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Le CELI de Mathieu Corbeil: en construction

Jean Décary|Mis à jour le 13 juin 2024

Le CELI de Mathieu Corbeil: en construction

Âgé de 29 ans, l’ingénieur en construction mise sur un portefeuille composé de ­FNB et de titres individuels. (Photo: courtoisie)

PLEINS FEUX SUR MON CELI est une rubrique où des investisseurs individuels partagent avec nous leurs bons et mauvais coups en investissement tout en soumettant leur portefeuille à l’analyse d’un pro. Pour participer, écrivez-nous à denis.lalonde@groupecontex.ca.


(Illustration: Camille Charbonneau)

Après des études collégiales en architecture, ce Blainvillois de naissance s’est orienté en génie de la construction à l’École de technologie supérieure (ETS). «Je travaillais les étés pour payer mon école.» Ses stages terminés, il est en mesure de rembourser la totalité de ses dettes de scolarité. Sans être grippe-sou ni mener un train de vie de grand seigneur, il avoue avoir trouvé l’équilibre entre l’épargne et le plaisir. «J’ai été élevé avec l’idée que chaque dollar gagné, c’est du travail réalisé, mais je n’ai pas non plus l’intention de mourir le compte en banque garni.» De 17 à 24 ans, ses grandes dépenses auront été ses études. «Je n’étais pas celui qui faisait la file d’attente à l’arrivée du tout dernier iPhone ou qui rivalisait avec les achats des autres.»

Son diplôme en poche, il prolonge son séjour dans le nid familial pour amasser la cagnotte nécessaire à l’achat de son condo. «Pour un jeune, c’est le moment idéal, car tu peux épargner la majorité de ta paie.» En 2018, il ouvre un CELI dans lequel il dépose son pécule. Un placement sécuritaire pour son achat immobilier qu’il réalise deux ans plus tard.

Aspiré par la frénésie boursière qui sévit lors du confinement de la crise sanitaire, il tente un petit coup d’argent en investissant dans Moderna (MRNA, 109,03$US), le fabricant de vaccins. «Je l’ai vendu peu de temps après environ au même prix.» Cette première expérience le refroidit et lui fait réaliser qu’il a mis la charrue avant les bœufs. Il ferme son compte. «J’aurais dû m’éduquer financièrement au préalable. Je traînais cette idée, assez partagée dans mon entourage, que l’investissement en Bourse, c’était comme un casino, risqué et dangereux.»

Le livre de Nicolas Bérubé, De zéro à millionnaire, l’aide à démystifier le tout et le met sur la piste des fonds négociés en Bourse (FNB). «Je me suis mis à lire davantage et à me faire une tête sur ce qu’était vraiment l’investissement.»Plus en confiance, mieux informé, il s’ouvre un nouveau CELI dans un compte de courtage. Ça ne l’empêche pas de faire chou blanc avec un achat à 12$ de Lion Électrique (LEV, 1,95$). «Je me suis alors dit que je devrais me concentrer sur ce que je connaissais.» Il achète alors des actions de Caterpillar (CAT, 357,46$US), une entreprise bien connue dans le secteur de la construction.

Il ajoute ensuite à son portefeuille trois FNB, dont un qui réplique le rendement de l’indice phare de la Bourse américaine, le S&P 500. «À peu de frais, tu es bien diversifié.» Il conserve environ un tiers de son portefeuille dans un certificat de placement garanti à 4,65% de rendement qui vient en échéance en juin prochain. «Ma lecture de l’environnement économique (hausse des taux, crise boursière potentielle, etc.) m’a incité à me garder des liquidités, au cas où.»

Son CELI est pour le long terme. «Je veux me donner une plus grande liberté financière, la possibilité d’un jour alléger mes semaines ou même de quitter mon travail, si je ne suis plus heureux.»

Dans l’œil d’un pro

Planificateur financier et gestionnaire de portefeuille au groupe Onyx, IA Gestion privée de patrimoine, Simon Houle salue la maturité de l’investisseur. «Il a su reconnaître qu’il devait s’éduquer avant d’investir et il l’a fait.» Il signale au passage qu’il n’est pas le seul Québécois à avoir écopé avec le titre de Lion Électrique. Le thème des véhicules électriques était très populaire au moment de l’émission de leurs actions. Selon lui, plusieurs investisseurs ont cédé au biais de familiarité. «On fait davantage confiance à ce qui nous est familier ou proche. Or, en plus d’être une entreprise québécoise, le titre était très en vue dans les médias.»

Le gestionnaire croit déceler une démarche cœur-satellite dans le portefeuille. «L’approche consiste, normalement, à investir le cœur du portefeuille dans des fonds négociés en Bourse (FNB) indiciels passifs à faible coût. Ensuite, on y ajoute des positions satellites de titres individuels choisis soigneusement dans le but d’améliorer le rendement. Ça peut être une bonne stratégie si elle bien appliquée.»Il remarque que son exposition aux indices à l’extérieur de l’Amérique du Nord est très faible. «Il pourrait ajouter un FNB indiciel qui suit le rendement du MSCI EAFE (Europe, Australie, Asie et Extrême-Orient), comme le iShares Core MSCI EAFE IMI Index (XEF, 37,29$) de BlackRock, par exemple.»

Simon Houle souligne l’importance de faire la maintenance de son portefeuille et de rééquilibrer au besoin. «Pour sauver du temps et ajouter de la diversification, il pourrait aussi utiliser un portefeuille FNB de répartition d’actifs. Ils sont bien diversifiés auprès de plusieurs indices et sont rééquilibrés automatiquement.»Il en suggère deux offerts par Vanguard, soit le portefeuille FNB d’actions (VEQT, 39,86$) et le portefeuille FNB de croissance (VGRO, 33,89 $). «C’est selon le profil désiré.»

Concernant le 30% investi dans un certificat de placement garanti (CPG), le gestionnaire de portefeuille aurait plutôt opté pour un compte d’épargne à intérêt élevé. «C’est plus liquide que le CPG, ce qui permet d’être prêt rapidement si une occasion se présente sur le marché.» Le taux est variable. C’est un produit qui se négocie comme un fonds commun de placement. Avec les taux actuels, on peut avoir plus de 4,50%. «Pour la différence de taux (CPG de 4,65%), je préfère quelque chose de plus liquide», dit-il.