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Le CELI de Marc-André Bédard: outil pour accéder à la propriété

Jean Décary|Publié le 05 novembre 2021

Le CELI de Marc-André Bédard: outil pour accéder à la propriété

«La chute boursière de 2020 a été pour moi un catalyseur incroyable. J’ai vu, dans la panique générale, des titres de qualité incroyable devenir des aubaines», dit Marc-André Bédard (Photo: courtoisie)

PLEINS FEUX SUR MON CELI est une rubrique où des investisseurs individuels partagent avec nous leurs bons et mauvais coups en investissement tout en soumettant leur portefeuille à l’analyse d’un pro.

(Illustration: Camille Charbonneau)

 

Nom : Marc-André Bédard

Âge : 28 ans

Profession : fonctionnaire fédéral

Valeur du CELI : 80 000$

Stratégie : titres individuels

Bon coup : avoir su profiter du repli de 2020

Mauvais coup : difficulté à vendre un titre et à encaisser une perte

Objectif : accroître sa valeur nette et prendre sa retraite avant 50 ans

Son conseil à l’investisseur qui commence : laissez travailler les intérêts composés

 

Ce natif de St-Jean -sur-Richelieu, diplômé d’un baccalauréat en physique et d’un MBA de l’Université de Montréal, a vite compris les avantages du CELI qui lui ont permis d’accéder tôt à la propriété. «À tout juste 21 ans, j’ai retiré mes billes afin de constituer une mise de fonds pour acheter un logement en copropriété dans l’est de Montréal.» Les multiples achats dans la brique et le mortier qui suivront vont retarder quelque peu le gonflement de son CELI. «J’utilisais les dollars accumulés pour des achats immobiliers.» Il faut dire qu’il n’investissait pas totalement en terre inconnue, car cet employé de l’État œuvre en gestion des finances pour les biens immobiliers fédéraux. Il travaille d’ailleurs sur les projets de rénovation des édifices du parlement canadien.

Depuis deux ans, ce sont ses revenus immobiliers qui l’aident à combler à vitesse grand V le retard dans ses cotisations au CELI. Le synchronisme de son retour en Bourse ne pouvait d’ailleurs être mieux programmé. «La chute boursière de 2020 a été pour moi un catalyseur incroyable. J’ai vu, dans la panique générale, des titres de qualité incroyable devenir des aubaines.» Il va accumuler des participations dans des entreprises passablement écorchées par la pandémie, comme CAE (CAE, 39,02 $), Air Canada (AC, 24,80 $) et Cascades (CAS, 14,64 $). Ses investissements vont faire mouche. Seul le titre de la montréalaise Saputo (SAP, 29,72 $), en baisse de 20% depuis le début de la crise sanitaire, n’a pas bien fait. «Les erreurs, ça arrive, mais il reste que c’est difficile psychologiquement d’encaisser une perte.»

M. Bédard s’estime chanceux d’avoir grandi dans une famille tissée serrée au sein de laquelle discuter de l’argent n’a jamais été un tabou. Même les grands-parents sont régulièrement consultés sur ces questions. «J’ai baigné dans un milieu décomplexé par rapport à l’argent.» Il a aussi pu nourrir son intérêt pour l’investissement grâce à des gens comme Bernard Mooney, Pierre-Yves McSween et Philippe Leblanc. Le journaliste Gérald Fillion est cependant celui qui a eu une plus forte influence sur lui. «Il a su me faire voir l’économie d’un point de vue plus global ; son impact sur les sociétés, notamment sur les questions de répartition de la richesse.»

S’il peut encore compter ses années d’expérience en Bourse sur les doigts de la main, ce résident de Gatineau a vite compris l’importance de commencer à épargner et investir tôt. Il évoque d’ailleurs ce proverbe chinois bien connu: «Le meilleur moment pour planter un arbre, c’était il y a 20 ans, le deuxième meilleur c’est maintenant». Il se considère aujourd’hui comme un investisseur de type valeur avec un horizon à long terme. Spéculer pour lui relève davantage de la loterie que de l’investissement. Il évite les cryptomonnaies, l’or et les nouveaux titres introduits en Bourse (IPO, Initial Public Offering). Il n’est pas non plus friand des sociétés qui font régulièrement les manchettes, comme Tesla (TSLA, 1 229,91 $US). «À la Bourse comme au baseball, il vaut mieux avoir dix coups sûrs qu’un coup de circuit et neuf retraits.» Il recherche des entreprises avec de bons bilans et aime profiter d’un fléchissement du cours avant de passer à la caisse.

