carbone, il n’y a pas de répit. Cela augmente, même si les elles font face à d’énormes pressions financières.»
De son côté, l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS) a émis des doutes sur la pertinence de ces initiatives présentées par Ottawa dans ce domaine.
«Sur le plan économique, le budget opte pour une transition menée par le secteur privé et elle se montre très généreuse à son endroit. Et sur le plan écologique, il mise naïvement sur les miracles technologiques que fait miroiter l’industrie fossile», déplore Colin Pratte, chercheur à l’IRIS, par communiqué. Cette organisation mentionne par exemple que les pétrolières pourront se prévaloir de crédits d’impôt pour du captage et de la séquestration de carbone. Selon elle, celle n’affectera pas la hausse de la production de gaz naturel et de pétrole qui devrait croître de 20% d’ici 2040. «Contrairement à l’idée reçue de ce que devrait être une transition énergétique, le budget Freeland maintient le cap sur cette trajectoire où les énergies renouvelables viennent simplement s’additionner à une industrie fossile croissante», poursuit-il.
Autres bonnes nouvelles
Parmi les choses qui lui ont plu dans ce budget présenté par la ministre des Finances Chrystia Freeland, la FCEI souligne qu’il n’y a aucun coût supplémentaire pour les employeurs pour le régime d’assurance-emploi. «Les cotisations de l’employeur vont rester stables pour les sept prochaines années, affirme Jasmin Guénette. Les petits employeurs pourront mieux gérer ces coûts.»
Il est aussi heureux du plafonnement pour un an de la taxe d’accise sur l’alcool qui n’augmentera que de 2%. «Cela a un impact sur les producteurs de vin, de bière et de spiritueux canadiens, mais également pour tout l’écosystème des restaurants et des bars.»
Trinquer pourrait permettre d’oublier certains développements plus inquiétants. Karl Blackburn du CPQ fait valoir que le déficit qui est beaucoup plus élevé que prévu et que l’abandon d’une cible pour le retour à l’équilibre budgétaire ne constitue «pas une bonne nouvelle». Il n’y a non plus aucune mesure pour élargir de manière importante le bassin de travailleurs pour endiguer la pénurie de main-d’œuvre, tandis que la FCEI remarque qu’il n’y a pas d’actions pour alléger le fardeau fiscal général des PME.
SUIVANT: les autres réactions du milieu des affaires.
Voici quelques réactions du milieu des affaires à la suite du dévoilement du budget fédéral:
Économie verte
«Avec une série de mesures fiscales pour stimuler l’investissement des entreprises, le gouvernement du Canada fait de l’économie verte une réelle priorité. Ces outils nous donnent encore plus de poids sur la scène internationale pour convaincre les investisseurs et les talents de choisir le Grand Montréal pour développer des technologies propres. Que l’on parle d’électrification des transports, de technologies agroalimentaires ou de bâtiments intelligents, notre région métropolitaine offre de nombreuses opportunités.»
– Stéphane Paquet, président-directeur général, Montréal International
«Le gouvernement fédéral vise juste en offrant une réponse ciblée à l’IRA [Loi sur la réduction de l’inflation (IRA) adoptée en août dernier par les États-Unis]. Il est fondamental que le Canada se synchronise avec ses partenaires commerciaux, notamment les États-Unis et l’Europe, afin d’assurer la compétitivité des entreprises dans un contexte de transition énergétique. Nous espérons que le gouvernement canadien s’engage dans une politique industrielle verte et concertée qui déploierait des mesures concrètes pour notre écosystème.»
– Sarah Houde, PDG de Propulsion Québec, la grappe des transports électriques et intelligents.
Transferts intergénérationnels
«Le remboursement des tarifs douaniers et la clarification des règles qui s’appliquent aux transferts intergénérationnels répondent à des demandes spécifiques de l’UPA, de la relève agricole et de nombreux groupes de productrices et de producteurs. Ces deux mesures, même s’il existe encore certaines contraintes, seront bien accueillies.»
– Martin Caron, président général de l’Union des producteurs agricoles