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Le CELI de Jean-Simon Carrier: penser à la maison

Jean Décary|Édition de la mi‑mars 2024

Le CELI de Jean-Simon Carrier: penser à la maison

Âgé de 26 ans, le comptable mise sur les FNB et les titres individuels pour amasser une mise de fonds sur une maison. Il conseille aux investisseurs qui commencent de garder leurs placements le plus simples possibles. (Photo: courtoisie)

PLEINS FEUX SUR MON CELI est une rubrique où des investisseurs individuels partagent avec nous leurs bons et mauvais coups en investissement tout en soumettant leur portefeuille à l’analyse d’un pro. Pour participer, écrivez-nous à denis.lalonde@groupecontex.ca.


(Illustration: Camille Charbonneau)

 

Après des études en comptabilité à Québec, ce comptable dans la vingtaine était ravi de son retour dans sa région natale du Saguenay– Lac-Saint-Jean, dont il ne tarit pas d’éloges. «Le rythme ici est plus relax et le coût de la vie y est moins cher.» Une combinaison idéale pour cet investisseur motivé.

«Plus jeune, j’ai toujours eu de petits emplois, ce qui m’a permis d’épargner tôt.» Il énumère la liste de ses anciens gagne-pains:poseur de piscine, homme à tout faire… puis, il s’interrompt et souligne le rôle clé joué par ses parents. «Je ne veux pas donner l’impression que je me vante. Mes parents m’ont mis sur la bonne voie.»Il a eu beau faire sa part de sacrifices, il reconnaît que ça aide quand tu as l’appui de tes proches et aussi accès à des prêts et bourses. «Disons que j’ai eu un bon vent de dos.»

C’est lors de son premier emploi lié à son champ d’études qu’il commence à investir. «Je travaillais dans une institution financière et j’ai vu comment les investisseurs nantis procèdent:ils visent de bons placements. Ils ne cherchent pas le coup de circuit, mais simplement à aller sur les buts.» En 2017, il ouvre son CELI et investit systématiquement un montant par semaine durant deux ans.

Comme bien d’autres, il profite du hiatus pandémique pour s’initier à l’investissement autonome. «Avec mon travail à temps plein, j’ai pu mettre le pied sur l’accélérateur de l’épargne et de l’investissement.» Il a de la «poudre sèche»(des liquidités) alors que les marchés tournent au rouge. «Même si le sentiment général était plutôt négatif en Bourse, mes cours universitaires, où j’ai appris à analyser des ratios et à lire des états financiers, et mon travail m’ont donné la confiance dont j’avais besoin pour me lancer.»

S’il fait quelques petites erreurs, notamment avec les coûts de conversion de devises, l’achat de Bombardier (BBD.B, 50,05 $) et de Lightspeed (LSPD, 19,25 $), «un couteau qui tombait», le gros de ses investissements se fait dans le Portefeuille FNB d’actions Vanguard (VEQT, 39,21 $). «Sans me casser la tête, j’ai une exposition mondiale au marché des actions.» La chute des marchés lui donne l’occasion de mettre la main sur quelques titres au rabais qu’il qualifie de «conservateurs, mais avec de la croissance», des actions de la Banque Scotia (BNS, 66,65 $), d’Alimentation Couche-Tard (ATD, 83,50 $) et des certificats canadiens d’actions étrangères (CCAE) de Berkshire Hathaway (BRK.NE, 30,84 $). «Comme la cryptomonnaie est devenue une catégorie d’actifs en soi, j’ai aussi voulu y avoir une petite exposition.»

Il est conscient que sa stratégie, hybride pour l’instant, reste encore à clarifier, mais il se dit investi à long terme. «Je suis célibataire et j’ai un horizon à très long terme. La seule raison pour laquelle je me verrais piger dans mon CELI serait pour une mise de fonds afin d’acheter une maison.» Il continue son apprentissage au gré de ses lectures.

«J’aime bien les enseignements d’investisseurs comme Warren Buffett et Bill Ackman.»

 

Dans l’oeil d’un pro

«On a affaire à quelqu’un de sérieux et de dévoué, un jeune qui a compris les avantages de commencer tôt, de l’avantage fiscal du CELI et de l’importance de limiter les coûts de ses placements», constate Martin Lalonde, président et gestionnaire de portefeuille à Rivemont.

Une donnée reste à éclaircir selon lui:la future maison. Il serait un candidat parfait pour le compte d’épargne libre d’impôt pour l’achat d’une première propriété, le CELIAPP. Les droits de cotisation maximaux sont de 8000 $ par année (pour un maximum de 40 000 $) et donnent droit à une déduction fiscale. «Si la personne n’achète pas la maison à l’intérieur de 15 ans, le CELIAPP se transforme alors en REER.» Chose certaine, si l’acquisition se fait dans un avenir rapproché, le portefeuille actuel est trop risqué, selon Martin Lalonde.

Le gestionnaire aime le style coeur-satellite du CELI, qui s’articule autour d’un FNB à répartition d’actifs (VEQT) dont la pondération s’élève à près de la moitié de la valeur du portefeuille. Il s’interroge cependant sur certaines positions, dont le FNB à intérêt élevé qui représente 13 %. «Est-ce sa portion à revenu fixe ? Veut-il profiter des taux d’intérêt plus élevés ? Essaie-t-il de synchroniser les marchés, prévoir le creux pour mieux investir ensuite ? Est-ce pour une mise de fonds sur une maison ? Ce n’est pas clair.»

Il s’interroge aussi sur la stratégie globale de pondération du CELI. «Ça varie beaucoup d’un titre à l’autre et il y a beaucoup de positions en bas de 2 %, dont quelques-unes sous la barre des 1 %. Si un investisseur a fait ses recherches, cela doit se traduire dans le poids qu’il accorde aux titres dans lesquels il place son argent.» Il trouve que le CELI est très orienté vers les banques et qu’il manque de diversification sectorielle, par exemple dans les secteurs de la santé et de la technologie. Il aime sa position en cryptomonnaie, bien qu’il la juge un peu défensive. «S’il veut vraiment se mouiller, il doit considérer une pondération de 5 % pour que ça fasse bouger l’aiguille.»