(Photo: 123RF)
INDUSTRIE ÉVÉNEMENTIELLE. Dix mille tonnes de gaz à effet de serre (GES) et treize mille tonnes de déchets. Telle est l’estimation du bilan environnemental annuel de l’ensemble des événements et festivals au Canada, selon Sara Courcelles, conseillère en développement durable au Réseau des femmes en environnement et au Conseil québécois des événements écoresponsables (CQEER). De quoi donner envie aux organisateurs d’événements de tendre vers une plus grande écoresponsabilité.
La tendance n’est certes pas nouvelle : la norme ISO 20121, qui vise à promouvoir le développement durable intégré à l’activité événementielle, a été élaborée lors des Jeux olympiques de Londres en 2012. Elle s’y était par exemple traduite par l’approvisionnement en produits bio et locaux, le tri des déchets et la limitation des nouvelles constructions au profit d’équipements déjà existants. « On voit toutefois vraiment beaucoup plus de personnes qui se préoccupent du sujet depuis deux ans », témoigne Joannie Bergeron, fondatrice d’Immersive Productions.
« Le problème était que le développement durable n’était pas lié aux objectifs d’affaires des organisations. Avoir une borne de recyclage n’amène pas forcément plus de monde à payer un billet », se désole Jacques Blanchet, vice-président associé de l’organisme #Meet4impact.
Les temps changent toutefois. « Même si un organisateur n’est pas préoccupé par les enjeux écologiques, il ne doit pas oublier que beaucoup de ses participants, eux, le seront », prévient Mme Courcelles. Ne pas penser à l’écoresponsabilité de ses événements, « c’est se tirer une balle dans le pied, car c’est prendre le risque de se faire critiquer sur les médias sociaux ou traditionnels », insiste Maud Lamarche, consultante en développement durable spécialisée en écoresponsabilité d’événements.
D’autant que de nombreux fournisseurs et lieux prennent aujourd’hui des mesures en ce sens, comme le Centre Phi, qui a banni les verres et bouteilles en plastique des activités qu’il a organisées en 2016, puis les pailles en 2017. Mme Courcelles cite également l’exemple de la Coupe Rogers, lauréate du Prix de l’événement sportif écoresponsable de l’année de l’Alliance canadienne du tourisme sportif en 2018. Accompagné par le CQEER, le tournoi international de tennis a ainsi mis en place un stationnement à vélos de 300 places, un service de navette gratuite et un partenariat avec la Société de transport de Montréal (STM) qui accorde aux spectateurs un aller-retour en transport en commun, entre autres mesures. En plus de la compensation des GES causés par les déplacements des différents membres de l’organisation et des joueurs, l’événement propose de la vaisselle et des ustensiles compostables, s’assure que le tri est bien effectué et remet les surplus alimentaires à des organismes de charité.
Question d’image
Attention aux fausses bonnes idées, toutefois. Certaines actions – prises souvent pour des questions d’image – peuvent se révéler contre-productives. Prenons la vaisselle compostable : en l’absence de bac à compost, cette dernière ira directement au site d’enfouissement et sera encore plus nocive que les couverts en plastique, car elle dégagera du méthane. Idem s’il n’y a pas de service de contrôle du tri.
« Le meilleur déchet, c’est celui qui n’existe pas », résume Mme Lamarche, qui conseille d’être pragmatique et transparent sur ce sujet. « Il n’y a parfois pas de solution existante à certains enjeux. Dans ces cas, mieux vaut avouer son imperfection, énoncer ses actions déjà prises et ses pistes de réflexion pour s’améliorer à l’avenir. »