(Photo: 123RF)
DÉFI START-UP. Au moment où les jeunes pousses ont le plus besoin d’eux, les organismes de l’écosystème entrepreneurial doivent eux-mêmes s’adapter pour continuer de jouer leur rôle. Un virage pris à la vitesse grand V, avec détermination et débrouillardise.
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«Au tout début, on était sonné un peu», admet Sébastien Tanguay, directeur du CAMP, l’incubateur/accélérateur d’entreprises technologiques de Québec International. L’organisme qui tient plus de 235 activités par année est habitué à un mouvement constant. À la mi-mars, du jour au lendemain, le voici obligé de fermer ses locaux et d’envoyer tout le monde en télétravail.
Dès le départ, Le CAMP s’est concentré sur l’accompagnement des entrepreneurs. Les 235 start-ups qu’il soutient ont été contactées. «Au début, c’était pour offrir un soutien moral et faire savoir qu’on restait là pour elles, puis on les a aidées à naviguer entre les programmes d’urgence des gouvernements et là on est plus dans l’appui aux pivots», explique M. Tanguay.
M. Tanguay compare l’ajustement qu’a dû faire Le CAMP à «construire son parachute après avoir sauté de l’avion». Malgré tout, une grande partie des activités a pu rapidement se poursuivre en mode virtuel. Seuls les événements de pur réseautage demeurent sur la glace. De fait, le virage a été si bien pris que Le CAMP envisage de continuer l’incubation et l’accélération à distance, même après la pandémie. «Cela nous permet d’accompagner davantage d’entreprises, sur un plus vaste territoire», souligne M. Tanguay.
Quel avenir pour le présentiel ?
Lorsqu’il a dû se résoudre à fermer ses locaux, le Centre d’entreprises et d’innovation de Montréal (CEIM) a rapidement ajouté quelques portables sécurisés à son parc informatique, afin que tous ses employés puissent passer en télétravail. Le CEIM compte une dizaine de travailleurs à temps plein et une quinzaine de conseillers externes.
«Plusieurs des entreprises que nous accompagnons évoluent dans les technologies et ont su vite s’adapter», explique Serge Bourassa, président et chef des opérations du CEIM. L’accompagnement des entreprises s’accomplit désormais en vidéoconférence, tout comme les réunions d’équipe.
M. Bourassa se demande si les travailleurs et les entrepreneurs souhaiteront revenir dans des bureaux après le confinement. La Santé publique elle-même privilégie encore le télétravail. «Mais nous, nous louons des locaux, donc ça peut devenir préoccupant si nous devons payer des frais fixes pour des espaces inoccupés.»
Un souci partagé par les entreprises de «co-working», en plein essor dans le Québec d’avant la COVID-19. Nommée directrice générale de Crew Collective au début mars, Amélie Morency y réfléchit beaucoup. Crew Collective combine un gigantesque café ouvert à tous à de vastes espaces de «co-working». Le coût du loyer est à la hauteur de la taille et de l’emplacement des lieux.
Pour générer de nouveaux revenus, Crew Collective a développé une version «pour emporter» de son café, en plus de mettre de l’avant des services de traiteurs. L’entreprise devrait prendre un virage vers les clients commerciaux, notamment en proposant davantage de bureaux fermés.
«Nous avons beaucoup d’espace, donc il est relativement facile pour nous de respecter les mesures de distanciation physique sans tout réorganiser», explique Mme Morency. Elle soutient que présentement, certains clients hésitent à renouveler leur entente, mais qu’elle reçoit aussi énormément de demandes de nouveaux clients prêts à s’installer chez Crew Collective dès la réouverture.
Un appui crucial
La pandémie a durement frappé les organismes d’accompagnement centrés sur les événements et le réseautage, comme LORI.biz. «À la mi-mars, lorsque les gens commençaient à éviter les lieux hautement fréquentés, nous avons mis nos activités en pause», confie la cofondatrice Arielle Beaudin.
L’organisme a notamment tiré un trait sur son événement phare, le Défilé réseautage, qui rassemble chaque été environ 500 personnes. De quoi donner des sueurs froides au Dr Arruda. Une soirée-conférence et réseautage en préparation en mars est aussi passée à la trappe.
LORI.biz poursuit toutefois son initiative TechnoChic, en collaboration avec le CEIM. Ce groupe réunit des entrepreneures en technologie et en innovation en vue de favoriser l’entraide entre pairs et le partage d’expériences et de connaissances. Auparavant mensuels, ces événements sont désormais hebdomadaires. «Ces rencontres se prêtent bien aux vidéoconférences, car elles ne rassemblent pas plus de 15 personnes à la fois», souligne Mme Beaudin.
L’organisme ne croit pas pouvoir tenir d’événements en personnes dans les prochains mois. Il compte repenser son modèle pour l’adapter aux nouvelles habitudes de réseautage des gens et aux mesures sanitaires en vigueur. Des rassemblements plus intimes pourraient éventuellement être privilégiés. «Les groupes d’entraide deviennent particulièrement importants présentement, car les entrepreneurs affrontent de grands défis», conclut-elle.