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Le CELI de Sébastien Paquet: pour ralentir le rythme

Jean Décary|Édition de la mi‑Décembre 2023

Le CELI de Sébastien Paquet: pour ralentir le rythme

Âgé de 49 ans, ce professionnel en urbanisme est fier d’avoir misé sur les FNB. Il vise à faire fructifier son capital en vue de la retraite. (Photo: courtoisie)

PLEINS FEUX SUR MON CELI est une rubrique où des investisseurs individuels partagent avec nous leurs bons et mauvais coups en investissement tout en soumettant leur portefeuille à l’analyse d’un pro. Pour participer, écrivez-nous à denis.lalonde@groupecontex.ca.


(Illustration: Camille Charbonneau)

« Je viens d’une famille économe; ma mère tenait les cordons de la bourse et optimisait chaque dollar gagné. Ç’a donc été naturel pour moi de copier ce modèle », explique Sébastien Paquet, quadragénaire et professionnel en urbanisme à Québec. En grandissant, malgré les taquineries d’amis, il a vite compris les bienfaits de ces petits sacrifices qui lui permettraient, en temps et lieu, de profiter de la cagnotte accumulée. « J’avais établi quelques habitudes, une certaine discipline dans l’épargne : j’espaçais mes sorties dans les bars, je préférais acheter des vélos ou des voitures usagés, ce genre de gestes. »

Jeune adulte, il est déjà en mesure d’apprécier la latitude que lui procure son petit coussin financier. « L’argent t’ouvre des horizons, te donne des options. J’ai rapidement pu concrétiser des projets, comme celui d’acheter mon condo et de partir voyager dans le monde, notamment en Chine. » Il avoue qu’aujourd’hui, il a trouvé un meilleur équilibre entre son côté économe et celui, disons, plus permissif. « Aujourd’hui, je me gâte davantage. »

Les produits financiers de son institution financière, tels que les fonds communs, composent initialement son univers de placement. « J’avais quelques notions de base, mais je souhaitais apprendre davantage. » Il se met à visionner des tutoriels sur le courtage en ligne, regarde les capsules de JosFinance sur YouTube et écoute les balados « Le Planif », de Fabien Major, planificateur financier et auteur. ll déplore, par ailleurs, ne pas avoir pu trouver plus tôt des gens dans son entourage avec qui il aurait pu parler d’investissement. « On dirait que l’argent reste un peu le dernier des tabous au Québec. »

La pause pandémique va lui donner l’occasion de se faire la main et de réaliser de façon autonome ses premiers achats. Il va d’abord acquérir quelques titres individuels de la Banque Royale (RY, 122,94 $) et de Couche-Tard (ATD, 76,93 $). Il fait justement sa première gaffe avec l’entreprise de dépanneurs et de stations-service de Laval. « Le titre a bien fait et je l’ai vendu pour empocher les bénéfices. Erreur, j’avais cédé aux émotions, pensant que le rebond serait temporaire. J’en ai finalement racheté et je me suis promis de ne plus jamais tenter de synchroniser les marchés. »

Il a opté par la suite pour une stratégie hybride qui s’articule autour de titres individuels et de fonds négociés en Bourse (FNB). Il précise que les FNB à gestion passive formeront la majorité de ses positions. Il aime leur flexibilité et leur potentiel qui permettent de toucher à divers secteurs d’activités et de types d’entreprises. « J’aime notamment les titres de petite capitalisation, car je considère les petites entreprises plus flexibles et plus aptes à faire face aux changements d’un monde en constante mouvance. » Il aimerait que son CELI lui procure un revenu d’appoint qui lui permette un jour de pouvoir lever le pied sur le plan professionnel.

Dans l’œil d’un pro

Vincent Fournier, gestionnaire de portefeuille à Claret, félicite le candidat pour ses bonnes habitudes d’épargne qui lui permettent aujourd’hui d’être un peu plus zen sur le plan financier. Il rappelle une vérité de La Palice, à savoir que commencer à épargner et à investir tôt est certainement l’une des règles les plus importantes en investissement. « On l’oublie, mais c’est une chose sur laquelle on devrait insister davantage. N’est-ce pas Einstein qui avait dit des intérêts composés qu’ils étaient la huitième merveille du monde? »

S’il juge que le portefeuille n’est pas optimal à tous les points de vue, il reconnaît qu’il est plutôt fonctionnel dans sa forme actuelle. « Il y a un bel assemblage d’actions et de FNB. C’est l’un des beaux CELI que j’ai vus dans le cadre de la rubrique. » Il estime que la proportion d’actions individuelles canadiennes aurait pu être plus élevée. « Ses dépenses futures risquent de se faire au Canada et il n’aura pas à payer une retenue à la source, comme c’est le cas pour des titres américains. »

Il est d’avis qu’il est plus difficile d’ajouter de la valeur du côté de la Bourse américaine avec une stratégie active, car le marché y est beaucoup plus efficient. « Alors que le marché canadien l’est beaucoup moins — ou pas. » (NDLR: Le Prix Nobel d’économie, Eugene Fama, expliquait grosso modo qu’un marché est jugé efficient si le prix d’un actif est conforme à sa valeur fondamentale, en se fondant sur toute l’information disponible le concernant.) 

Selon Vincent Fournier, l’un des avantages de la gestion indicielle est les faibles coûts des nombreux FNB. Pour son FNB de titres de petite capitalisation, le gestionnaire lui recommande de choisir le produit qui a les plus bas frais de gestion. « À vue de nez, un produit similaire, le FNB Vanguard Small Cap Index Fund (VB), possède un ratio total de frais de gestion de 0,05 %, comparativement à 0,39 % pour le FNB d’Invesco. C’est peut-être marginal, mais il s’agit d’optimisation. À 48% du portefeuille, la pondération m’apparaît aussi quelque peu excessive. » Il voit quelques dédoublements ici et là et, dans une optique de simplification, il suggérerait au candidat de s’en tenir à une gestion indicielle composée d’environ trois FNB avec, par exemple, une exposition au marché canadien, une aux États-Unis par le S&P 500 qui serait équipondérée et une d’entreprises de petite capitalisation. « Ça va lui enlever la tentation de vouloir spéculer. »