Sa conjointe et lui sont de grands amateurs de plein air. Ils pratiquent la randonnée, le kayak et le canot-camping. «On dépense judicieusement, mais ça ne nous empêche pas d’en profiter au maximum sans vivre chichement.» Ils souhaitent continuer à épargner un important pourcentage de leurs revenus afin d’accéder à une retraite hâtive. «Les intérêts composés vont ensuite faire le reste.» Son objectif: avoir une valeur nette au-delà des sept chiffres avant de tirer sa révérence comme travailleur.

 

Dans l’œil du pro

Philippe Hynes, président et gestionnaire de portefeuille chez Tonus Capital, juge excellente la concentration en titres de ce CELI. «Pour ce type de portefeuille, et considérant son âge et ses années de cotisation, un éventail de 7 à 10 titres m’apparaît raisonnable. C’est une bonne approche et ça ne sert à rien de trop diversifier.» (NDLR: le plafond actuel de cotisation maximale est de 75 500 $ pour ceux et celles qui n’ont jamais cotisé et qui avaient 18 ans en 2009.)

Il divise en trois blocs ce portefeuille: les titres rebonds post-COVID d’abord, les actions plus stables, défensives et qui procurent un dividende, et, enfin, les entreprises technologiques. «Je ne sais pas si c’est bâti comme ça par hasard.» Pour le premier bloc, il juge que les titres d’Air Canada et de CAE sont peut-être trop corrélés. «Ils seront mus par les mêmes vecteurs de croissance, c’est-à-dire les voyages et le transport aérien.» M. Hynes pense que des titres comme IMAX Corporation (IMAX, 19,69 $US) et Recipe Unlimited Corporation (RECP, 20,25 $), qui possède notamment les chaînes Harvey’s et St-Hubert, pourraient profiter d’un retour à la normale et lui offrir une exposition différente.

Le deuxième bloc, peut-être plus défensif, avec des titres matures comme Cascades, Saputo et iA Groupe financier (IAG, 74,27$), profiterait de l’ajout d’un peu de croissance selon M. Hynes. «À son âge, et même s’il tient à du revenu de dividende, il pourrait se départir d’un ou deux titres (hormis Alimentation Couche-Tard (ATD.B, 49,39 $) et opter pour des actions à plus fort potentiel.»

Le gestionnaire de portefeuille de chez Tonus Capital mentionne le titre américain Comcast (CMCSA, 52,73 $US) et, au Canada, celui d’Information Services Corporation (ISV, 27,15$) qui pourraient dynamiser cette section du CELI.

Quant au troisième bloc technologique, qui comprend Meta Platforms (Facebook) (FB, 335,85 $US), Activision Blizzard (68,23 $US) et CGI (GIB.A, 112,29 $), M. Hynes se dit moins favorable à ce secteur, qui a très bien fait ces dernières années. «Mais vu son âge, c’est bien d’en détenir [des titres technos], même si je trouve que ces titres se négocient chèrement.» À Activision, il préfère le titre de Turtle Beach (HEAR, 28,54 $US), une plus petite entreprise qui se spécialise dans la création de casques d’écoute de console de jeux vidéo. De façon générale, il recommande à M. Bédard d’augmenter sa participation dans des entreprises américaines. «Je verrais facilement une répartition de 50-50.»

Si vous souhaitez vous aussi partager avec les lecteurs de Les Affaires votre stratégie d’investissement dans votre CÉLI et faire analyser votre portefeuille par un pro, écrivez-nous à denis.lalonde@groupecontex.ca

 

Le CELI de Marc-André Bédard

Titres Symboles % du portefeuille
CAE CAE.TO 21,7%
Meta Platforms (Facebook) FB 16%
Air Canada AC.TO 14%
Cascades CAS.TO 12,9%
Saputo SAP.TO 8,3%
iA Groupe financier IAG.TO 7,8%
Alimentation Couche-Tard ATD-B.TO 7,7%
Activision Blizzard ATVI 7,5%
Groupe CGI GIB-A.TO 3,6%
Espèces *** 0,4%
Total   100%