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La reprise entrera dans une phase moins spectaculaire

Mathieu D'Anjou|Édition de la mi‑septembre 2021

La reprise entrera dans une phase moins spectaculaire

Sources : Bureau of Economic Analysis et Desjardins, Études économiques

SIGNAUX FORTS. Les 18 derniers mois ont été tout à fait extraordinaires du point de vue économique. La première vague de la crise sanitaire a entraîné un recul sans précédent de l’activité partout sur la planète en première moitié de 2020. Grâce, entre autres, au soutien des politiques monétaires et budgétaires, la vigueur de la relance économique qui a suivi a aussi dépassé toutes les attentes. Maintenant que l’activité économique s’approche de son niveau d’avant la pandémie, ou le surpasse, il faut s’attendre à une évolution moins spectaculaire des statistiques économiques.

On peut comprendre plusieurs personnes d’être un peu découragées quant à la remontée récente des cas de ­COVID-19 dans plusieurs pays. L’espoir que la vaccination de masse permettrait de clore rapidement le triste épisode de la pandémie s’est évanoui au cours des dernières semaines, quoique l’on puisse toujours penser qu’elle permettra de limiter les pires conséquences du virus. Chose certaine, l’évolution de la situation sanitaire demeure très difficile à prévoir et pourrait encore causer une certaine volatilité dans les statistiques économiques. Pour le moment, on peut toutefois espérer que les grands confinements généralisés sont derrière nous. De plus, la plupart des secteurs ont su s’adapter à la ­COVID-19 et aux mesures sanitaires, ce qui limite les effets économiques des nouvelles vagues de cas.

Malgré les différentes vagues de ­COVID-19, la remontée rapide de l’activité s’est ainsi généralement poursuivie au cours des derniers trimestres. Le ­PIB réel américain est repassé ­au-dessus de son niveau prépandémique au courant du deuxième trimestre, s’appuyant en premier lieu sur des dépenses de consommation très robustes. Les producteurs peinent toutefois à répondre à une demande aussi forte, ce qui se traduit par d’importants retards de livraison et par des pressions haussières sur les prix de plusieurs biens. Dans plusieurs pays, l’inflation a ainsi atteint des niveaux qui n’ont pas été vus depuis au moins une décennie. Au ­Canada, les effets de la troisième vague et les difficultés temporaires de certains exportateurs ont entraîné un léger recul de l’activité au printemps, mais l’essentiel de la reprise suivant la chute de la première moitié de 2020 était déjà fait. La situation est similaire sur le marché du travail alors que, en juillet dernier, l’emploi au ­Canada était revenu à près de 99 % de son niveau observé avant la pandémie.

Les statistiques économiques risquent d’être encore volatiles pour quelques mois, reflétant entre autres l’évolution de la situation sanitaire. ­Au-delà de cette volatilité, il faut s’attendre à ce que la période de croissance spectaculaire de l’activité économique et des embauches fasse bientôt place à une évolution plus normale. Par exemple, nos dernières prévisions économiques misent sur une progression du ­PIB réel québécois de 3,2 % en 2022, après un rebond spectaculaire de 7,4 % cette année. Une telle modération de la croissance est prévue pour la plupart des économies. Il ne faudra pas s’inquiéter de ce ralentissement de la croissance économique, mais plutôt voir ­celui-ci comme un retour à une vitesse de croisière plus soutenable après une période tout à fait ­hors-norme.

 

EXPERT INVITÉ
Mathieu D’Anjou,
CFA, est économiste en chef adjoint aux Études économiques du Mouvement Desjardins.