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Le CELI d’Alexandre Bernier: sur les rails

Jean Décary|Édition de la mi‑mai 2023

Le CELI d’Alexandre Bernier: sur les rails

Âgée de 26 ans, ce chef de train a bien compris que les replis boursiers sont des occasions d’achats. Il souhaite accédder à une plus grande liberté financière grâce à son portefeuille. (Photo: courtoisie)

PLEINS FEUX SUR MON CELI est une rubrique où des investisseurs individuels partagent avec nous leurs bons et mauvais coups en investissement tout en soumettant leur portefeuille à l’analyse d’un pro. Pour participer, écrivez-nous à denis.lalonde@groupecontex.ca.


(Illustration: Camille Charbonneau)

 

Comme pour plusieurs choses dans sa vie, le jeune Septilien a appris de façon autonome à épargner et à investir. Son côté économe lui est venu tout naturellement. «Je suis frugal, un peu comme mes parents, qui ont un style de vie modeste.»

Dès les premiers emplois, il met machinalement de l’argent dans sa tirelire. «J’ai toujours aspiré à plus de liberté financière et je savais que j’aurais besoin d’argent pour mes études.» Celui qui ne connaissait alors que les certificats de placement garanti (CPG) explique que son intérêt pour l’investissement lui est étonnamment venu en lisant la biographie du culturiste et acteur, Arnold Schwarzenegger. «Il parlait de sa motivation à réussir et de ses achats immobiliers.»Cette lecture va l’amener à d’autres ouvrages, dont un sur le cofondateur de Couche-Tard, Alain Bouchard, écrit par Guy Gendron.

Déterminé et mieux éduqué financièrement, Alexandre Bernier ouvre son CELI en 2017. Il investit d’abord dans des FNB indiciels, mais après une petite formation avec Bourse 101, il oriente plutôt ses achats vers des titres individuels à dividende. Il tente aussi quelques coups avec des actions spéculatives, comme Champion Iron (CIA, 5,82 $) et un FNB d’Horizons qui dédouble les variations quotidiennes des titres énergétiques du TSX. «J’ai trouvé ça stressant et ça me demandait plus de temps qu’autre chose. Maintenant, j’achète de la qualité et je ne vends plus.»Il avoue qu’il songe de plus en plus à intégrer des FNB dans son portefeuille, un retour à ses achats initiaux en quelque sorte. «J’aime la diversité qu’ils offrent à peu de frais.»Le jeune investisseur dit être investi à très long terme. «Au moins pour les 30 à 50 prochaines années. L’idée est de faire travailler mes placements et d’être un jour libre financièrement.»

 

 

Dans l’oeil d’un pro

«Il est sur le bon chemin», affirme Cimon Plante, gestionnaire de portefeuille et conseiller principal en gestion de patrimoine à la Banque Nationale. Le jeune investisseur a réalisé ce qui est souvent, selon lui, le parcours classique du débutant. «Il a commencé par faire ses erreurs et puis, de spéculateur, il s’est métamorphosé en investisseur.» Il salue le temps qu’il a pu mettre (et mettra) à parfaire son éducation financière par la lecture, notamment.

Cimon Plante croit qu’il y a trois facteurs à prendre en considération en investissement: les frais de gestion, les positions du portefeuille et le tempérament de l’investisseur. «Comme il gère ses placements lui-même, il économise sur les frais de gestion. Il a aussi, semble-t-il, le tempérament pour acheter lors de replis boursiers. La question pour lui est de bien savoir définir dans quoi il veut investir.»

Le gestionnaire de portefeuille croit que le CELI est trop axé sur le Canada. «Notre marché, c’est seulement 4 % du PIB mondial.» Il est d’avis que, dans une économie mondialisée, pour trouver les grandes entreprises leaders dans différents secteurs d’activité, il faut sortir du pays. Il y a des moments, selon lui, où cela peut être avantageux d’accepter une taxe sur un faible dividende américain pour aller chercher une croissance du capital.

À propos des dividendes, il souligne qu’il faut prendre garde à la diversification sectorielle. «Le piège d’un dividende attrayant peut nous amener à investir dans des secteurs d’activité mûrs et en décroissance. Or, sur une période de dix ans, ce qui détermine le prix d’une action à 70 %, c’est la croissance du chiffre d’affaires et sa profitabilité.» Compte tenu de son âge et qu’il ne recherche pas un revenu d’appoint, il croit qu’il pourrait envisager de s’exposer à davantage de croissance. Il évoque par exemple un produit tel qu’un FNB indiciel géographique, comme celui du S&P 500, mais libellé en dollars canadiens avec une protection contre la devise. « Cela lui permettrait, entre autres, d’être exposé à des secteurs plus porteurs à long terme, comme la technologie, la consommation et les soins de santé.»

Le portfeuille d’Alexandre Bernier est trop axé sur le Canada, selon Cimon Plante de la Banque Nationale.

Compte tenu de son âge, Cimon Plante croit que son portefeuille pourrait être exposé à davantage de croissance.