La ville intelligente, une réponse aux changements climatiques
Le courrier des lecteurs|Édition de la mi‑janvier 2019[Photo: 123RF]
Un texte de Michel Laplante, conseiller stratégique, vice-président de la firme Gestion Lozeau Laplante
Courrier des lecteurs — Presque tout le monde s’entend pour dire que la situation environnementale n’est pas seulement préoccupante ; elle est catastrophique. Certains parlent même de la sixième extinction massive.
Outre les conséquences du réchauffement climatiques sur la planète, ses impacts socioéconomiques sont nombreux. Le plus important d’entre eux sera le déplacement des populations. On estime qu’environ 140 millions de personnes seront déplacées d’ici à 2050 dans trois régions seulement, et qu’entre 60 % et 66 % de la population mondiale habitera les villes d’ici à 2030. Selon la Banque mondiale, les migrations massives de populations causées par la hausse du climat seront particulièrement importantes, créant des points chauds (hot spots), notamment en Afrique subsaharienne (86 millions), en Asie du Sud (40 millions) et en Amérique latine (17 millions). Or, cette urbanisation mondiale créera une pression sur les gouvernements afin qu’ils trouvent des solutions adaptées qui tiennent compte de ces mouvements tout en respectant l’environnement.
Le Québec en bonne position
Une des solutions proposées à ces changements est la création de villes intelligentes. À titre d’exemple, le département de l’Énergie des États-Unis estime que 39 % des émissions de carbone proviennent des bâtiments commerciaux et résidentiels, 33 % des transports, des passagers et du fret, et que 70 % des émissions proviennent des infrastructures urbaines construites par l’humain. Généralement désignée comme étant une ville utilisant les technologies innovantes, la ville intelligente vise à optimiser la qualité des services urbains ou encore à en réduire ses coûts. Or, le Québec, grâce à son écosystème technologique, est dans une position exceptionnelle pour tirer avantage de ce mouvement mondial.
Des entrepreneurs d’ici peuvent contribuer au développement de nouvelles solutions technologiques en collaboration avec les chercheurs et les gouvernements. Ils peuvent ainsi contribuer à améliorer ou à optimiser des services, tels l’utilisation des ressources, la mobilité, les nouveaux matériaux, l’amélioration de la qualité de l’air et de l’eau, la réduction du bruit, la gestion des déchets, le développement urbain et immobilier, la réduction des coûts de gestion et l’optimisation des réseaux électriques.
Pour devenir intelligentes, les villes devront aussi miser sur le déploiement d’objets connectés et la collecte des données de masse afin de résoudre des problèmes courants. Cette information devra par la suite être sécurisée et analysée. L’intelligence artificielle contribuera de façon significative à l’optimisation de ces données, qui proviendront des objets connectés sur les réseaux. Les transactions seront sécurisées grâce aux chaînes de blocs.
Des bâtiments adaptés et intégrés
La ville intelligente n’est toutefois pas que technologique. La lutte aux changements climatiques passe également par la construction de bâtiments adaptés, intégrés dans la ville, et par une utilisation optimisée des infrastructures. En effet, les habitudes des utilisateurs, privés, commerciaux ou gouvernementaux, se répercutent sur le bilan écologique. Les élus doivent donc prendre les moyens nécessaires afin que les immeubles, de plus en plus hauts et luxueux, ne soient pas que des icônes, mais que, par leur conception et leur intégration, ils soient des vecteurs de changements de nos comportements en tant que société.
Certains projets pourraient devenir des laboratoires permettant d’expérimenter et de mesurer les impacts des infrastructures et des utilisateurs sur l’environnement tout en évaluant la rentabilité dans son aspect commercial.
De grands projets publics s’y prêtent particulièrement. C’est le cas du projet de réhabilitation du Silo 5 et de la Pointe-du Moulin, dont l’appel d’intention est attendu par plusieurs consortiums. Les gouvernements doivent favoriser l’allocation de terrains et de permis aux développeurs qui intègrent les composantes de la ville intelligente.
Vers une économie florissante et soucieuse de l’environnement
En vue d’anticiper les bouleversements à venir, les élus se doivent dès à présent de réfléchir aux éléments suivants :
> Quelles sont les conséquences du réchauffement climatique ?
> Qu’est-ce qu’une ville intelligente ?
> Est-ce une solution réaliste aux problèmes environnementaux ?
> Au-delà de l’impact environnemental positif, la ville intelligente stimulera-t-elle l’économie ?
> La communauté d’affaires et les gouvernements peuvent-ils collaborer ?
> Doit-on légiférer sur l’intégration des composantes en ville intelligente dans les projets d’infrastructure ?
> Doit-on subventionner les développements immobiliers performants ?
Des milliers d’entreprises vont naître afin de répondre à des besoins spécifiques et d’autres s’y associeront. De plus, l’expertise qui sera développée par les entreprises d’ici sera exportable et il se créera des milliers d’emplois.
La solution pour connecter les utilisateurs et les infrastructures, optimiser les services à la population, assurer une meilleure mobilité et améliorer la gouvernance se trouverait-elle dans la ville intelligente ? Il y a fort à parier que c’est le cas.
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