«Le bois a la très grande propriété de capturer le carbone et de réduire ainsi les gaz à effet de serre qui sont dommageables à l'environnement», explique Stéphane Renou, président et chef de la direction du centre de recherche spécialisé FP Innovations. (Photo: courtoisie)
ARCHITECTURE. Matériau en plein essor dans la construction de bâtiments en hauteur, le bois a de sérieux atouts à faire valoir pour prendre encore davantage d’expansion. Le bois est en effet le matériau le plus écologique qui soit en matière de construction, estiment des experts de l’industrie.
En plus de provenir d’une ressource renouvelable et abondante au Québec, son utilisation en construction laisse miroiter la possibilité de construire des villes plus vertes et contribue largement à la lutte contre les changements climatiques. «Le bois a la très grande propriété de capturer le carbone et de réduire ainsi les gaz à effet de serre qui sont dommageables à l’environnement», explique Stéphane Renou, président et chef de la direction du centre de recherche spécialisé FP Innovations, qui étudie notamment les produits de construction en bois. L’utilisation d’un mètre cube de bois permet de soutirer une tonne de CO2 de l’atmosphère, si on le substitue à d’autres matériaux.
De plus, «le procédé de fabrication du bois de construction requiert moins d’énergie que d’autres matériaux, comme le béton et l’acier, qui ont davantage de répercussions sur l’environnement», ajoute Gérald Beaulieu, directeur du Centre d’expertise sur la construction commerciale en bois (Cecobois).
Convivialité
Aussi solides que le béton ou l’acier, mais plus légers, les panneaux de bois lamellé-croisé appelés CLT sont aussi reconnus pour leur forte résistance structurale, ainsi que pour leurs performances thermiques et acoustiques supérieures, selon Cecobois. Les bois lamellé-croisé et lamellé-collé sont également «plus sécuritaires qu’on ne le croit en ce qui a trait à leur résistance au feu», fait valoir M. Beaulieu.
Enfin, le bois combine à la fois des qualités esthétiques et de confort chaleureux «qui permettent aux promoteurs de louer ou de vendre leurs espaces plus rapidement et plus chers», affirme M. Beaulieu. L’utilisation du bois en Asie est d’ailleurs très populaire «pour des questions de design et même philosophiques. On a le souci d’avoir des environnements naturels», souligne M. Renou.
Des obstacles à surmonter
Malgré ces avantages, il y a encore des embûches à l’utilisation du bois. «On tarde à prendre le virage. Il faut encore faire la démonstration que le bois est aussi efficace que l’acier ou le béton» le virage Frédéric Verreault, porte-parole de Chantiers Chibougamau et de sa société-soeur Nordic Structures.
À cet égard, il y a encore «beaucoup de travail à faire pour la formation des ingénieurs et des architectes à qui on enseigne d’abord à utiliser l’acier et le béton», déplore M. Beaulieu, dont l’organisme offre notamment des activités de formation et de soutien technique à l’intention des professionnels du bâtiment.
Même si la situation s’améliore, que l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) a intégré les structures bois dans ses programmes de génie civil depuis 2012 et que l’Université Laval offre maintenant un baccalauréat coopératif en génie du bois, plusieurs facultés de génie en sont encore à offrir des cours optionnels.
L’industrie de la construction devra aussi cesser de mettre en opposition l’acier ou le béton avec le bois. «Chaque matériau a des caractéristiques qui les rendent utiles», souligne M. Renou, en précisant qu’on verra de plus en plus de bâtiments hybrides dont la construction combine tous ces matériaux. «On n’est pas contre l’utilisation de l’acier ou du béton. Mais le bois mérite d’être davantage utilisé», renchérit M. Beaulieu.
D’autant que «même si on quadruplait le nombre de constructions en bois massif de 6, 8 ou 12 étages, ajoute M. Verreault, les industries de l’acier et du béton ne s’en rendraient même pas compte, tellement nos parts de marché sont minimes.»